Présidentielle au Gabon: il y a «un recul démocratique», dénonce Alexandre Barro Chambrier
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Cette semaine, le Premier ministre gabonais Alain-Claude Bilie-By-Nze a donné une interview à RFI et France 24 dans laquelle il évoquait notamment la présidentielle de cette année. La date n’est toujours pas fixée mais il promet la transparence. Pour lui répondre, une des figures de l’opposition gabonaise : Alexandre Barro Chambrier. Ancien ministre des Mines d’Ali Bongo, il avait claqué la porte du parti au pouvoir pour rejoindre Jean Ping et l’opposition en 2016. Entretien avec celui qui préside aujourd’hui le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM).

RFI : Alexandre Barro Chambrier, sur le naufrage de l’Esther Miracle, le Premier ministre Alain Claude Bilie-By-Nze, reconnaît des négligences de la marine marchande. Vous a-t-il convaincu ?
Alexandre Barro Chambrier : Il est là pour tenter de donner des explications à quelque chose pour laquelle ils n’ont pas été à la hauteur. Comment expliquer que les secours ne soient arrivés que plus de 3 heures après les premières alertes pour un navire qui était à quelques encablures de Libreville ? C’est vraiment dramatique et accablant. Et ils cherchent à masquer le nombre de morts, parce qu’on nous parle de 28 morts alors qu’il y a près de 40 personnes qui sont disparues. Il faudrait plus de transparence pour dire la vérité aux familles.
La date de la présidentielle n’est pas encore fixée. Mais on sait maintenant que le scrutin se jouera en un seul tour. Et vous dénoncez une manœuvre, pourquoi ?
C’est une décision qui est regrettable et qui nous ramène en arrière et qui est un recul démocratique. Le pouvoir œuvre en sourdine pour la dispersion des voix entre de multiples candidats pour déclarer Ali Bongo vainqueur avec un faible score.
Cette année, il n’y aura pas d’observateur de l’Union européenne. Le Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze explique qu’en 2016, « ils ont contribué à aggraver la situation par des déclarations intempestives qui ne tenaient pas compte des réalités », selon lui.
Il peut raconter ce qu’il veut. Vouloir être en vase clos, c’est la preuve qu’on a des choses à cacher et qu’on n’est pas si serein que cela.
Il assure que le scrutin sera transparent. Pourquoi en doutez-vous ?
On ne lui fait pas confiance parce que nous ne savons toujours pas la date de cette élection. Les listes électorales ne sont pas mises à jour. Comment voulez-vous que les choses se déroulent dans un climat d’impartialité qui garantisse des élections apaisées ? Leur seule préoccupation, c’est de diviser l’opposition. Une partie de l’opposition, qui est à la leur solde, qui est entretenue par le régime, doit donner le sentiment qu’il y a une division apparente. Mais nous ne sommes pas dupes et nous n’allons pas laisser faire tout cela.
Justement, dans le cadre d’un scrutin à un seul tour, le premier arrivé est élu. Cela veut dire qu’il va falloir un candidat unique soutenu par les principales forces d’opposition, cela n’a pas l’air d’en prendre vraiment le chemin en ce moment ?
Il faut se méfier des apparences. Nous travaillons pour cela avec d’autres partenaires qui sont engagés en faveur du changement. Le retour au scrutin à un tour nous montre l’impérieuse nécessité du rassemblement autour d’une candidature crédible et consensuelle.
Mais on voit une opposition qui n’arrive jamais à se mettre d’accord. Qu’est-ce qui peut changer ?
Ce qui va changer, c’est qu’au fur et à mesure que nous allons nous rapprocher de ces élections, chacun devra prendre ses responsabilités, renoncer aux ambitions individuelles, taire les egos pour faire avancer le Gabon.
Est-ce pour cela que vous n’avez pas encore officialisé votre candidature ?
Nous sommes dans une logique de recherche d’une union. Donc, ce n’est pas mon avenir personnel qui est en cause. Le moment venu, nous nous prononcerons.
Y a-t-il au moins un mécanisme de désignation qui est déjà prévu entre vous ?
Non. Nous n’allons pas rentrer dans les détails qui pourraient créer encore d’autres réactions. C’est quelque chose que nous devons définir tous ensemble et qui soit accepté. Il faut être raisonnable et faire confiance aux femmes et aux hommes pour créer les conditions qui permettent effectivement à l’opposition non seulement de gagner, mais de faire en sorte que, contrairement au passé, que celui qui sera vainqueur puisse effectivement gouverner le pays. Tout est possible lorsqu’on a la volonté, la détermination et surtout lorsqu’on a le peuple avec nous. Et les Gabonais n’accepteront jamais que ce qui s’est passé en 2016 se reproduise en 2023.
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