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Amadou Coulibaly: «Nous voulons doubler la contribution du numérique à l’économie ivoirienne d’ici 2025»

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Le salon VivaTech, dont France Médias Monde (FMM) est partenaire, s'est ouvert le 14 juin à Paris. Il s'agit du plus grand salon européen de la tech. Le continent africain, qui voit actuellement se multiplier les start-up, est largement représenté. Le ministre ivoirien de l'Économie numérique et porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, accompagne une délégation de jeunes entrepreneurs de son pays, pour tenter de convaincre les investisseurs de miser sur l'écosystème ivoirien. 

Actuellement, la Côte d'Ivoire est couverte à environ 50% en 4G (photo d'illustration).
Actuellement, la Côte d'Ivoire est couverte à environ 50% en 4G (photo d'illustration). © AFP/Issouf Sanogo
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RFI : Quelle place envisagez-vous pour l’économique numérique dans le développement de la Côte d’Ivoire ?

Amadou Coulibaly : Nous avons une économie qui arrive à se maintenir à un taux moyen de croissance depuis 2012 de 7 % environ. La Banque mondiale estime dans son dernier rapport que l’économie numérique peut contribuer davantage à la richesse du pays. Elle estime cette contribution à 3 % du PIB et notre ambition est de doubler cette contribution d’ici 2025.

C’est un bon énorme le passage de 3 % à 6 %. Comment pensez-vous pouvoir le faire ?

Tous les éléments sont là. Le dernier rapport du cabinet McKinsey nous dit par exemple qu’avec un taux de pénétration de 10 % du haut débit dans la population, on ajoute un point au PIB. Aujourd’hui, en ce qui concerne par exemple la 4G, nous avons un taux de couverture qui tourne autour de 50 %. Si nous faisons un bond pour pouvoir apporter l’internet haut débit mobile, nous contribuons d’une certaine façon à l’enrichissement de ce PIB. Au-delà, il y a tout le tissu des entreprises qui opèrent dans le numérique, et notamment des start-up, des jeunes pousses, qui peuvent également contribuer à augmenter cette contribution au PIB.

L’un des projets phare de la Côte d’Ivoire, actuellement en matière d’économie numérique, c’est la mise en service de 7 000 kilomètres de fibre optique dans le cadre du réseau national de haut débit, où en est-on de ce projet ?

Sur les 7 000 kilomètres qui étaient l’objectif, 5 000 ont été installés et environ 2 500 sont fonctionnels. Nous allons achever, rendre fonctionnels ces 5 000 kilomètres et achever le projet en installant les 2 000 kilomètres restants, de sorte que nous ayons les 7 000 kilomètres de fibre optique qui vont permettre de relier tous les chefs-lieux de région.

Cela fait plusieurs années que le gouvernement a mis en chantier un Start-up Act. Pourquoi le texte est-il resté si longtemps sur la table et dans les cartons, et quand peut-on espérer le voir déboucher ?

Ce que je peux vous dire, c’est que le texte est enfin à l’Assemblée. Il a été adopté en commission à l’unanimité le 31 mai et il suit son parcours parlementaire. Et nous pensons qu’avant la fin de cette année, la loi sur la promotion des start-up sera adoptée. L’adoption de cette loi vient à point nommé.

Mais pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour adopter ce Start-up Act ?

J’ai pris ce texte en cours, l’administration est une continuité. Je ne peux pas vous dire ce qui s’est passé avant moi.

Comment expliquez-vous le départ tardif de la Côte d’Ivoire sur cette question des start-up ?

Les start-up existaient. Il était juste nécessaire que l’État leur apporte l’encadrement et l’accompagnement nécessaire. Il y a tout un ensemble de prérequis qu’il fallait de notre point de vue identifier et auxquels il fallait apporter des solutions. C’est vrai, on pourrait dire que c’est un retard, mais je dirais qu’il est toujours bon de partir à point nommé.

Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple concret des initiatives qui ont été prises justement pour ce rattrapage, pour encourager ces start-up ?

Je pourrais parler du Start-up Boost Capital qui est un fonds de garantie que l’État a mis en place pour pouvoir soutenir les start-up, notamment en ce qui concerne leur amorçage. C’est un fonds de 1 milliard de francs CFA.

Le nord de la Côte d’Ivoire accueille une vague de réfugiés burkinabè qui viennent d’arriver. Ils ont reçu l’interdiction de passer la frontière avec leur bétail. Pourquoi avoir décidé cette interdiction ?

Il y a plusieurs raisons. Déjà, il y a des questions sanitaires. Vous savez le bétail qui rentre comme ça, sans contrôle, peut être porteur de certaines pathologies qui peuvent provoquer une épizootie en Côte d’Ivoire et mettre en péril notre cheptel. Ensuite, la question du bétail est une question centrale dans le financement du terrorisme avec les questions de vol de bétail.

Il est déjà difficile d’accueillir les réfugiés avec tous les problèmes de logistique que cela pose, si en plus, on doit y ajouter le bétail, vous imaginez la difficulté supplémentaire qui s’ajoute.

À cela, et c’est l’un des points les plus importants, la Côte d’Ivoire est régulièrement victime de conflits éleveurs-agriculteurs. Nous sommes en pleine période d’hivernage, il ne faut pas que ce bétail qui rentre sans contrôle puisse venir aggraver ces conflits.

En tout état de cause, nous avons défini des couloirs de transhumance. Dans ces couloirs, il y a un contrôle qui est exercé : les bêtes sont identifiées, les propriétaires sont identifiés. Je ne pense pas qu’il s’agit d’une interdiction totale, mais plutôt d’un encouragement à utiliser les couloirs de transhumance qui ont été prévus par l’État.

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