État d’urgence en Équateur après l’évasion de l’ennemi public numéro un
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La décision du président a surpris beaucoup d’Équatoriens : un couvre-feu nocturne dans tout le pays et l’armée déployée pour tenter de retrouver Adolfo Macias surnommé Fito, le chef de bande le plus puissant du pays à la tête de 12 000 hommes armés. De fait, les militaires ont pratiquement pris le contrôle de la lutte contre la délinquance avec la police, nous explique notre correspondant Éric Samson, face à un système pénitentiaire totalement décrédibilisé.
Après l’évasion de Fito et une série de scandales, l’armée est désormais chargée du contrôle des prisons dont les narcotrafiquants étaient devenus les véritables patrons. « On a bien vu dimanche lorsque les militaires sont entrés dans la prison, qu’ils ont visité la cellule pour rechercher Fito, on les a vus détruire les antennes des portables que les détenus avaient installées pour pouvoir communiquer, précise notre correspondant en Équateur, on a vu la cellule de Fito avec du grand luxe, la télévision, des portables… on sait que le 30 septembre dernier, il a fêté son anniversaire dans la prison, il a organisé un grand feu d’artifice, il a fait venir de la musique, des filles, etc. »
Un système pénitentiaire décrédibilisé
Les gardes, le directeur de la prison ne pouvaient pas ignorer ce qui se passait dans leurs murs. Et la prison de Guayaquil n’est pas une exception. Il y a quelques mois, les détenus de la prison de Turi ont rempli d’eau le patio de l’établissement pour pouvoir s’y baigner car ils avaient trop chaud, transformant le lieu en une véritable piscine.
Beaucoup demandent la fermeture du système pénitentiaire, explique Eric Samson, dans lequel les gens sont soit achetés, soit corrompus, soit menacés. Les employés qui ne se plient pas aux règles des narcos reçoivent des photos de leurs enfants, des écoles de leurs enfants assorties de menaces, précise notre correspondant citant notamment le cas d’une directrice de prison assassinée l’année dernière.
Le président saisit l’occasion pour promouvoir son référendum pour la sécurité
En annonçant l’état d’urgence hier (8 janvier 2024), Daniel Noboa a vanté son projet de référendum. Dix questions relatives à la sécurité de l’Équateur doivent être soumises au vote des habitants prochainement : pour que les militaires ou policiers ayant fait usage de leur arme pendant leur travail ne soient pas envoyés en prison, pour autoriser les militaires à agir, pour que les détenus ne puissent pas terminer leur peine à domicile, pour essayer d’éviter la corruption des juges… Le pays attend la décision de la Cour constitutionnelle sur ces questions, étape préalable à l’organisation du référendum auquel il manque une question, selon notre correspondant, celle de l’extradition aux États-Unis. « C’est vraiment la seule chose qui fait peur aux narcos parce que lorsqu’ils partent aux États-Unis, c’est fini. Le business est terminé et on n’entend plus parler d’eux. »
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