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Bassirou Diomaye Faye: «Mobiliser les forces vives pour empêcher un simulacre d'élection»

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Au Sénégal, un bras de fer est engagé entre le pouvoir et la principale force de l’opposition en vue des législatives prévues le 31 juillet. Après l’invalidation partielle de sa liste menée par Ousmane Sonko, la coalition Yewwi Askan Wi n’entend pas baisser les bras. Le président Macky Sall affirmait il y a quelques jours sur notre antenne : « la loi est dure, mais c’est la loi. Le pays va tenir les élections ». Mais Yewwi Askan Wi annonce une nouvelle mobilisation ce vendredi, après celle du 8 juin. Bassirou Diomaye Faye, membre de la coalition d’opposition, président du mouvement national des cadres patriotes, est l’invité de RFI.

Le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, membre de la coalition d’opposition, président du mouvement national des cadres patriotes.
Le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, membre de la coalition d’opposition, président du mouvement national des cadres patriotes. © Bassirou Diomaye Faye
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RFI : Les leaders de Yewwi Askan Wi affirment que sans Ousmane Sonko il n’y aura pas d’élections législatives le 31 juillet. Le Conseil constitutionnel pourtant a tranché, donc il n’y a plus de recours légal. Concrètement, quelle est votre stratégie maintenant  ? 

Bassirou Diomaye Faye : Ce que disent plutôt les leaders, c’est que sans la participation de la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi, ils n’admettraient pas qu’une farce d’élections s’opère dans ces conditions. Évidemment, le président Ousmane Sonko est la tête de liste choisie par l’ensemble des leaders de la coalition, que le ministre, avec la complicité du Conseil constitutionnel, cherche à empêcher participer à ces élections. Les moyens d’action de la coalition, c’est ce que nous avons commencé à faire la semaine dernière : mobiliser les forces vives de la nation pour empêcher un simulacre d’élections qui exclut la partie la plus forte de l’opposition, à savoir Yewwi Askan Wi. 

Donc faire pression par la rue pour réhabiliter cette liste de titulaires, c’est ça  ? 

La justice est rendue au nom du peuple sénégalais et je pense que ce que le Conseil constitutionnel a fait, c’est rendu au nom du président Macky Sall et ce n’est pas d’une telle justice qu’on veut. Ces décisions-là ne sauraient engager le peuple. 

Est-ce que vous souhaitez un report des élections  ? 

Nous souhaitons la validation de la liste de Yewwi Askan Wi, la liste des titulaires, et une tenue à date échue des élections, à savoir le 31 juillet. 

Le gouverneur de Dakar a rappelé dans un communiqué que, durant la période de pré campagne, du 10 juin au 9 juillet, «  toute manifestation de soutien à un candidat ou à une coalition était interdite  ». Est-ce que cela signifie, pour vous, que votre mobilisation prévue ce vendredi sera interdite par le préfet  ? 

Je crois que le gouverneur s’engage dans des sentiers obscurs. C’est le préfet qui apprécie si les moyens dont il dispose lui permettent d’encadrer une marche pacifique. Et je crois que ce qu’on a fait le 8 (juin) démontre le sens des responsabilités de l’opposition qui a tenu une manifestation pacifique. 

La coalition au pouvoir accuse Yewwi Askan Wi d’être dans une logique de confrontation, de violence. Est-ce qu’il n’y a pas un risque de lui donner raison avec l’organisation d’une manifestation non autorisée si c’est le cas vendredi  ? 

D’abord, il n’y a pas de raison que la manifestation ne soit pas autorisée. Elle n’enfreint aucunement la loi. S’il y a confrontation, justement c’est eux qui l’imposent en foulant aux pieds toutes les règles démocratiques et le respect des libertés publiques. 

Est-ce qu’il y a encore un dialogue possible avec le pouvoir ? Est-ce qu’il y a des contacts pour tenter de trouver une solution  ? 

Je ne suis pas au courant de contacts. Ce que je sais, c’est qu’à chaque fois que notre coalition a entendu faire prévaloir ses droits constitutionnels de dire non par les moyens légaux qui lui sont octroyés, notamment la marche, la dénonciation de quelque nature que ce soit, on a récolté des menaces de mort extrêmement claires et dangereuses pour la stabilité du pays.  

Comment sortir alors de ces déclarations et contre-déclarations  ? 

Que chacun respecte les droits de l’autre. Maintenant, ce qui s’est passé au niveau du Conseil constitutionnel qui nous place aujourd’hui dans une impasse, c’est eux donc qui l’ont créée et il leur appartient de trouver la solution de sortie de crise. 

Lors de la manifestation du 8 juin dernier, une équipe de télévision, en l’occurrence la TFM, a été malmenée par des manifestants. Yewwi Askan Wi, peut-elle garantir la sécurité des journalistes qui viendront couvrir leurs activités en vue de ces élections  ? 

Ce que les leaders ont fait et dit depuis le départ, et après que ces incidents se soient déroulés, c’est le respect de la profession des journalistes qui sont en train de l’exécuter sur le terrain, et qu’il n’appartient pas à d’autres citoyens de les malmener lorsqu’ils sont en train de faire correctement leur travail sur le terrain. 

Depuis plusieurs semaines, le débat politique est consacré à ces problèmes de listes. A quand une présentation de votre projet, de votre programme sur le fond en vue des législatives   

Les leaders sont en train de peaufiner le contrat de législature. Naturellement, le moment viendra où il faudra le présenter aux Sénégalais. Mais il y a encore du temps pour cela et ce n’est pas une course. Aujourd’hui, la priorité pour nous, c’est de faire respecter la volonté d’investiture qui a été exprimée à travers une liste et ce combat-là est extrêmement important pour nous, parce que le contrat de législature doit être aussi déroulé par des hommes qui ont été choisis. 

► À écouter aussi : Accès aux biens alimentaires: «Je ne doute pas de la parole de Poutine», dit Macky Sall

De son côté la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar a annulé le rassemblement de ses partisans initialement prévu ce mercredi 15 juin, pour –selon son communiqué– «  se conformer à la loi électorale qui interdit toute activité de propagande » durant la pré-campagne.

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