Sommet de l'Union africaine au Niger : «Des avancées pour la mise en place de la Zlecaf»
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Niamey a accueilli la semaine dernière un double sommet de l'Union africaine (UA) consacré à l'industrialisation du continent, mais aussi à la zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). L'occasion de faire le point sur les progrès réalisés dans ce projet d'intégration économique continentale, qu'il s'agisse de la liste des produits qui pourront circuler librement, ou de ce qu'on appelle les règles d'origine. Entretien avec Alkache Alhada, le ministre du Commerce nigérien.

RFI: La Zlecaf, la zone de libre-échange continentale existe depuis près de deux ans, quel est l'état des lieux que vous avez fait lors du sommet de Niamey ?
D'abord, le sommet s'est penché sur le nombre d'États qui ont signé et ratifié les textes fondateurs de la Zlecaf. Vous savez, sur les 55 États, il n'y en a qu'un seul qui n'a pas signé, l'Érythrée. 44 ont ratifié, donc il y a encore une dizaine de pays qui n'ont pas ratifié, et évidemment le sommet a appelé les États qui n'ont pas encore ratifié ou signé à le faire.
Le sommet s'est également penché sur un certain nombre d'avancées. Pour la mise en place de la Zlecaf, chaque pays va dresser la liste des produits pour lesquels il est prêt à lever les barrières afin que ces produits circulent librement. Déjà, la plupart des États membres ont fait leur "offre d'accès au marché" sur le commerce des marchandises et le commerce des services. Je crois qu'il y a déjà à peu près 90% pour ce qui concerne les listes de constitution tarifaire. Je crois que c'est assez encourageant. Et il y a une autre règle également, ce sont les règles d'origine. On va dire qu'elles sont aussi en cours de finalisation. Environ 88% des règles d'origine ont déjà été conclues, il y a évidemment des questions qui sont en suspens sur le secteur de l'automobile, le secteur du textile et puis les produits de base.
Pourquoi est-ce que l'opérationnalisation de cette zone de libre-échange continentale est aussi longue ? Cela fait deux ans que la Zlecaf a été créée, pourquoi est-ce qu'il faut autant de temps pour mettre en place tous ces protocoles ?
Écoutez, il y a quand même des enjeux, c'est normal quelque part que ce soit lent, mais il y a des progrès notables qui sont réalisés. Pour certains produits, il y a eu une expérience récente qui a regroupé huit pays. Ces pays ont déjà commencé à échanger entre eux un certain nombre de produits, ça concerne essentiellement le café, le cacao, le thé. C'est pour vous dire que ce projet n'est pas une vue de l'esprit, ça devient de plus en plus une réalité.
Le sommet qui vient de se tenir propose de faire avancer ensemble l'industrialisation de l'Afrique et le commerce inter-africain, quel est l'intérêt d'associer les deux démarches ensemble ?
Pour que le commerce soit florissant au niveau inter-africain, il faut déjà produire des biens et des services. Sans industrialisation, on n'aura pas beaucoup de biens qui vont circuler au niveau des États, et donc le lien parait tout à fait évident.
On a entendu certaines voix lors de ce sommet réclamer un autre modèle d'industrialisation de l'Afrique. Et le président Bazoum a été choisi par ses pairs pour donner une impulsion à la réflexion continentale sur ce sujet. Quel est le modèle d'industrialisation que le Niger compte porter dans cette réflexion ?
Lors de son discours, le président Mohamed Bazoum a indiqué la nécessité pour l'Afrique d'aller rapidement vers cette industrialisation, en mettant l'accent sur l'agro-industrie. Il trouvait totalement absurde que nous importions du lait, que nous importions de la viande alors que nous-mêmes nous avons, pour ce qui concerne par exemple le Niger, un cheptel très appréciable qui est estimé entre 50 et 70 millions de têtes de bétail. En Afrique, avec ces terres cultivables, avec ces potentiels au niveau de l'irrigation, au niveau climatique, nous avons la possibilité de développer des industries agro-alimentaires. Nous pouvons être complètement indépendants et même exporter des produits agricoles pour le reste du monde.
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