«Milei se situe dans une espèce d’internationale d’extrême-droite»
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Une fois de plus, Javier Milei a créé la surprise en Argentine en remportant largement le second tour de la présidentielle hier (19 novembre 2023). Il a largement battu, avec 56% des voix, le ministre sortant de l’Économie Sergio Massa. « La peur du présent l’a emporté sur la peur de l’avenir », estime le journal Clarin. Analyse de ce succès inattendu avec notre invité, David Copello, chercheur en Science politique à Cergy-Paris Université.

Le soutien de la candidate de droite Patricia Bullrich et de l’ancien président Mauricio Macri ont aidé Javier Milei, « il est toujours difficile d’estimer dans quelle mesure les consignes de vote sont efficaces », nuance le chercheur David Copello, en revanche le nouveau président a été élu « grâce à l’électorat type de la droite classique, c’est-à-dire les classes sociales plutôt avantagées. Il a récolté un gros pourcentage qui vient de gens pas nécessairement d’accord avec son programme mais qui sont plutôt dans un vote d’opposition au gouvernement de centre-gauche qu’incarnait Sergio Massa. »
Javier Milei peut-il former une coalition parlementaire ?
Selon David Copello, il est « fort probable » qu’une partie de la droite classique s’allie avec le nouveau président, mais cela risque de générer des tensions, déjà « cela a créé un certain nombre de remous que la candidate de droite le soutienne sans condition, du moins sans condition publique. » Même en cas de coalition, « si l’ensemble des acteurs se mettaient d’accord, on aurait 131 députés, ce qui est une toute petite majorité, mais a priori ils ne seront pas tous d’accord. »
Autre difficulté pour Javier Milei, l’absence de relais local. « Il n’a aucun maire qui correspond à son alliance politique et aucun gouverneur non plus. » Dans un État fédéral, cela risque d’avoir des conséquences pour le nouveau président. « Cela peut le gêner car il faut que le Parlement vote ses lois, que ses lois puissent être mises en œuvre dans les provinces », estime David Copello en rappelant que le nouveau président dispose tout de même d’une certaine marge de manœuvre concernant la politique monétaire, comme son projet de « dollarisation de l’économie » qui pourrait intervenir avant même l’entrée en fonction de Javier Milei, le 10 décembre 2023. « On peut s’attendre à ce que les gens se ruent sur les dollars, qu’il y ait une augmentation très forte du prix du dollar et une dévaluation très forte de la monnaie argentine dans les semaines qui viennent et donc une dollarisation de fait de l’économie. »
Javier Milei va-t-il s’assagir au contact d’autres partis politiques ou, au contraire, contribuer à déplacer le curseur politique ?
« Le curseur politique se déplace à l’extrême droite, c’est une certitude », analyse David Copello. Javier Milei s’était un peu « assagi dans l’entre-deux tours pour essayer de capter l’électorat de centre-droite et après sa victoire éclatante, il reprend son discours initial. » Concernant une radicalité évoquant celle de Donald Trump ou Jair Bolsonaro, « Milei se situe dans une espèce d’internationale d’extrême-droite qui rappelle aussi d’autres partis qui existent en Amérique latine. Je pense notamment au Partido de la gente au Chili qui est une sorte de nouvelle droite bitcoin ou à Nayib Bukele au Salvador également qui est dans une sorte d’idéologie de droite contre-culturelle, un peu rebelle. »
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