Saliou Akadiri (LD): au Bénin, «le peuple se reconnait dans notre parti comme celui de l'opposition»
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Les Béninois sont appelés aux urnes le dimanche 8 janvier pour des élections législatives. L’Assemblée nationale sortante est uniquement composée de partis de la mouvance présidentielle. Sept partis politiques sont cette fois en compétition, dont Les Démocrates, parti de l’ancien président Thomas Boni Yayi. Entretien avec Saliou Akadiri, directeur national de campagne du parti Les Démocrates (LD) et l'un de ses vice-présidents.

RFI : Saliou Akadiri, bonjour. C’est la première fois que votre parti participe à des élections. Ça va vous permettre de tester vos forces, votre ancrage sur le territoire béninois ?
Saliou Akadiri : Le parti Les Démocrates se réjouit de pouvoir participer pour la première fois depuis sa création. Cette participation est un grand soulagement pour le peuple qui se reconnait à travers notre parti comme étant le vrai parti de l’opposition.
Alors on entend, effectivement, que vous vous présentez comme le plus important parti d’opposition. Mais en fait c’est ce scrutin surtout qui va vous permettre de le savoir.
Effectivement, ce n’est pas la volonté d’aller à une élection qui nous a manqué. Qu’il vous souvienne qu’en 2021, à l’occasion des élections présidentielles, nous avions présenté un candidat, Reckya Madougou, dont le dossier a été rejeté. L’occasion nous est donnée maintenant de montrer effectivement que nous sommes le vrai parti de l’opposition.
Reckya Madougou est emprisonnée, comme l’est également Joël Aïvo. Tous deux ont été condamnés à des peines de prison. Est-ce que vous pensez que ces législatives du 8 janvier pourraient favoriser leur libération puisque le climat politique semble plus apaisé ?
Le tort de ces deux camarades de lutte, c’est d’avoir osé se présenter ! Sinon, bon, quand vous écoutez les charges, vous verrez qu’il s’agit d’un procès purement politique. Il est clair que nous travaillerons à leur libération, pour qu’ils retrouvent la totalité de leurs droits civiques qui leur permettront de participer à l’animation de la vie publique et de faire en sorte qu’ils apportent leur contribution au développement de notre pays.
Vous avez failli être écartés de ces législatives, est-ce qu’il y a eu des négociations avec le pouvoir en place pour permettre votre participation ?
Nous n’avons fait aucune négociation. Nous avons soumis des dossiers. Plusieurs de nos candidats ont eu des difficultés à obtenir le quitus fiscal. Et nous avons introduit un recours auprès de la cour constitutionnelle, qui nous a donné raison.
Donc, sans négociations ?
En matière électorale, un droit, c’est un droit… Ce n’est pas une faveur !
Les dernières élections législatives avaient été marquées par des tensions. Est-ce que cette fois, vous pensez que le climat sera plus apaisé ?
Les événements malheureux de 2021 sont à déplorer. Nous n’avons jamais appelé, justement, nos militants à participer à ces manifestations. Et cette année, la consigne est la même : pas de provocation, pas de trouble, restez sereins, restez calmes. Nous sommes sûrs que ces mots d’ordre-là seront respectés.
Vous êtes en pleine campagne. Est-ce que l’ancien président, Thomas Boni Yayi - qui est le président d’honneur de votre parti - va prendre part à cette campagne ?
Le président Boni Yayi fait ce qui est en son devoir pour amener, aussi bien les responsables politiques du parti que les militants, à faire en sorte que notre parti connaisse une victoire écrasante.
Mais il le fait en coulisses alors, parce qu’il s’est fait discret pour l’instant…
Nous avons encore une semaine devant nous, et rien ne l’empêche de participer de façon officielle, plus active qu’il ne le fait maintenant, à la campagne.
Quelles sont vos priorités pour ces élections, quelles préoccupations les électeurs béninois vous font-ils remonter pendant cette campagne ?
Depuis 2016, les Béninois savent l’état dans lequel se trouve le pays, tant au niveau politique, économique que social. C’est par rapport à ces difficultés que rencontrent ces populations-là que nous attirons leur attention. De sorte que, lorsque nos députés seront à l’assemblée, ils fassent les choses conformément aux aspirations de ces populations, et pour résoudre leurs problèmes au quotidien.
Quand vous évoquez le bilan du gouvernement, de l’action de la majorité, en matière économique, en matière sociale... Il y a des choses qui ont été faites, et notamment récemment : une augmentation du salaire minimum, des subventions accordées sur des produits de consommation de base. Qu’est-ce que vous pouvez proposer d’autre, ou qu’est-ce que vous pouvez proposer de faire différemment sur ces thèmes-là ?
Ce n’est pas nous, au parti Les Démocrates, qui allons dire que ce n’est pas bon. Mais nous pensons que par rapport aux besoins réels des populations, les efforts qui ont été faits par le gouvernement sont à améliorer.
Ces législatives vous préparent aussi pour la présidentielle de 2026. Est-ce que vous avez déjà une idée, dans votre parti, d’un candidat pour la prochaine présidentielle ?
Notre parti va se préparer en prenant toutes les dispositions pour qu’il n’y ait aucun blocage quant aux dispositions légales, pour que le dossier de notre candidat ne soit pas rejeté, comme ça a été le cas en 2021.
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