Journal d'Haïti et des Amériques

Argentine : une tonne d’eau pour un mètre cube de gaz de schiste

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En cette Journée mondiale de l’eau, ressource qui manque à plus de deux milliards de personnes dans le monde, notre envoyée spéciale dans la province argentine du Rio Negro nous fait découvrir les conflits nés de l’exploitation à grande échelle du gaz de schiste.

Une plateforme d'extraction de gaz de schiste, près du village d'Añelo, au cœur du méga-gisement de Vaca Muerta, province de Neuquén, Argentine.
Une plateforme d'extraction de gaz de schiste, près du village d'Añelo, au cœur du méga-gisement de Vaca Muerta, province de Neuquén, Argentine. © Stefanie Schüler/RFI
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Pour extraire le gaz et le pétrole de schiste, les multinationales ont recours à la fracturation hydraulique, c’est-à-dire à créer des fissures souterraines en injectant des produits chimiques, du sable et une quantité d’eau extrêmement importante… et pas n’importe quelle eau, il faut qu’elle soit non salée, « comme celle qui coule dans nos cours d’eau, explique Augustin Gonzales, professeur en Agronomie, et face à l’utilisation exponentielle d’eau douce, passée en trois ans de 5 000 mètres cubes par mois à 100 000 en août 2023, la question est de savoir jusqu’à quand nos fleuves pourront résister. » D’autant plus que l’eau sert aussi pour l’agriculture dans cette région semi-désertique. « Le Rio Negro nous apporte une eau d'excellente qualité qui provient de la fonte des neiges dans la cordillère des Andes, ajoute Augustin Gonzales, c'est grâce à cette eau que nous avons pu transformer nos sols pour en faire une terre de production agricole de classe mondiale. Or, le changement climatique nous affecte déjà. Nous avons subi dix ans de sécheresse. La situation est très critique. En dépit de tout ça, nos autorités misent sur une stratégie de court terme et néfaste pour l’environnement plutôt que sur une activité qui devient de plus en plus primordiale : la production alimentaire. »

 

Comment lutter contre l’impunité en Haïti ?

Haïti est le troisième pays au monde où l’impunité est la plus grande, les violences quotidiennes des gangs ont atteint des niveaux dramatiques. « Nous sommes à l’aboutissement d’un long processus et l’on a même atteint un nouveau palier avec l’effondrement des institutions de l’État, analyse Jacques Letang, président de la Fédération des barreaux d’Haïti. Aujourd’hui, l’institution judiciaire n’a plus les moyens de juger les crimes innombrables commis dans le pays, en particulier dans la capitale, « elle n’arrive plus à fonctionner ni même à ouvrir les portes. Il va falloir que les forces politiques fassent preuve de courage et d’imagination et que la transition adresse les exactions du passé pour redonner confiance aux citoyens en leur justice. »

Les exactions, récentes ou plus anciennes, restent impunies. « Malheureusement, l’État à travers ses agents officiels a toujours du mal à appliquer la norme conventionnelle. Haïti se laisse traverser par une culture d’impunité. Les autorités judiciaires ont du mal à rendre justice, à écouter les victimes et leur donner une place, à établir les faits… l’indépendance garantie au niveau de la loi ne l’est pas dans les faits. » Faut-il se tourner vers des mécanismes de justice transitionnelle ? Il n’y a pas de mécanisme parfait et les conditions ne sont pas réunies pour l’instant, commente Jacques Letang, mais le président de la Fédération des barreaux d’Haïti y voit tout de même une voie à ne pas négliger « pour favoriser de nouveau le vivre-ensemble entre Haïtiens et Haïtiennes, permettre aux victimes de trouver justice et à tous d’avoir une idée des faits qui se sont déroulés ces dernières années. » La justice internationale pourrait également être une option selon lui, « je pense qu’il va falloir penser à la combinaison de plusieurs mesures judiciaires et non-judiciaires, comme la mise en place d’une Commission de vérité chargée d’enquêter et la mise en place d’une juridiction internationale pour Haïti afin d’adresser les exactions les plus graves. »

 

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