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Joshua Osih: «Il faut absolument un agenda social-démocrate au Cameroun, le SDF est la réponse»

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Le dixième congrès ordinaire du Social Democratic Front (SDF) s'est achevé hier, dimanche 29 octobre, à Yaoundé avec l'élection du tout du nouveau président de cette formation politique de l'opposition, fondée en 1990. Et c'est, comme annoncé, le favori qui a été élu. Il s'agit du député Joshua Osih. Il remplace le fondateur, Ni John Fru Ndi qui a dirigé le parti jusqu'à son décès en juin 2023. Quel état des lieux fait-il de la situation du parti ? quelles sont ses ambitions pour le SDF ? Sera-t-il favorable à une candidature unique de l'opposition pour la prochaine élection présidentielle ? Joshua Osih répond aux questions de notre correspondant.

Joshua Osih, ici en 2018, pourrait succéder à feu Ni John Fru Ndi à la tête du Front social démocrate (SDF), le parti historique de l'opposition camerounaise.
Joshua Osih, ici en 2018, pourrait succéder à feu Ni John Fru Ndi à la tête du Front social démocrate (SDF), le parti historique de l'opposition camerounaise. AP - Sunday Alamba
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RFI : Joshua Osih, vous êtes le tout nouveau président élu du SDF, au terme d’un congrès qui s’est achevé dimanche matin à Yaoundé. Vous étiez annoncé largement vainqueur, mais finalement, l’élection s’est avérée houleuse et tendue. Quels commentaires avez-vous ?

Joshua Osih : Premièrement, j’aimerais remercier tous les délégués qui m’ont exprimé leur confiance en me donnant leurs voix. Deuxièmement, il n’y a aucune élection facile. Et je pense, troisièmement, que nos congrès sont toujours des moments de grande convivialité et des moments où la démocratie s’exprime, donc je ne peux que m’en féliciter.

Vous accédez à la tête du SDF à un moment où le parti a considérablement perdu en poids électoral et en influence. Quelles sont donc les priorités de votre mandat ?

Je ne pense pas qu’on peut parler de perte de vitesse. Vous savez très bien que nous avons perdu plusieurs sièges par le fait que nos différentes lois ne permettent pas que les élections qui sont annulées par le Conseil constitutionnel aient une autre issue qu’une reprise. Alors il se trouve que nous avons obtenu du Conseil constitutionnel que treize circonscriptions sur lesquelles nous avons fait des recours ont été annulées pour le fait que ces circonscriptions sont en guerre. Et malheureusement, tout ce que le Conseil constitutionnel a pu faire, c’est de reprogrammer des élections sans d’abord arrêter la guerre, et donc nous nous sommes retrouvés dans une situation où nous ne pouvions pas placer nos candidats comme des chairs à canon dans ce conflit, et nous avons décidé de ne pas continuer dans la procédure. Donc je ne considère pas tout cela comme étant perte de vitesse, au contraire, aujourd’hui je pense qu’avec l’affluence que vous avez vu lors de ce congrès, avec tout ce qui s’est passé lors des obsèques de notre président national, Ni John Fru Ndi, je pense que vous devriez plutôt me dire : comment ça se fait que le parti soit aussi vivant aujourd’hui ?

Vous êtes avec d’autres partis de l’opposition, dont le MRC et le PCRN, dans une plate-forme qui appelle de tous ses vœux à la réforme du Code électoral avant la prochaine élection présidentielle de 2025. Cette dynamique peut-elle aller dans le sens de la désignation d’un candidat unique de l’opposition face à celui que présentera le RDPC [le parti au pouvoir] ?

J’aimerais déjà dire que le travail qui a été fait et qui est encore d’actualité aujourd’hui avec les autres partis de l’opposition camerounaise, c’était pour mettre en commun les points que nous pensions être les points saillants pour un code électoral acceptable au Cameroun. Ce travail a été fait, il a été publié en anglais et en français. Maintenant, nous pouvons nous asseoir sur ce travail-là et le fait que nous nous sommes rapprochés pendant ces travaux pour aller plus loin, pour fédérer nos forces, pourquoi pas une coalition à une élection. Mais nous n’en sommes pas encore à ce point.

Le SDF se croit-il encore capable, comme du temps de Ni John Fru Ndi qui en a été proche, de gagner à lui tout seul une élection présidentielle au Cameroun ?

Il faut quand même restituer la vérité, nous n’en avons pas été très proches, nous avons gagné l’élection de 1992 qui nous a été volée. Maintenant, si nous pouvions gagner en 1992, nous pouvons aussi gagner en 2025, donc nous ne sommes pas loin de là. Il faut absolument qu’il y ait une alternance au Cameroun, il faut absolument délivrer le peuple camerounais de 60 années de néocolonialisme, il faut absolument un agenda social-démocrate au Cameroun, et le SDF est la réponse, et c’est pour cela que nous nous levons tous les matins pour apporter cet agenda aux Camerounaises et aux Camerounais.

Depuis 33 ans, le SDF n’a jamais participé à un gouvernement du RDPC, est-ce qu’avec votre avènement à la présidence de ce parti, on peut voir le SDF demain dans un gouvernement d’union ? Si oui, à quelles conditions ?

Je pense que ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant, nous avons une majorité obèse qui n’a pas besoin d’union, qui dilapide un peu tout ce qu’elle trouve sur son chemin, ce qui est un véritable problème pour tous les Camerounaises et les Camerounais, et donc nous n’avons aucune envie d’aller rejoindre un problème. Nous voulons plutôt être du côté des solutions. Si demain on est dans une situation où une solution est posée sur la table, nous pouvons y participer.

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