Bashar Murad, chanteur palestinien à la conquête de l'Islande
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Il est Palestinien mais aimerait représenter l'Islande à l'Eurovision. Bashar Murad, chanteur originaire de Jérusalem, s'est lancé dans le concours organisé par cette île de l'Atlantique Nord pour désigner son candidat à ce grand rendez-vous musical annuel. Il disputera la finale ce samedi.

RFI : Vous vous présentez au concours islandais pour représenter l’Islande à l’Eurovision. Comment vous est venue l’idée de concourir à l’Eurovision ?
Bashar Murad : L’idée est née à la fin de la période du Covid, lorsque nous étions tous coincés chez nous, partout dans le monde. J’étais chez moi à Jérusalem. Je ressentais les pressions habituelles de la vie sous occupation, plus les nouvelles pressions du Covid. Et je me suis souvenu par hasard que Céline Dion avait concouru pour la Suisse, même si elle n’est pas originaire de ce pays. Et l’idée de concourir pour l’Eurovision a commencé à germer. En 2019, j’avais établi des liens avec le groupe qui était candidat pour l’Islande : Hatari. J’ai donc envoyé un message à mon ami Einar, qui faisait partie de ce groupe, et je lui ai demandé s’il fallait être islandais pour participer à Söngvakeppnin, le concours national islandais pour l’Eurovision. Il a fait quelques recherches et m’a répondu que l’interprète n’avait pas besoin d’être islandais, mais que 2/3 de la chanson devaient être écrits par un Islandais.
Et comment votre candidature à ce concours a-t-elle été perçue dans le pays ?
Je pense que les réactions ont été nombreuses. Mais j’ai surtout reçu beaucoup de soutien. Et vous savez, les gens aiment la chanson et comprennent vraiment le message. Je suis également encouragé dans ma tentative de chanter en islandais, car les règles du concours islandais prévoient qu’en demi-finale, il faut chanter en islandais. Au début, cela semblait être un obstacle ou un défi. Mais j’espère qu’aujourd’hui, cela peut être vu comme quelque chose qui montre qu’il ne s’agissait pas d’un plan stratégique ou d’une idée politique. Qu’il s’agissait en fait pour moi de souligner, par ma participation, le nombre d’obstacles et de défis que les personnes originaires des endroits d’où je viens doivent surmonter pour être entendues. Car nous sommes généralement exclus de nombreuses plateformes. Et aussi à tous les Islandais qui se demandent peut-être qui est cette personne inconnue et pourquoi elle est ici, j’espère pouvoir leur montrer ma gratitude pour cette opportunité, pour cette plateforme qui m’a été donnée.
Vous avez dit qu’il y avait eu beaucoup de commentaires depuis que vous avez annoncé votre candidature à ce concours. Parvenez-vous à séparer l’art de la politique, dans la mesure où l’Eurovision se veut apolitique ? Est-ce possible en tant que chanteur, en tant que chanteur palestinien, en tant qu’artiste en général ?
Je ne suis pas responsable de là où je suis né et je ne peux pas quitter la peau dans laquelle je suis né. Et donc, parce que je suis Palestinien, mon expérience et mon art sont nourris par ces expériences. Et si vous regardez la chanson, si vous écoutez Wild West, les paroles sont très autobiographiques. Mais pour moi, j’espère qu’à travers l’histoire d’une seule personne, je peux refléter une histoire plus large. Et si le fait que je participe rend les choses politiques, alors quoi ? Suis-je censé ne pas exister du tout ? Je suis ici avec ma chanson, avec mon expérience et les gens peuvent la prendre ou la laisser.
Parlons aussi de votre chanson : Wild West. Vous l’avez décrite comme étant assez autobiographique. S’agit-il de vous ?
Wild West est à propos de cette personne qui a des rêves, mais le contexte dans lequel elle se trouve, quel qu’il soit, ne lui permet pas d’atteindre son plein potentiel. Il s’agit aussi de ne pas laisser les frontières physiques et imaginaires nous confiner et nous définir, et foncer. Je pense que beaucoup de gens peuvent s’y identifier, d’où qu’ils viennent, et ce n’est pas spécifique à une certaine région. En fin de compte, nous sommes tous des personnes. Nous avons tous des rêves, mais nous nous trouvons tous dans des circonstances différentes qui nous permettent ou non de réaliser nos aspirations.
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