Maria Arena (UE): «Il est important qu’on comprenne le mieux possible ce qui se passe en Tunisie»
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C’est la deuxième visite en l’espace de cinq semaines à peine. Quatre parlementaires européens se rendent à partir de ce lundi à Tunis pour une mission de trois jours. Le mois dernier, quatre eurodéputés avaient déjà fait le déplacement pour se rendre compte de l’évolution de la situation politique dans le pays. Ils avaient alors appelé à l’ouverture d’un débat véritablement inclusif avant la tenue des législatives de décembre prochain. Déjà en octobre dernier, les parlementaires européens avaient appelé « le président tunisien à rétablir les travaux de l’Assemblée des représentants du peuple et à garantir l’état de droit ». Cette fois, les députés veulent faire un point sur la situation en matière de droits de l’homme mais aussi de gouvernance alors que le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet dernier. Cette mission sera menée par Maria Arena, la présidente de la sous-commission Droits de l’homme du Parlement européen.

RFI : Qu’attendez-vous de ce déplacement en Tunisie ?
Maria Arena : Vous savez que l’Europe a une relation privilégiée avec la Tunisie dans le cadre d’accords bilatéraux, mais aussi dans le cadre du partenariat Sud de l’Union européenne avec le pourtour Méditerranée dont la Tunisie fait partie. En tant que parlementaires européens, nous avons le devoir d’évaluer ces politiques européennes à l’égard de ses partenaires. Et la Tunisie, dans son contexte actuel, est vraiment importante pour nous et donc il est important que l’on comprenne le mieux possible ce qui est en train de se passer en Tunisie. Et c’est dans cet objectif, d’une plus grande compréhension, que nous organisons cette mission plus orientée bien entendu sur les questions droits de l’homme et gouvernance en Tunisie.
Il y a une inquiétude d’une certaine dérive du pouvoir, une dérive autoritaire du pouvoir en Tunisie aujourd’hui ?
Alors vous savez aujourd’hui, la relation de l’Union européenne avec la Tunisie et le pourtour méditerranéen met en avant la question de la démocratie, de la gouvernance et des droits de l’Homme. Ce qu’on voit aujourd’hui en Tunisie, c’est qu’il y a une concentration du pouvoir qui a été décidé par monsieur Saïed avec l’annulation du Parlement, la dissolution du Parlement, la dissolution de la Céni. Et donc il y a là, aujourd’hui, des décisions qui sont prisent par le pouvoir, qui contreviennent à cette question de gouvernance démocratique du pays, et donc il est important pour nous de rencontrer à la fois les autorités, mais aussi la société civile, les partis politiques, les syndicats, pour comprendre au mieux l’état d’esprit de la société tunisienne. Parce que la Tunisie appartient aux Tunisiens bien entendu, il ne nous appartient pas à nous de juger ce qu’il se passe en Tunisie, mais il nous appartient à nous de savoir quel est le partenariat que nous devons établir avec ce pays.
Quel sera votre programme sur place ? J’imagine que vous avez prévu de rencontrer à la fois des partis d’opposition et aussi, sans doute, des représentants de la société civile.
Oui bien sûr. Donc pour nous, comme je le disais, il est important d’avoir une compréhension la plus fine, la plus large et la plus balancée de la situation aujourd’hui en Tunisie, et donc nous allons avoir trois thématiques importantes. La première rencontre avec des sociétés civiles qui travaillent par exemple sur la question du droit des femmes, sur la question de la liberté d’expression, la liberté d’association dans le pays. Donc une première table ronde avec la société civile. Nous allons aussi travailler avec les syndicats et les organisations partenaires sociaux pour la question droits sociaux en Tunisie, ce qui me semble important dans ce contexte actuel de crise économique que vit la Tunisie. Et aussi une troisième table ronde, une troisième thématique, avec les académiques. Alors cela bien entendu sera complété avec une partie plus politique et nous espérons pouvoir rencontrer les autorités tunisiennes, mais aussi les partis de l’opposition.
Les autorités ont aujourd'hui-hui répondu à votre demande d’entrevue ou ce n’est pas encore le cas ?
Aujourd’hui, on sait que les autorités sont frileuses parce qu’elles sont dans un agenda de préparation du referendum, donc il y a une question de disponibilité, mais il nous semble important que cette rencontre avec les autorités se fasse, pour que nous ayons vraiment une connaissance, une compréhension de ce qui est en train de se passer, de leur point de vue au niveau tunisien.
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