Digital Smart Trash rend les poubelles ivoiriennes intelligentes
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Comment généraliser la pratique du tri et du recyclage des déchets en Côte d'Ivoire ? Comment optimiser le travail de collecte pour ensuite acheminer ces déchets au recyclage ? Ce sont les questions et réponses qu’a trouvées Tenon Coulibaly et son entreprise Digital Smart Trash. Cette start-up ivoirienne a mis au point un système de poubelles et de containers connectés qu’elle a présenté à Paris en juin dernier lors du salon VivaTech.

Tenon Coulibaly, cofondateur de Digital Smart Trash, cumule les qualifications d'ingénieur informatique et de consultant en développement durable naturel. Normal, dès lors, qu'il ait décidé d'implanter à Abidjan et dans d'autres villes, un système intelligent de collecte des déchets pour les quartiers où les entreprises. Il raconte :
« Nous sommes essentiellement sur des déchets plus solides et non dangereux. Donc tout ce qu'il y a comme plastique, papier, verre, biodéchets… C’est vraiment dans ces filières-là que nous sommes aujourd'hui. Et ce sont des bacs qui ont une particularité, parce qu’ils ont la possibilité de loger à l'intérieur de ces poubelles une solution capable d'informer sur le niveau de remplissage. Cela permet ainsi d'anticiper la collecte pour éviter de se retrouver avec des bacs pleins, qui ne sont pas collectés à temps. Mais au-delà, cela permet d’assurer une traçabilité de ces déchets-là pour ces entreprises. »

Les poubelles sélectives, une fois remplies de carton, de papier ou de plastique, sont redirigées. Elles partent vers les centres de recyclage, le système d'alerte connecté permettant de faire des économies en transport et donc en pollution carbone, se félicite Tenon.
Réduire l'impact carbone
« Vous savez, la gestion des déchets est réputée pour être énergivore et pour nous, il était important de mettre en place une solution qui permettrait de réduire l'impact carbone pour ces entreprises de collecte. Là, quand vous avez à l'intérieur de certaines poubelles des connecteurs capables de vous informer sur le niveau de remplissage des bacs, cela vous permet d'anticiper la collecte et cela vous permet de définir le meilleur itinéraire de collecte. Cela vous permet par exemple de faire un meilleur dimensionnement des bacs. Et peut-être même de revoir la programmation du passage des camions parce qu'on n'est pas obligé de passer tous les jours. Si vous savez que dans une localité, vous avez un bac qui se remplit chaque deux jours et que, un peu plus loin, vous avez un bac qui met une semaine à se remplir, il faut juste redimensionner le bac qui se remplit chaque deux jours. Afin d'avoir une quantité suffisante et repasser chaque semaine. Cela vous permet de réaliser des économies », explique le cofondateur de Digital Smart Trash.

Plusieurs entreprises ont adhéré à cette collecte intelligente comme Petroci, Castel ou encore le festival du Femua. On trouve aussi des « smart poubelles » dans le nord de la Côte d'Ivoire, à Ferkessédougou ou bien Ouangolodougou. Le principe de la valorisation des déchets n'étant pas si récent que cela, rappelle Tenon Coulibaly, il l'a juste remis au goût du jour :
« Pour la petite histoire, moi, j'ai grandi à l'intérieur, au nord du pays et quand on était petits, on avait toujours des acteurs qui passaient, pour collecter d'une part le plastique, vous aviez d'autres qui collectaient le métal, ils avaient des petites chansons pour prévenir de leur passage. Quand vous entendiez cela, vous stockiez quelque part les déchets parce que vous saviez que cela peut vous rapporter quelques centimes d'euro. Donc ça en soi, c'est une façon de trier. Nous, aujourd'hui, on essaie de formaliser ce tri-là, mais les ménages trient et ont toujours trié. Notre but, c'était de voir comment est-ce qu’on pouvait associer ces habitudes avec nos techniques. »
« On a besoin d'acteurs nationaux qui se positionnent sur ce sujet »
Un projet qui a séduit l'opérateur téléphonique Orange qui, chaque année, accompagne des start-up dans un programme d'incubation. Habib Bamba est le directeur de la Fondation Orange Côte d'Ivoire.

« On a sélectionné Digital Smart Trash justement parce que, au-delà du volet innovant, on avait ce fort volet environnemental et social. C'est vraiment du "tech for good" ! Je pense qu'en Côte d'Ivoire en particulier, peut-être en Afrique de manière un peu plus générale, on a une vision qui commence à avancer, mais un peu diverse au sujet écologique. Il y a un peu cette impression qu'on a des urgences un peu plus fortes en matière de santé ou d’éducation et on sent qu'il faut un peu plus pousser pour ce sujet-là. Et d'avoir des start-up comme celle-ci, locales, qui prennent cette problématique à bras le corps et qui sensibilisent sur le sujet en essayant d'apporter des résultats concrets… Pour nous, c'est quelque chose de fort. On a besoin d'acteurs nationaux qui se positionnent sur ce sujet », s'enthousiasme Habib Bamba.
À ses débuts, en 2018, la start-up Digital Smart Trash s'est financée sur fonds propres et peut aujourd'hui recycler jusqu'à sept tonnes de plastique, par jour. Selon l'Institut de l'économie circulaire d'Abidjan, la capitale économique produit 1 900 000 tonnes de déchets par an, ce qui pourrait générer jusqu'à 35 000 emplois.
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