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Vagondo Diomandé, ministre ivoirien: «Guillaume Soro peut rentrer en Côte d'Ivoire quand il veut»

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À l'occasion de sa visite en France et notamment au salon Milipol, le ministre ivoirien de l'Intérieur et de la sécurité Vagondo Diomandé est l'invité de RFI. Il réagit à l'organisation de la CAN de football en Côte d'Ivoire qui doit débuter en janvier 2024, au voisinage parfois compliqué avec le Burkina Faso. Vagondo Diomandé évoque aussi le cas Guillaume Soro condamné par la justice ivoirienne, en exil mais qui fait part de son souhait de rentrer dans son pays.

Vagondo Diomandé, ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité, à Berne en Suisse, novembre 2021.
Vagondo Diomandé, ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité, à Berne en Suisse, novembre 2021. © AP/Marcel Bieri
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RFI : Monsieur le ministre, qu’est-ce qui est le plus à craindre pour la CAN 2024 ? Les mouvements de foule ou bien les attaques terroristes ?

Vagondo Diomandé : Pour la CAN 2024, en tant que ministre de la Sécurité, j’ai fait évidemment avec mes collaborateurs toutes les hypothèses qui nous permettront de prendre les mesures qu’il faut pour faire face à tout type de situation. Je crois comprendre à travers votre question que nous sommes dans un contexte où beaucoup de gens ont de bonnes raisons de s’inquiéter. Mais je peux vous assurer que nous avons pensé à tout type de situation. Nous avons formé nos collaborateurs en conséquence, équipé aussi en conséquence, nous avons fait le recrutement conséquent et surtout la formation qui accompagne avec les exercices de simulation grandeur nature pour être fin prêts le jour du lancement de cette grande compétition. Et d’ailleurs, nous venons de faire un test grandeur nature avec la Coupe d’Afrique des champions féminine [Ligue des championnes de la CAF, NDLR] qui se déroule très bien et nous en tirerons tous les enseignements pour réadapter au besoin le dispositif qui a été conçu pour la CAN.

Une question sur une autre thématique, sur Guillaume Soro, ex-Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale qui est en exil depuis plus de 4 ans. Son entourage affirme que les autorités ivoiriennes avaient prévu de le kidnapper en Turquie…

Laissez-moi vous dire très clairement que j’ai été parmi les premiers à être surpris par cette information. À ma connaissance, la Côte d’Ivoire n’a absolument rien fait dans ce sens. Permettez aussi que je vous dise : Guillaume Soro comme tout autre Ivoirien peut rentrer en Côte d’Ivoire quand il veut. Guillaume Soro ne restera pas éternellement loin de son pays.

En l’occurrence, si Guillaume Soro revient demain à Abidjan, vous serez à l’aéroport pour l’accueillir et l’emmener en prison ?

Ah, mais non, vous ne parlez pas de prison.

Il a été condamné…

Je ne suis pas le ministre de la Justice, vous comprenez. Je vous assure que Guillaume Soro est le bienvenu dans son pays.

Mais il faudra qu’il rende des comptes quand même par rapport aux décisions de justice, justement ?

Oui, mais vous n’allez pas m’amener à dire que « oui, quand Guillaume Soro va arriver, voilà ce qui va se passer... » Mais non ! Les autorités judiciaires sont mieux placées que moi pour apprécier.

À votre avis, le choix d’être accueilli à Niamey, reçu par le général Abdourahamane Tiani, est-ce que c’est une forme de provocation de la part de Guillaume Soro vis-à-vis d’Alassane Ouattara ?

Je n’ai pas les contours de la visite de Guillaume Soro au Niger. Et vous me voyez très mal à l’aise d’en parler de peur de dire des choses qui ne sont pas totalement vraies.

Un autre sujet délicat, c’est la question de ces deux gendarmes qui ont été arrêtés par des autorités burkinabè à la frontière ivoirienne, c’est-à-dire à la frontière burkinabè en l’occurrence. Ils sont toujours retenus actuellement à Ouagadougou. Où en êtes-vous des négociations ?

Je ne suis pas informé d’une quelconque négociation sur cette question. Je suis toujours dans la logique que nos frères du Burkina décident de nous remettre nos deux gendarmes, exactement comme nous avons eu l’habitude de le faire entre nous. Par le passé, nous avons eu des cas similaires où des membres des forces de défense et de sécurité burkinabè se sont retrouvés en territoire ivoirien par mégarde. Nous nous sommes arrangés avec nos frères du Burkina pour faire les échanges entre autorités préfectorales ou alors entre autorités policières. Ce n’est pas allé au-delà de ça. Donc, je suis toujours dans la même logique.

Est-ce qu’on peut penser que les tensions ou la mésentente qui existe en ce moment entre Abidjan et Ouagadougou - on ne peut pas le nier -, est-ce que vous pensez que ces problèmes de relations entre les deux pays facilitent le travail et la tâche des terroristes à la frontière ?

Non. Il ne faut pas dramatiser. Le Burkina mène des opérations le long de sa frontière sud avec la Côte d’Ivoire. De la même manière, la Côte d’Ivoire mène les opérations le long de sa frontière nord avec le Burkina. Donc, je ne veux pas croire que la tâche est facile pour les terroristes. Mais l’accord qui a été trouvé, c’est que chacun sécurise ses frontières.

 

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