L’Organisation internationale des migrations a donné une nouvelle illustration de l’aggravation de la situation en Haïti, expliquant que la moitié des 310 000 déplacés l’avait été, durant la seule année dernière. Parmi eux, les habitants de Carrefour-Feuilles qui ont dû fuir la violence des gangs au mois d’août 2023. Aujourd’hui encore, la plupart vivent dans des conditions déplorables dans des bâtiments publics. Notre correspondante a pu les rencontrer.

« J’ai quatre enfants et je n’arrive pas à prendre soin d’eux. Je ne peux plus les envoyer à l’école, je ne peux pas les nourrir, ils n’ont pas de vêtements et l’un d’entre eux n’a pas de sandales depuis plusieurs mois, je ne peux pas lui en acheter », résume une femme réfugiée dans une école du centre-ville. Elle vit sans aucune protection ni aide : « ma famille et moi dormons dans la cour à la belle étoile car je n’ai pas de tente. Quand il pleut, je dois attendre que ça passe pour pouvoir me coucher. Je vis grâce à de bons Samaritains mais parfois on se lève et on s’endort sans rien manger. » En plus des difficultés quotidiennes et de l’inquiétude pour ses enfants, elle doit vivre avec le traumatisme de l’attaque qu’elle a subie lorsque les gangs l’ont expulsée de chez elle : « ils m’ont tout pris. Ils m’ont battue et violée, explique-t-elle en montrant des cicatrices sur son dos et son visage, j’ai une douleur récurrente de ce côté-là et cela affecte aussi mon œil. » Une autre femme raconte qu’elle s’arrange avec un bout de tissu pour pouvoir se laver, contrairement aux hommes qui se lavent « n’importe où sur le camp » et elle soupire « on se sent fatigué, on n’en peut plus. Je ne peux plus continuer à accepter cette humiliation alors que j’ai ma propre maison. J’ai appris que des bandits armés l’occupent. Ariel Henry, fais quelque chose ! »
Haïti: le calvaire des déplacés de Carrefour-Feuilles
Le Premier ministre, de plus en plus critiqué. Le parti Réveil national, proche de l’ancien putschiste Guy Philippe, qui vient de purger six ans de prison aux États-Unis pour blanchiment de trafic de drogue, évoque une « offensive contre le gouvernement », demande aux parents de garder les enfants à la maison et aux employés des banques de ne pas aller travailler. Et les manifestations s’étendent, la Brigade syndicale anti-corruption appelle à la grève générale dans tout le pays pour dénoncer l’insécurité sur les routes. La tension sociale monte alors que les violences se multiplient. Hier (28 janvier 2024), des groupes formant auparavant la coalition G9 se sont affrontés dans le centre-ville de Port-au-Prince.
Nayib Bukele, ultra favori à six jours de la présidentielle
Il s’était fait élire sur un programme de lutte contre la pauvreté et la criminalité en 2019. La politique qu’il a lancée depuis a conduit plus de 70 000 personnes en prison, étouffé les voix dissidentes selon plusieurs ONG, mais n’affecte pas la popularité de Nayib Bukele. D’ailleurs, il n’a quasiment pas fait campagne cette fois-ci et Nayib Bukele a beau avoir manipulé les institutions pour briguer un nouveau mandat, il est donné largement vainqueur, devant une opposition qui n’a pas réussi à obtenir la confiance de la population.
Le journal de la 1ère
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