«Personne ne peut être surpris que la population soit frustrée après une rentrée scolaire perturbée»
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La rentrée scolaire a été très perturbée en Haïti cette semaine. De nombreuses écoles étaient fermées ou n’étaient pas en mesure de dispenser des cours et les élèves étaient de toute façon peu nombreux, tenus loin des établissements par les difficultés financières de leurs parents ou par les violences des gangs qui bloquent des quartiers entiers et ont encore poussé, ces dernières semaines, des centaines de personnes à fuir leur maison. Pour en parler, RFI reçoit le ministre de l’Éducation.
Le gouvernement estime à environ 400 000 le nombre d’enfants « en âge scolaire, dit Nesmy Manigat, mais qui pour différentes raisons n’allaient pas à l’école ou avaient décroché. Il y a des chiffres additionnels qu’il faut ajouter en tenant compte de ces déplacés internes. Nous avons mis en place une commission nationale pour enquêter sur les mouvements de population des élèves ». Cette commission a déjà identifié 3 000 enfants sur une trentaine d’écoles « occupées », mais ce chiffre a déjà doublé après actualisation des informations. La commission travaille également sur les déplacements « des enseignants, en particulier les enseignants qualifiés, car beaucoup d’entre eux laissent le pays grâce au programme de facilité de l’administration Biden. Ceci est un casse-tête pour la carte scolaire. »
Le gouvernement promet des aides pour encourager le retour à l’école des enfants
Nesmy Manigat annonce des mesures dont une aide de 15 000 gourdes, l’équivalent d’une centaine d’euros, pour 500 000 parents, dont les enfants sont inscrits dans les écoles publiques ou encore la distribution d’un million de livres scolaires en créole. Pour accompagner les enfants déplacés ou qui ne fréquentent pas encore les salles de classe aujourd’hui, le gouvernement haïtien est en train de mettre en place « des dispositifs d’accompagnement à travers des radios communautaires et les télévisions pour que les enfants, même s’ils sont dans des camps, dans des abris provisoires, ne perdent pas le contact et que le temps censé être scolaire soit tout de même un temps d’apprentissage. » Ces mesures devraient être mises en place dans les départements de l’ouest et de l’Artibonite, où l’on compte de nombreux déplacés.
« Une frustration légitime » exprimée par la population à Jérémie
Le ministre dit comprendre la réaction de la population, lors de son déplacement lundi (18 septembre 2023) avec le Premier ministre en province, à Jérémie. La délégation gouvernementale avait été accueillie par des jets de pierres. « Dans un pays qui investit 10% ou moins de son budget dans l’Éducation, explique le ministre, je peux comprendre qu’il y ait beaucoup de frustrations légitimes, mais c’est pour cela que nous avons décidé d’exercer le droit à l’éducation partout où le droit à la vie n’est pas menacé. » Le gouvernement dit avoir identifié quelques bâtiments dans la capitale qui pourraient accueillir des enfants.
La reconstruction trop lente des écoles du Sud
La situation est également très difficile dans le Sud, où le tremblement de terre de 2021 avait laissé de très nombreuses écoles impraticables. « La reconstruction est très très lente », admet Nesmy Manigat en soulignant tout de même quelques avancées comme la reconstruction de 84 écoles grâce aux partenaires d’Haïti, l’inauguration de deux autres par le gouvernement et en annonçant qu’une vingtaine d’autres sont « quasiment prêtes pour l’inauguration. »
Le journal de la 1ère
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