Élections en RDC: «Nous avons besoin d'une opposition qui participe au jeu démocratique»
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En RDC, le processus électoral se poursuit, on attend les résultats de certains des scrutins qui se sont tenus à partir du 20 décembre : législatives, provinciales et municipales partielles. Pour la présidentielle, la Cour constitutionnelle doit encore arbitrer des recours contre la réélection du président sortant. Selon les chiffres provisoires, Félix Tshisekedi l’emporte avec plus de 73% des suffrages. Une large victoire sur laquelle revient son directeur de campagne, Jacquemain Shabani.

RFI : Jacquemain Shabani, vous êtes le directeur de campagne du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats provisoires, il remporte cette élection. Alors comment expliquez-vous cette victoire ?
Jacquemain Shabani : Le président Félix Tshisekedi a eu un bilan à présenter au peuple congolais, aux électeurs. Je crois qu’ils l'ont perçu très positivement. Deuxièmement, elle s'explique aussi par la campagne qu’il a mené. Il faut arriver à considérer que sur les 26 candidats inscrits, 19 qui sont partis en campagne, il est le seul à avoir réussi en 27 jours d'ailleurs, à faire les 26 provinces, 53 meetings. Et je crois que le score qu'il a fait à ces élections, 73%, c'est la photographie de tout cela.
On a vu, notamment sur la deuxième partie de la campagne, la montée d'un discours très souverainiste, voire nationaliste. C'est ça qui a convaincu les électeurs ?
Ce que vous appelez nationaliste, je crois que vous faites allusion aux réalités principalement du pays. Il ne faut pas qu'on oublie que nous sommes allés aux élections pendant que la République démocratique est agressée, est en guerre. Il y a des terroristes qui attaquent ce pays, des mercenaires avec en tête Paul Kagame et le Rwanda. Donc c'est une thématique qui intéresse tous les Congolais, les électeurs et les non-électeurs. Malheureusement, pour d'autres candidats, ils n'ont même pas réussi à l’aborder, et les électeurs ont compris cela, ils en ont fait aussi un intérêt particulier.
Une partie de l'opposition ne reconnaît pas ces résultats provisoires. Ils n'ont pas fait de requête pour autant, ils appellent à user de l'article 64 de la Constitution et appellent finalement les Congolais à contester. Qu'est-ce que vous avez envie de leur répondre ?
C’est d'une certaine manière, on pourrait dire politiquement correct, mais c'est quelque peu malheureux sur le plan républicain. Vous avez accepté de participer à un scrutin, vous ne l'avez pas gagné, il aurait été plus digne pour eux et j'espère qu'ils vont se rattraper pour venir participer à la construction de ce pays. Nous sommes tous ensemble en train de construire une démocratie dans une jeune nation qui est la République démocratique du Congo.
Est-ce qu'aujourd'hui il y a des initiatives pour tendre cette main à cette partie de l'opposition ?
Déjà, le message que le président Félix Tshisekedi a prononcé le 31 décembre est une initiative considérable. Il faudrait que tout le monde puisse la saisir pour l'intérêt de notre pays, mais je connais très bien notre classe politique, notre nation même. Je sais que les initiatives vont se multiplier dans ce sens-là. L'opposition, dans une république, a sa place. Elle a son rôle à jouer, un rôle non négligeable, et nous avons besoin d'avoir une opposition qui participe au jeu démocratique.
Il va falloir maintenant attendre de connaître la majorité et de connaître de quoi sera composé le Parlement congolais. Les résultats des législatives se font un peu attendre. On nous les annonçait pour le 3 janvier, on ne les a toujours pas. Qu'est ce qui peut expliquer ce retard ?
J'estime que la Céni [Commission électorale nationale indépendante, NDLR] doit avoir eu des petites difficultés dans son exercice de compilation de ces résultats, mais il nous a été fait savoir que dans les prochains jours, ici très proches, les résultats seront connus. Effectivement, nous tous nous les attendons pour permettre à ce que les institutions de la République soient mises en place dans les délais les plus brefs possibles.
La Céni a reconnu elle-même des irrégularités, elle dit que ça va toucher les résultats des élections législatives, qu'il risque même d'y avoir des annulations. En tout cas, elle a mis en place une commission pour arbitrer ces irrégularités. Comment expliquer que ces irrégularités, elles, ne concernent finalement que les scrutins législatifs et locaux et pas la présidentielle, alors que tout le monde votait en même temps ?
C'est la Céni qui organise les élections, elle en a la responsabilité constitutionnelle. Elle nous a informé de la mise en place de cette commission. Nous attendons tous les résolutions de cette commission. Pour mon compte, j'estime que tout ce qui est considéré comme irrégularité devrait faire l'objet de sanctions. Maintenant, c'est la Céni qui détermine quelles sont ces irrégularités et qu'est-ce que ça a eu comme impact sur les différents quatre scrutins qu'elle a organisés.
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