La marche du monde

Taïwan, un long chemin vers la démocratie

Publié le :

Épisode 2 «Tourner la page de la dictature» (1980-Années 2000).  

Shih Ming-Teh, l’un des leaders du mouvement «hors parti», appelé le «Nelson Mandela» taïwanais par ses fans.
Shih Ming-Teh, l’un des leaders du mouvement «hors parti», appelé le «Nelson Mandela» taïwanais par ses fans. © Adrien Simorre
Publicité

Suite à la prise de pouvoir de Mao sur le continent chinois, les nationalistes du Kuomintang s’exilent en 1949 à Taïwan où le parti unique de Chiang Kaï-shek impose son régime par la terreur, au nom de la lutte contre le communisme. Mais à Taïwan, les résistants sont de plus en plus nombreux. Et dans les années 80, la lutte s’organise autour d’un nationalisme taïwanais, expression d’une aspiration grandissante à la démocratie et à l’indépendance, comme en témoigne Shih Ming-Teh, appelés par ses fans le «Nelson Mandela» taïwanais. Retrouvez les voix de la démocratie taïwanaise dans notre reportage long format signé Adrien Simorre, notre correspondant à Taïpei.

À écouter :

Le premier épisode Taïwan, un long chemin vers la démocratie

CHRONOLOGIE (adaptée de l’ouvrage Formosana, Histoires de démocratie à Taïwan, L’Asiathèque, 2021) :

- 30 000 av. J-C : estimation de la première présence d’Homo Sapiens à Taïwan.

4000 av. J.-C. : premières traces archéologiques de la présence de populations austronésiennes (ancêtres des autochtones actuels) à Taïwan.

1540 : des navigateurs portugais croisent au large de Taïwan, qu’ils nomment «Ilha Formosa» («belle-île»).

1604 : Pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les Hollandais s’installent sur les îles Pescadores, au large de Formose, pour commercer avec la Chine. En 1624, ils s’installent dans l’actuelle ville de Tainan et font venir sur l’île les premiers colons han.

1626 à 1642 : bases espagnoles dans le nord de l’île (Fort San Salvador à Keelung ; fort Santo Domingo à Tamsui). Les Espagnols seront expulsés par les Hollandais.

1662 : les Hollandais sont à leur tour chassés, par Koxinga (Zheng Cheng-kong), loyaliste des Ming.

1683 : Zheng est délogé et Taïwan passe sous commandement mandchou (dynastie Qing).

1884-1885 : l’armée française occupe les Pescadores et deux ports du nord de Taïwan, proclamant le blocus de l’île de Formose.

1895 : à l’issue de la guerre sino-japonaise, le gouvernement Qing cède la souveraineté sur Taïwan au Japon. De mai à octobre, un groupe de loyalistes Qing fonde l’éphémère République de Taïwan, première République d’Asie. Celle-ci est rapidement démantelée par les troupes japonaises.

1911-1912: l'empire Qing est renversé par des révolutionnaires chinois qui proclament la République de Chine.

1945 : Capitulation du Japon. La République de Chine prend le contrôle de Taïwan.

28 février 1947 : soulèvement populaire dit «Évènements du 28 février». Le gouvernement du Kuomintang (KMT) envoie des troupes du continent et réprime la contestation dans le sang (entre 20 et 30 000 morts).

1949 : transfert du siège du gouvernement du Kuomintang de Chine continentale à Taïwan, après sa défaite face aux communistes sur le continent. Instauration de la loi martiale le 19 mai 1949.

1971 : L’ONU vote la reconnaissance de la République populaire de Chine comme seul représentant légitime de la Chine à l’Organisation des Nations unies.

1975 : Mort de Chiang Kai-shek. Son fils Chiang Ching-Kuo prend la tête du pays.

1979 : incident de Kaohsiung - arrestation de l’équipe dirigeante du magazine Formose.

1978-1988 : présidence de Chiang Ching Kuo (1910-1988), fils de Tchang Kaï-chek. Chiang permet progressivement la participation de Taïwanais «de souche» à l’administration et au parti, jusque-là réservés aux continentaux, ouvrant la voie à son successeur Lee Teng-hui.

1984 : Lee Teng-hui est nommé vice-président.

1986 : création du Parti démocrate progressiste.

14 juillet 1987 : levée de la loi martiale, en vigueur depuis le 19 mai 1949.

1988 – 1996 : présidence Lee Teng-Hui, premier Taïwanais de souche issu des rangs du KMT.

1990 : mouvement étudiant des Lys sauvages.

1996 : première élection présidentielle au suffrage universel direct.

Présidentielle 2000 : première alternance politique avec la victoire de Chen Shui-Bian (parti démocrate-progressiste) aux élections présidentielles.

EN IMAGES

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

Formosana, Histoires de démocratie à Taïwan, L’Asiathèque, 2021

Le Goût de la liberté, Peng Min-ming, éd. René Viénet, 2011

Le Dangwai et la démocratie à Taïwan, Samia Ferhat, L’Harmattan, 1998

Lee Teng-Hui et la révolution tranquille de Taïwan, Jacinta Ho Kang-mei et Pierre Mallet, L’Harmattan, 2005

Formose, LIN Li-Chin, Éditions ça et là, 2011

Chiang Ching-kuo, le fils du Generalissimo, Jay Talor, Trad. Pierre Mallet, Éditions René Viénet, 2016.

REMERCIEMENTS :

Merci à toutes les personnes ayant accepté de partager leurs témoignages, ainsi qu’à Madame Annette Lu, Peng Jen-Yu, Wei Hua-Tu du musée national des droits de l’homme, Eeling Chiu d’Amnesty International Taïwan, à Gwenaël Gaffric, Hugo Tierny, et aux membres de l’association World United Formosans for Independence.

Cette émission est dédiée à Madame Shen Yu-Mei, prof d’histoire et fervente démocrate, décédée en août 2020.

 

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes