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La 76e édition du Festival d’Avignon, dernière édition pour Olivier Py

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La 76e édition du festival d'Avignon ouvre ce jeudi 7 juillet. Le Off, le plus grand marché du théâtre en Europe fort de ses 1 570 spectacles. Le In, avec une programmation d'une quarantaine de spectacles, s'ouvre dans la cour d'honneur du palais des Papes avec l'artiste russe Kirill Serebrennikov, le plus prisé du moment en France. Il adapte une nouvelle peu connue de Tchekov : Le moine noir. Olivier Py signe sa dernière édition avant de passer la main au metteur en scène portugais Tiago Rodrigues.

Olivier Py, directeur du festival d'Avignon, le 5 juillet 2022.
Olivier Py, directeur du festival d'Avignon, le 5 juillet 2022. AFP - NICOLAS TUCAT
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RFI : C’est votre dernière édition comme directeur du festival d'Avignon, vous l’avez conçue dans cette optique ?

Olivier Py : Ah non, pas du tout, au contraire. J’ai été complètement dans le déni, je n’ai pas du tout pensé que c’était le dernier. On l’a fait comme chaque année, avec le souci de faire découvrir des artistes, d’être soucieux de l’émergence, de la parité, de la diversité, d’une vision de l’international qui aille vers des lieux qu’on n’avait pas encore vu au festival. Non, c’est un festival comme les autres. Mais pas pour moi.

Des artistes du Proche-Orient cette année

Oui, cela disant, on avait fait un bon travail sur le monde arabe, le Moyen-Orient, le Proche-Orient en particulier, sur la Méditerranée aussi. Je pense que cela manquait au festival. Il était un petit peu nordique le festival autrefois. Et cette année, c’est vrai, des Palestiniens, des Libanais, des Libanaises, c’est important, c’est formidable. D’autant plus que ce sont des régions du monde dont on a souvent des mauvaises nouvelles. Donc en avoir des bonnes, c’est-à-dire avoir des spectacles, des élans poétiques, je crois que ça va aider à voir cette région-là d’un autre œil.

Et vous-même, vous revenez à cette forme épique qu’on vous avait déjà connu avec La servante en 1995, une pièce qui vous a vraiment propulsé, Olivier Py, au festival d'Avignon ; elle durait 24 heures. Aujourd’hui, avec Ma jeunesse exaltée, un spectacle de 10 heures quand même, c’est une façon de boucler la boucle ?

Oui, on peut dire ça puisque La servante en 1995 a été créée au gymnase Aubanel, où nous sommes. La première image, d’ailleurs, est très proche du décor de La servante, ensuite elle se transforme. J’aime les grandes épopées. Le grand format au théâtre a été une sorte de marque de fabrique. On espère emporter le public dans une épopée lyrique incroyable sous le signe d’arlequin, donc il y a beaucoup, beaucoup de comédies.

Donc dix heures de verbes et de poésie, mais vous aimez aussi le cabaret, Olivier Py ? Miss Knife, votre personnage de travesti créé déjà il y a trente ans à l’heure où on n’en voyait pas beaucoup sur scène encore, revient en clôture du festival.

Oui, avec l’orchestre d’Avignon, c’est une manière de faire un dernier salut. Et puis, j’invite sur ce plateau des copines, Angélique Kidjo, et puis les Dakh Daughters qui sont ukrainiennes, qui vivent à Kiev. On ne pouvait tout de même pas traverser ce festival sans avoir, même modestement, fait un salut à la tragédie ukrainienne. Ça m’a semblé important, alors je me suis dit faisons la fête tous ensemble.

Les Ukrainiennes en fin de festival, l’artiste russe Kirill Serebrennikov en ouverture : Avignon, c’est la culture au-delà des conflits ?

Ça serait merveilleux, pourquoi pas si c’était un signe de paix. Ce serait vraiment très beau, mais c’est vrai, ce n’était pas prémédité. Kirill et moi, nous avions pensé sa présence dans la cour il y a maintenant deux ans, à l’époque personne ne l’imaginait, en tout cas pas de cette ampleur. Et puis d’autre part, Kirill était encore sous le coup d’un procès ubuesque qui, en réalité, est un procès fait à un opposant du régime de Poutine, on n’était même pas certain qu’il puisse sortir de Russie pour pouvoir faire ce spectacle. Donc, c’était un autre contexte. Aujourd’hui, il a été très clair sur sa condamnation sans appel de l’attaque contre l’Ukraine et de la stratégie sanguinaire de Poutine.

Ouverture du 76e festival d’Avignon, ce jeudi soir, à la cour d’honneur du palais des Papes avec Le moine noir de Tchekov, une petite nouvelle adaptée et mise en scène par Kirill Serebrennikov pour un grand spectacle j’espère.

C’est ça, une petite nouvelle pour un grand spectacle.

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