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Souleymane Cissé: «Si la profession reconnaît les films que tu as faits, c’est une récompense exceptionnelle»

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Mercredi 17 mai a été décerné, lors de la cérémonie d’ouverture de la Quinzaine des cinéastes, l’une des plus prestigieuses récompenses du Festival de Cannes : le Carrosse d’Or, remis au réalisateur malien Souleymane Cissé. À 82 ans, ce dernier est devenu ainsi le deuxième cinéaste du continent africain à recevoir cette distinction, après celle du Sénégalais Sembène Ousmane, en 2005.

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Le réalisateur malien, Souleymane Cissé au 76e festival de Cannes, le 16 mai 2023.
Le réalisateur malien, Souleymane Cissé au 76e festival de Cannes, le 16 mai 2023. AFP - STEFANO RELLANDINI
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RFI : Ce soir, vous recevez le Carrosse d'Or, le prix décerné par la Société des réalisateurs et réalisatrices de films (SRF). C'est un prix prestigieux qui est décerné par vos pairs, par d'autres cinéastes. Est-ce que ça fait une différence pour vous ?

Souleymane Cissé : Non, mais c'est très important parce que si la profession reconnaît les films que tu as faits, je pense que c'est une récompense exceptionnelle.

Quelle a été votre réaction quand ils vous ont appelé ?

Je n'avais pas de mots. C'était une très grande surprise. Beaucoup d'émotion, oui.

Le Carrosse d'Or a déjà été attribué à deux nombreux cinéastes comme Martin Scorsese, Clint Eastwood, Agnès Varda, Nanni Moretti et puis surtout Sembène Ousmane en 2005. Nous voilà en 2023 où vous êtes le deuxième cinéaste d'Afrique à recevoir ce prix. On peut s'en réjouir ou s'en étonner ?

Non mais moi, je pense que ça va venir pour d’autres cinéastes, mais ça ne mettra pas le même temps qu’il y a 15 ans entre moi et Sembène Ousmane. Je crois beaucoup à l'avenir.

Cette année, il y a beaucoup de films africains à Cannes. Entre autres six films dans la sélection officielle, deux réalisatrices, une Tunisienne et une Sénégalaise en compétition. On sent bien qu'il y a une relève, et peut-être qu'elle vient des femmes…

Ça serait encore mieux. Moi mon combat, c'est l'égalité des femmes et des hommes.

Avez-vous vu arriver la relève au Mali ? Entre autres, deux de vos filles sont cinéastes.

Oui, moi j'y crois beaucoup. Ça ne serait pas facile pour eux, contrairement à ce qu'on pense. Mais il faut qu'ils tiennent le coup, parce que c'est très important le métier.

En quoi est-ce important ?

C'est important parce que l'Afrique ne peut pas se transporter en France, en Europe ou aux États-Unis. L'Afrique se transporte par les images, et ces images, des millions de personnes peuvent les voir et connaître réellement l'Afrique. Et tant qu'on n'arrivera pas à ce stade-là, on ne comprendra jamais le continent. Ça, c'est ma vision des choses.

Peut-on bientôt espérer un nouveau film de vous ?

Oui. J'ai déjà un documentaire et un docu-fiction. Le documentaire est sur Martin Scorsese et son voyage au Mali. Il nous a fait l'honneur de venir rencontrer les jeunes. C'est assez émouvant. C'est assez touchant. Donc ces deux films sont en gestation et vont bientôt sortir puisque Martin Scorsese a demandé à ce qu'il puisse le voir avant de le projeter. Je ne sais pas si c'est une censure, mais de toute façon entre collègues, ça va. Le problème est clair.

► À lire aussi : Festival de Cannes 2023: percée de «la nouvelle génération» de réalisateurs africains

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