Panama : « Une mobilisation nationale sur des questions écologiques est assez surprenante »
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Depuis trois semaines, le Panama est secoué par des manifestations inédites contre un projet minier, l’exploitation de 300 000 tonnes de cuivre chaque année. La mine opère, depuis plusieurs années, mais les conditions d’attribution font débat et aujourd’hui les opposants au projet réclament son retrait pur et simple. Jean Foyer, chargé de recherches au CREDA au CNRS, est notre invité pour analyser les enjeux de cette mobilisation.

« Parallèlement au renouvellement du contrat en 2017, une loi minière a été jugée inconstitutionnelle, explique le chercheur, cet imbroglio juridique a été tranché en octobre 2023 par le gouvernement avec une loi réautorisant la concession sur la mine pour 20 ans et cette décision de l’Assemblée panaméenne a mis le feu aux poudres. »
Des enjeux écologiques et de souveraineté
Depuis, des manifestations massives ont lieu dans l’ensemble du pays pour réclamer l’abandon du projet. « C’est quelque chose d’assez nouveau et très surprenant, reconnaît Jean Foyer, ça prouve que les enjeux écologiques deviennent quelque chose d’identifié et important pour les mobilisations sociales » et il ajoute que s’ajoutent à cette question des enjeux de souveraineté, « les gens ont considéré que l’assemblée vendait la patrie. Dans un pays qui n’a récupéré pleinement sa souveraineté que depuis 2000 et la rétrocession du canal de Panama par les États-Unis, les enjeux de souveraineté sont extrêmement sensibles. »
Le gouvernement peut-il faire marche arrière ?
Le président a proposé d’organiser un référendum sur la question, le 17 décembre 2023, mais sans préciser exactement quelle question serait posée aux électeurs. Insuffisant pour les manifestants qui souhaitent une décision sur ce contrat minier. « Le président Cortizo a aussi fait passer une loi, ajoute Jean Foyer, une loi qui pose un moratoire sur les prochaines activités minières au niveau de l’extraction des métaux, il a fait des concessions très importantes. »
Un abandon du projet pourrait coûter des milliards de dollars à l’État panaméen. « Si le projet s’arrête, le Panama s’expose à des actions juridiques. Quand on considère qu’il y a violation d’un accord de libre-échange ou d’un accord commercial, l’État peut être amené à rembourser non seulement tous les investissements mais aussi les bénéfices prévus. »
L’option reste pourtant sur la table, estime le chercheur « surtout dans le contexte électoral actuel, puisque nous sommes en fin de mandat et si Cortizo veut être réélu, sachant que son parti est appuyé par les bases populaires, il est presque sûr de perdre les prochaines élections s’il n’accède pas aux demandes. »
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