Le grand invité Afrique

Sénégal: «Le président a délivré tout le pays», estime l’opposant Khalifa Sall

Publié le :

Dans sa première réaction à la décision du président sénégalais Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat à la présidentielle de février prochain, l’opposant Khalifa Sall ne boude pas son plaisir. « En annonçant sa non-candidature, le président a délivré tout le pays », déclare l’ancien maire de Dakar, qui dirige aujourd’hui la coalition Taxawu Sénégal.

Une extension de votre navigateur semble bloquer le chargement du lecteur vidéo. Pour pouvoir regarder ce contenu, vous devez la désactiver ou la désinstaller.

L'opposant et ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, interrogé par Christophe Boisbouvier (RFI) et Marc Perelman (France 24), le 4 juillet 2023.
L'opposant et ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, interrogé par Christophe Boisbouvier (RFI) et Marc Perelman (France 24), le 4 juillet 2023. © RFI
Publicité

Quelle est la cause de cette « très belle surprise » de la part de Macky Sall ? « La mobilisation sociale, la pression internationale et la parole donnée ». L’opposant sénégalais se félicite aussi, grâce à une modification de la loi électorale, de pouvoir être éligible en février prochain. 

« Je serai candidat inch’allah », déclare-t-il à RFI et France 24. N’est-ce pas le fruit d’un « deal d’un autre âge » avec Macky Sall, comme dit l’opposant Ousmane Sonko ? « Je ne réagis jamais aux accusations infondées », répond l’ancien maire de Dakar, qui, dans cet entretien, ne cite pas une seule fois le nom d’Ousmane Sonko, mais espère une prochaine élection présidentielle « inclusive », où tous les citoyens qui veulent concourir pourront se présenter.

RFI & France 24 : Khalifa Sall, le président Macky Sall a donc annoncé ce lundi, lors d'un discours très attendu à la nation, qu'il renonçait à se représenter à l'élection présidentielle prévue en février 2024. Alors, tout d'abord, est-ce que vous avez été surpris et est-ce une bonne surprise pour vous ?

Khalifa Sall : Le discours de ce lundi a été un fort moment... Libérateur, à la limite, puisque le président, en annonçant sa non-candidature, a délivré tout le pays. Le président nous a fait une très belle surprise. On s'en réjouit et on le félicite, puisqu'il fallait le faire, et il l'a fait.

Alors pourquoi l'a-t-il fait ? Il a eu cette phrase : « J'ai tenu parole ». Est-ce la vraie raison, ou est-ce que, selon vous, les violences meurtrières du début du mois de juin et les pressions internationales ont compté dans sa décision ?

Pourquoi devrions-nous douter de sa parole ? Cependant, il est évident que la pression, la mobilisation sociale depuis 2021 jusqu'à juin 2023, avec les événements meurtriers dramatiques que nous avons vécus, ont certainement pesé dans sa décision. Mais même si la pression internationale a joué, il est évident que la décision était personnelle et je crois que c'est ce qui est réconfortant, c'est que cela va constituer une bonne aération démocratique.

Alors, il y a une autre annonce qui est importante dans le discours du président, il a annoncé une modification de la loi électorale qui vous autorisera à être candidat à cette présidentielle. D'où cette question très simple : est-ce que dorénavant, c'est sûr, vous êtes candidat à la présidentielle, Khalifa Sall ?

Je vous l'avais annoncé il y a quelques mois, je crois. Je vous avais dit que je serai candidat, Inch’Allah, et c'est toujours à l'occasion des dialogues que des avancées consolidantes ont été notées, et c'est ce qui a été fait pendant celui-ci. Et nous y sommes allés, nous, Taxawu Sénégal. Nous avions posé cinq problèmes qui avaient été validés par le dialogues : la troisième candidature, une élection présidentielle inclusive avec la participation de tout le monde, la question des parrainages - qui étaient pour nous un mode de sélection qu'il fallait abroger -, la libération des détenus politiques et la modification du code électoral. Donc, que le choix ait été fait par le dialogue de modifier l'article 28 du code électoral est une bonne démarche, qui permet de régler tous ces problèmes.

Cependant, nous continuons à penser que le président de la République va faire en sorte que le scrutin soit plus inclusif, parce que nous sommes certains que tout le monde doit participer. Le débat n'est pas terminé. Il y a le fait que, désormais, la déchéance devrait résulter d'une décision de justice. Il y a un certain nombre de choses qui restent à régler, comme les organes qui supervisent les échelons, donc beaucoup de questions qui concernent la démocratie et les acteurs politiques en général.

Alors, est-ce que vous demandez que la condamnation d'Ousmane Sonko soit annulée et qu'il puisse participer à cette présidentielle, et est-ce que vous pensez que, plutôt que son arrestation, on pourrait le voir à nouveau inclus dans le jeu politique ?

Vous savez, je ne fais jamais de débat de personne. Par contre, je m'en tiens aux principes en prônant l'inclusion pour le scrutin présidentiel. Cela suppose que tous les candidats aient la possibilité d'y participer, donc que ce soit un tel ou un autre ne présente pas d'intérêt pour nous. Ce que nous voulons, c'est que tous ceux qui aspirent à être candidat puissent le faire.

... Y compris Ousmane Sonko ?

Tous les candidats peuvent. Tous ceux qui veulent concourir doivent pouvoir le faire.

Merci Khalifa Sall de nous avoir accordé cet entretien sur nos deux chaînes, France 24 et Radio France Internationale.

À lire aussiSénégal: après l’annonce de la non-candidature du président Macky Sall, une succession en question

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes