L’Équateur en « état de guerre » et Guayaquil, ville fantôme
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Les rues de Guayaquil sont quasiment désertes, les écoles vides et les magasins fermés aujourd’hui encore. Des militaires, discrets, patrouillent autour des lieux stratégiques et traquent toujours l’ennemi public numéro un, le chef du gang Los Choneros qui s’est évadé de prison en fin de semaine dernière. Depuis, le président a imposé des mesures d’exception et les groupes criminels ont multiplié les actions violentes et les enlèvements, au point que Daniel Noboa considère désormais son pays « en état de guerre ».
En quatre jours, 14 personnes ont été tuées et les forces de l’ordre annoncent avoir arrêté 329 personnes. Daniel Noboa a également indiqué que 1 500 Colombiens condamnés à des peines de plus de cinq ans de prison seraient extradés, car les narcotrafiquants ont des liens avec des groupes colombiens. Le chef de gang surnommé Fito, lui, court toujours et les violences ont gagné la capitale où l’on a entendu des explosions sur deux ponts et où un attentat a visé un commissariat.
Le journal La Hora se félicite de voir « le pays uni, les forces politiques ont joint leurs voix pour que règnent l’ordre et la paix. » De son exil en Belgique, l’ancien président Rafael Correa, condamné pour corruption dans son pays, réagit lui aussi et indique, en exclusivité sur RFI, être prêt à participer avec son parti à un gouvernement d’union nationale.
Le modèle Bukele, efficace pour la sécurité, néfaste pour les libertés
Alors que de nombreuses voix sur le continent vantent les effets de la politique du président du Salvador contre les groupes criminels, notre envoyée spéciale nous raconte le revers de la politique répressive et du régime d’exception imposé par celui qui se présente lui-même comme un dictateur. Sous couvert de lutte contre les gangs, les forces de l’ordre arrêtent régulièrement des défenseurs des droits de l’homme. Certains sont relâchés rapidement mais, faute d’explication, leurs proches y voient des messages d’intimidation. Depuis l’instauration de l’état d’exception, plus de 75 000 personnes ont été placées en détention et l’immense majorité n’a pas été jugée. « Toute personne qui critique la stratégie de Nayib Bukele de négocier avec les gangs et autres groupes criminels se retrouve victime de campagne de désinformation massive, explique Ana Maria Dardon de l’ONG WOLA, ils ont des trolls sur les réseaux sociaux et n’importe quelle voix dissidente est attaquée à répétition. »
Le journal de la 1ère
Fin du calvaire pour un octogénaire de Fort de France en Martinique.
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