Chili : « Le résultat du référendum est une semi-victoire pour Boric »
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Pour la deuxième fois en deux ans, les Chiliens ont rejeté le projet de nouvelle Constitution. Le non s’impose avec 55 % des voix. Le précédent texte avait été jugé trop à gauche, celui-ci trop à droite et trop conservateur. Il n’y aura pas de nouvelle tentative, a expliqué le président Boric, assurant ne pas vouloir ignorer les divisions provoquées par le processus de réforme de la Constitution, entamé après les manifestations sociales inédites de 2019.

Gabriel Boric n’aura pas réussi à faire voter de réforme de la Constitution, mais le président et la gauche peuvent tout de même être soulagés d’avoir évité une victoire du oui hier (17 décembre 2023), explique Olivier Compagnon, professeur en Histoire contemporaine de l’Amérique latine à l’Université Sorbonne Nouvelle, « ce qui était en jeu était de remplacer la vieille Constitution de Pinochet par une autre infiniment plus libérale économiquement et conservatrice dans un certain nombre de visions sociales, donc de ce point de vue-là il y a un soulagement dans le camp progressiste. »
Polarisation politique
« Cela dit beaucoup de choses sur la polarisation de la société chilienne », poursuit l’universitaire, rappelant que le mouvement de 2019 avait permis au pôle progressiste de « compter ses troupes » et en face, l’extrême-droite, même si elle n’a pas réussi à faire adopter son texte, obtient quand même près de 45 % des voix. « Ça nous dit quelque chose de très fort pour les années qui viennent, notamment l’élection présidentielle de la fin 2025, et l’extrême-droite sera extrêmement bien placée pour accéder au pouvoir. » Une sorte de retour de manivelle après la victoire de Gabriel Boric en 2021. « On a une société, non pas qui a perdu sa boussole politique, mais qui est travaillée par des mouvements assez extrémistes de part et d’autre. »
Quelle marge de manœuvre pour Gabriel Boric ?
Le président chilien a promis hier (17 décembre) de tourner la page et de mener à bien plusieurs réformes sociales, économiques et notamment celle qu’il considère comme « la mère de toutes les réformes, c’est la réforme fiscale. » Il n’aura pas les mains complètement libres car la Constitution actuelle limite le rôle de l’État en matière économique et sociale, lui laissant une capacité d’intervention en dernier recours, d’autant plus que ce n’est pas le seul problème, souligne Olivier Compagnon : « la conjoncture économique est mauvaise actuellement et Gabriel Boric ne dispose pas d’une majorité parlementaire. »
Le journal de la 1ère
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