Présidentielle en RDC: l'opposant Moïse Katumbi «doit accepter et reconnaitre son échec»
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« On a fait une campagne d'encerclement géographique et c'est pour cela qu'on a gagné ». Voilà la réponse d'Augustin Kabuya au porte-parole de l'opposant Moïse Katumbi, qui affirmait ce 16 janvier sur RFI, que la République démocratique du Congo venait de vivre « le plus grand braquage électoral de son histoire ». Au Congo, Augustin Kabuya est le secrétaire général du parti au pouvoir UDPS. C'est aussi l'un des stratèges de la campagne que vient de mener Félix Tshisekedi pour sa réélection. Entretien.

RFI : « Avec les élections du mois dernier, nous venons de vivre le plus grand braquage électoral de l’histoire du Congo », affirme le porte-parole du candidat Moïse Katumbi. Qu’est-ce que vous lui répondez ?
Augustin Kabuya : Je pense qu’un homme sérieux ne peut pas dire ce qu’il a dit. Je ne pense pas que [Moïse] Katumbi ait bien préparé les élections. Mais je peux vous dire que l’Union sacrée a mené une campagne d’encerclement. Quand vous regardez au nord de notre pays, tous les hommes influents de la politique congolaise étaient derrière le candidat numéro 20, son excellence Félix Tshisekedi. Quand vous allez au niveau de l’Est, c’était la même chose. À l’ouest, n’en parlons même pas. Et je peux encore aller plus loin. Même la façon de communiquer. Quand vous regardez les zones linguistiques : au niveau du Nord, le candidat numéro 20, Félix Tshisekedi, avait la facilité de communiquer [dans la langue régionale - NDLR] ; quand vous allez à l’Ouest, il avait cette facilité de communiquer ; à l’Est, c’était la même chose ; au centre n’en parlons pas.
Quand vous prenez le candidat Katumbi, il pouvait mieux communiquer au niveau de l’Est, au niveau du Grand-Katanga. Quand il arrivait au niveau du Centre, cela devenait difficile pour lui. Quand il allait au Nord, c’était difficile. À l’Ouest, c’était difficile. Je vous dis que c’était une vaste blague, une comédie. Ils doivent accepter et reconnaître leur échec.
La grande crainte de l’opposition maintenant, c’est qu’à présent, au Congo, la communauté kasaïenne s’arroge tous les pouvoirs.
Non, c’est faux, archi-faux. Le Premier ministre est originaire du Katanga, le président du Sénat est originaire du Sud-Kivu, le président de l’Assemblée nationale est originaire du Grand-Bandundu et le chef d’État-major général de notre armée est du Katanga. Quand vous allez au niveau de l’Agence nationale de renseignements, le chef de cette agence est originaire du Kongo-Central.
Et dans cette affaire, qui a battu campagne pour le président Tshisekedi ? Ce n’était pas seulement le peuple kasaïen ! Quand vous regardez Jean-Pierre Bemba, avec tous les ressortissants du Grand-Équateur, ils ne sont pas du Kasaï ! Quand vous regardez le vice-Premier ministre de l’Économie Vital Kamerhe, il n’est pas du Kasaï ! Mais pourquoi cet argument de faibles ? Ils ont perdu ! La population n’était pas d’accord avec eux, ils doivent accepter leur échec.
Aux élections législatives, votre parti UPDS arrive en tête avec 69 sièges, avec un siège pour vous d’ailleurs, Augustin Kabuya. Avec vos partis satellites, vous avez un socle de 140 sièges, mais on est loin des 251 sièges nécessaires à la majorité. Pour cela, il vous faut l’UNC de Vital Kamerhe, l’AFDC de Modeste Bahati, le MLC de Jean-Pierre Bemba, est-ce que vous êtes certains de leur loyauté pour les cinq ans qui viennent ? C’est long, une législature de cinq ans…
Monsieur Boisbouvier, je dois vous dire sincèrement que je suis membre du présidium (de l’Union Sacrée). Je connais la loyauté des hommes que vous venez de citer. Ils ont été loyaux, ils ont mouillé le maillot pour la réélection de son excellence Félix-Antoine Tshisekedi. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais dire qu’ils ne sont pas loyaux. Ils étaient sur toutes les lignes de front. Ils ont travaillé… La campagne était organisée sur la base des zones géographiques et linguistiques. Et nous avons battu campagne de cette manière. Les résultats sont là.
Ceux qui ne voulaient pas appliquer cette méthode n’ont pas apporté quelque chose. Je peux vous dire, quand vous regardez quelqu’un comme Franck Diongo, derrière [Moïse] Katumbi, il est du Kasaï ! Quel a été son apport ? Quand vous regardez Delly Sesanga, originaire du Kasaï et proche de Katumbi, quel a été son apport ? Quand vous regardez d’autres personnes dont j’ignore même le nom… Je peux parler de Matata [Ponyo Mapon] au niveau du Maniema, il a apporté quelque chose [à Katumbi]. Mais c’est tout !
Selon la Constitution, le président Félix Tshisekedi vient d’être élu pour un second et dernier mandat. Mais l’opposition affirme que vous préparez un changement de Constitution afin qu’il puisse se présenter en 2028 pour un troisième mandat. Comment réagissez-vous ?
Vous regardez cette fameuse opposition, on sait qu’il n’y a pas de sérieux. Ce sont des gens qui, quand ils se réveillent, racontent des choses qui ne sont pas fondées. Quel jour avons-nous envisagé une telle démarche, au cours de quelle réunion ? Les hommes sérieux ne peuvent pas raconter des mensonges comme cela sur la place publique. Ils cherchent à prêter des intentions au chef de l’État qui ne les a même pas pensées ?
Donc il n’y aura pas de troisième mandat pour Félix Tshisekedi ?
Félix Tshisekedi vient d’une école qui n’est pas n’importe quelle école. Il vient de l’école d’Étienne Tshisekedi, de l’école de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UPDS). Un parti politique qui a une histoire dans notre pays.
Et s’il respecte l’école de son père, cela sous-entend qu’il respectera la Constitution et qu’il ne la modifiera pas pour se présenter à un troisième mandat, c’est cela que vous voulez dire ?
Oui, voilà, vous êtes allés directement à la conclusion. Félix Tshisekedi, c’est un modèle, il vient d’une école.
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