Jusqu’où ira l’intelligence artificielle?

Jusqu’où ira l’intelligence artificielle (IA) ? Et comment s’y préparer ? Au cœur des enjeux de cette semaine internationale d’action pour l’IA à Paris, cette question fait débat au sein même de la communauté scientifique.

Pendant près d'une semaine, à partir du 6 février 2025, Paris accueille un Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle. © Joël Saget / AFP

Doit-on réguler la recherche ? Les avis divergent, à l’image des deux pionniers de l’IA générative, le Canadien Yoshua Bengio et le Français Yann Le Cun, tous deux lauréats en 2018 du prix Turing, l’équivalent du Nobel en informatique, pour leurs travaux précurseurs. Ces deux amis de longue date ont des visions diamétralement opposées face aux enjeux éthiques, mais aussi politiques, sociaux et économiques posés par le déferlement exponentiel des applications de l’IA générative qu’ils ont contribué à développer. Tous deux s’accordent pour dire que nous sommes en train de changer de monde et que l’on peut désormais compter en années le moment où l’intelligence artificielle, ou plus exactement les capacités des machines, dépasseront les capacités humaines.

Mais l’un, Yann Le Cun, qui dirige aujourd'hui le laboratoire de recherche en intelligence artificielle de Facebook Meta, appelle à accélérer les recherches « pour améliorer la fiabilité des systèmes et conduire à un "nouveau siècle des Lumières" », indique-t-il dans Le Monde. Tandis que l’autre, Yoshua Bengio, professeur à l’Université de Montréal, dont les travaux en IA sont parmi les plus cités au monde, a décidé de s’engager pour un développement responsable de l’IA.

Yoshua Bengio présentera à Paris le premier rapport international sur la sécurité de l’intelligence artificielle, IA Safety Report, sur le modèle des rapports du Giec, le comité d’experts pour le climat. Ce rapport rassemble les contributions de plus d’une centaine de chercheurs en IA dans le monde qui ont documenté trois questions majeures : qu’est-ce que l’IA peut et pourra faire ? Quels sont les risques associés ? Et quelles sont les techniques d’atténuation de ces risques ? Car comme il l’a précisé lors d’une rencontre à l’École normale supérieure de Paris, il est encore possible, et surtout indispensable, de réguler les recherches et les applications de l’IA générative.

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Mais peut-on vraiment ralentir, voire arrêter, le progrès ?

C’est précisément la question qu’il faut absolument se poser aujourd’hui tant qu’il est temps, souligne Yoshua Bengio : « Plus les outils de l’IA deviennent puissants, plus ils sont à la fois incroyablement utiles et démesurément dangereux ». Jusqu’à quel point ? Impossible de le prévoir, comme tout ce qui est nouveau. Le pire n’est jamais certain et il ne s’agit pas de faire du catastrophisme, ni d’oublier les formidables possibilités ouvertes par l’IA dans tous les domaines de nos vies.

Mais une chose est sûre, c’est que ça va vite, très vite, de manière exponentielle. D’où la nécessité, face à toutes ces incertitudes précisément, d’être prêts à toutes les éventualités et donc de se doter d’un cadre de régulation internationale, ce qui est justement le but de ce sommet sur l’IA à Paris, faire que l’IA ne soit plus le « Far West », pour reprendre les mots de Yoshua Bengio dans Le Monde. Même si, quand on sait les centaines de milliards d’investissements annoncés par l’américain Open AI et la technologie révolutionnaire du Chinois Deepseek, on peut avoir quelques doutes sur la réelle prise en compte de ce premier rapport international sur la sécurité de l’intelligence artificielle.

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