L'Épopée des musiques noires

Eric Bibb, ambassadeur de bonne volonté

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Depuis qu’il édite des albums, le guitariste et chanteur afro-américain, Eric Bibb, tient à célébrer les liens qui nous unissent plutôt que les différences qui nous divisent. Cette profession de foi peut paraître naïve et improductive, mais sa constance porte ses fruits et finit toujours par nous convaincre. Son engagement pour une paix universelle, son respect indéfectible pour ses contemporains, son désir farouche d’apprendre du passé, son goût pour narrer sa vérité, le hissent au rang des orateurs précieux de notre XXIe siècle. Son dernier disque, « Ridin’ », est un nouvel appel à la tolérance. En se plongeant dans l’épopée transatlantique du peuple noir, il nous invite à considérer l’histoire comme un enseignement.

Eric Bibb présente «Ridin’» à RFI.
Eric Bibb présente «Ridin’» à RFI. © Christian Rose
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Toutes les compositions d’Eric Bibb invitent à la réflexion et, parfois, insistent sur des moments cruciaux de l’histoire qui ont fait évoluer notre compréhension du monde. Ainsi, dans « Ridin’ », Eric Bibb évoque des lieux, des dates, des personnalités, et ces centaines d’anonymes qui ont façonné son pays natal. Il s’attarde, par exemple, sur des villes emblématiques de la lutte pour l’égalité raciale comme Memphis ou Selma, il narre le massacre de Rosewood, cité martyre de Floride où, en 1923, plusieurs dizaines de résidents noirs avaient subi le châtiment d’un racisme violent et injustifié. Pour autant, ce rappel mémoriel n’est pas une fronde du bluesman mais juste une mise en garde utile pour que de tels drames ne se répètent pas. 

En exclusivité pour RFI, Eric Bibb se dévoile.
En exclusivité pour RFI, Eric Bibb se dévoile. © Christian Rose

Eric Bibb n’est pas un combattant. Il se voit davantage comme un messager. Il est le griot américain qui s’adresse à ses contemporains en tentant de leur faire entendre raison. Il veut rester positif et optimiste. Il est convaincu que nous sommes tous pétris de bons sentiments. Il faut donc laisser parler notre cœur et agir en conséquence. L’un des titres phares de son album « Ridin’ » est « Family ». Eric Bibb ne se tourne pas seulement vers sa propre famille pour trouver le réconfort, il croit sincèrement que nous formons une grande famille, une communauté d’êtres humains solidaires et généreux. Certains sont devenus célèbres, d’autres sont restés inconnus. Qui se souvient aujourd’hui de John Howard Griffin ? Ce journaliste et écrivain américain voulait connaître le quotidien réel des afro-américains dans le sud des États-Unis. À la fin des années 50, il suivit un traitement médical pour brunir sa peau. Le résultat fut si convaincant qu’il décida de partager, pendant plusieurs semaines, la douleur de la population noire en Louisiane, en Alabama et dans le Mississippi. Son livre, « Dans la peau d’un noir », paru en 1961, devint un best-seller et alerta l’opinion publique sur les conditions de vie des citoyens africains-américains à l’aube d’une révolution sociale majeure. Eric Bibb célèbre cet homme engagé dans une mélodie poignante : « The Ballad of John Howard Griffin ». 

Eric Bibb fait une pause avant de reprendre la route.
Eric Bibb fait une pause avant de reprendre la route. © Christian Rose

 Le 23 avril 2023, Eric Bibb sera la vedette d’un spectacle intitulé « From Mali to Mississippi » dans le cadre de l’exposition Basquiat qui se tiendra ce printemps à la Philharmonie de Paris. Il y retrouvera son alter égo, le guitariste Habib Koité, avec qui il avait enregistré, il y a 10 ans, l’album « Brothers in Bamako ». Une fois de plus, Eric Bibb appellera à l’unité et à la concorde entre les peuples. 

 ⇒ Le site d'Eric Bibb

Le spectacle d'Eric Bibb « From Mali to Mississippi » (Philharmonie de Paris).

 

 

 

 

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