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Adama Coulibaly (ministre ivoirien de l’Économie): «Nous avons pris des mesures de plafonnement des prix»

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La Côte d'Ivoire devrait connaître une croissance de 6% cette année selon le Fonds monétaire international, mais le pays n'est pas préservé des chocs mondiaux, et notamment de la crise ukrainienne qui entraîne une inflation forte sur les denrées alimentaires. Adama Coulibaly, le ministre ivoirien de l'Économie et des Finances entend pourtant maintenir encore quelque temps les mesures de plafonnement des prix des denrées. Il revient aussi sur les conséquences de la crise malienne. 

Adama Coulibaly, ministre ivoirien de l'Economie et des finances.
Adama Coulibaly, ministre ivoirien de l'Economie et des finances. © finances.gouv.ci
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RFI : La Côte d’Ivoire comme tous les pays de la planète a été impactée par la guerre en Ukraine et la poussée inflationniste mondiale. Est-ce que votre pays a pu surmonter cette crise et si oui à quel prix ?  

Adama Coulibaly : Écoutez, on n’a pas encore vu toutes les implications de cette crise puisque la crise continue. Nous percevons les impacts de cette crise là à trois niveaux : une augmentation des prix des produits alimentaires ; sur l’énergie également, on sent une augmentation ; et on sent, troisième élément, que en fait les coûts de financement, en tout cas avec la hausse des taux d’intérêt sur les marchés internationaux, nous constatons également que le coût de financement de nos économies augmente. Voilà les trois niveaux. 

Est-ce que vous allez prolonger les mesures de contrôle des prix par exemple ? 

Nous avons pris les mesures de plafonnement des prix. On parle du riz, de l’huile, du lait, du sucre, on parle également du beurre, de la tomate et ainsi de suite. Donc ces produits de grande consommation dont les prix ont été plafonnés. Les mesures de plafonnement, je dois dire que c’est temporaire. C’est une mesure qui a été prise pour trois mois et qui sera probablement renouvelée. Et pour ce qui est du pain, je dois vous le dire, nous sommes en train de développer une politique de substitution, en fait, du blé par certaines farines locales.  

Est-ce que vous pouvez garantir aujourd’hui que l’approvisionnement de la Côte d’Ivoire est assuré ? Et si oui, dans quel pays achetez-vous aujourd’hui vos céréales ? 

Le blé, nous dépendons de l’Ukraine, 20% de nos importations de blé proviennent d’Ukraine et au niveau de l’engrais, 26% de nos importations proviennent de Russie. Donc, nous essayons de gérer cela. Ça veut dire que ces 20%, si on ne les a pas on les trouve par ailleurs en augmentant le volume de blé importé d’autres pays. 

Vous l’avez dit, le prix du blé a augmenté, le gouvernement plafonne les prix, subventionne les meuniers. Tout cela a un coût budgétaire. Est-ce que vous avez déjà chiffré ce coût budgétaire ? Est-ce que vous avez trouvé des solutions justement pour financer durant plusieurs mois encore ces subventions et ces plafonnements 

En termes de pertes de recettes, nous avons environ 400 milliards de pertes de recettes sur la question. En termes de dépenses de soutien pour les différentes structures y compris la filière agricole, nous sommes aujourd’hui à près de 200 milliards de francs CFA de dépenses. Bien sûr, tout cela a un coût budgétaire et nous travaillons à financer cela à travers une augmentation temporaire du déficit budgétaire.  

Est-ce que vous allez recourir aux marchés financiers pour financer ce déficit budgétaire 

Écoutez, nous avons regardé les différentes options. Nous savons que sur le marché international aujourd’hui les taux sont élevés. Donc pour l’instant, nous travaillons à nous financer sur le marché régional qui a des conditions de financement qui sont aujourd’hui meilleures. Nous espérons que les marchés internationaux vont avoir des conditions meilleures très prochainement. Si c’est le cas, il n’y a pas de raison que l’on ne puisse pas y aller. 

Monsieur le ministre, je voulais vous poser une question sur le Mali, votre grand voisin qui est dans une situation très difficile. Comment vous voyez cette évolution de la situation au Mali 

Ce que je peux simplement, c’est de souhaiter que, disons, les autorités maliennes et la Cédéao arrivent à un accord rapide de manière à ce que les sanctions puissent être levées et pour permettre à l’économie malienne de retrouver son dynamisme. 

Vous ne craigniez pas un afflux migratoire des Maliens vers la Côte d’Ivoire, qui viendrait faire peser sur vos services sociaux, sur votre économie, le poids finalement de cette crise 

La Côte d’Ivoire est un pays ouvert. La Côte d'Ivoire, pays leader de la sous-région, nous accueillerons tous ceux qui viendront en Côte d’Ivoire. Mais vous l’avez dit, ça va entrainer une pression sur nos services sociaux. La Côte d’Ivoire a un devoir d’assistance aux autres pays et nous assumerons totalement ce rôle de leader. 

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