Victor Osimhen: «Je voulais rencontrer Didier Drogba depuis que je suis enfant»
Publié le :
Le footballeur nigérian Victor Osimhen, l’un des meilleurs attaquants du monde, qui a été sacré par la Confédération africaine de football joueur africain de l’année 2023, se trouve actuellement à la CAN dont il est l’une des grandes stars. C’est là que RFI a pu lui remettre enfin le prix Marc-Vivien Foé décerné au meilleur joueur africain de Ligue 1, qu’il avait gagné en 2020 à la fin d’une saison écourtée par le Covid. Il répond aux questions de Christophe Jousset.
RFI : Comment vous sentez-vous avec ce trophée, ce prix Marc-Vivien Foé entre les mains ?
Victor Osimhen : Ça fait du bien. Cela signifie beaucoup pour moi. Je me souviens d'avoir remporté ce prix, mais je n’avais pas pu recevoir le trophée. Je vous remercie d'être venus jusqu'ici pour me le remettre. Je veux adresser un merci tout particulier à mon ancien club, Lille, pour son soutien et son amour. Je pense aussi à mes anciens coéquipiers lillois qui m'ont aidé à obtenir cette récompense historique. Je suis heureux et cela me donne une grande motivation pour continuer à avancer dans ma carrière.
Meilleur joueur de Ligue 1 en 2020 et trois ans plus tard, le trophée de la CAF de meilleur joueur africain, vos progrès ont été rapides. Vous vous attendiez à aller aussi vite ?
Oui, je pense que tout ce qui m’arrive est bon. Je pense que je l’ai mérité. J'ai vécu beaucoup d'échecs, beaucoup de déceptions. Beaucoup de gens m’ont laissé de côté, pensant que je ne pourrais jamais réaliser quelque chose de plus grand et devenir le footballeur africain de l’année. Mais pour moi, c'est du travail et de la cohérence, car je donne vraiment tout : de la sueur, du sang et des larmes, pour réaliser mes rêves. Et s’imposer, c’est un énorme défi pour moi. Je ne peux pas mentir. Ce n'est que le début. C'est seulement une motivation pour continuer à avancer. Et je sais que j’ai vraiment tellement de choses à accomplir.
C’est votre première véritable CAN avec le Nigeria – vous avez joué seulement 45 minutes en 2019 -, qu’est-ce que ça fait de jouer et de jouer les premiers rôles ?
Ça fait du bien. En 2019, Odion Ighalo était l'attaquant titulaire et c'était important pour moi de pouvoir le regarder et acquérir une certaine expérience. Il me motive. C'est un grand frère pour moi. En 2019, quand j'ai eu ces 45 minutes, ce n'était pas vraiment les bonnes 45 minutes parce que j’étais assez nerveux. C'était la première fois que je jouais dans une compétition comme ça. Mais bien sûr, au fil du temps, j’ai grandi, je me suis amélioré. J'ai eu cette confiance et pour moi, venir ici maintenant en tant qu'attaquant numéro un, et représenter mon pays, c'est un grand honneur. Je suis prêt. Peu importe ce que les gens disent, je m'en fiche. Moi, je suis concentré, avec l’objectif d'aider l'équipe à remporter la CAN. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Je suis vraiment prêt à tout donner.
Vous avez battu la Côte d’Ivoire jeudi à Abidjan, c’est le vrai départ du Nigeria dans cette compétition ?
Oui, bien sûr, nous avons encore eu un match nul décevant contre la Guinée-équatoriale lors du premier match. On aurait mérité de gagner... Nous avons raté beaucoup d'occasions. Mais ensuite, nous avons battu le pays-hôte. Nous devons continuer. On a un grand respect pour l'équipe ivoirienne, car ils ont beaucoup de joueurs de qualité, capables de leur faire gagner les matches. Mais bien sûr, nous étions déterminés. Je pense que c'était l'un des meilleurs matchs que mes coéquipiers et moi avons jamais joué depuis que je suis arrivé chez les Super Eagles. On a pu voir la passion et la détermination qui étaient les nôtres. Je pense donc que nous méritons la victoire et que nous continuerons à partir de là.
Jeudi, vous avez croisé Didier Drogba au stade, vous lui avez dit Yako (un terme pour affirmer sa compassion en Côte d’Ivoire, dire que l’on est désolé, Ndlr) ?
(Il rit) Je ne savais même pas qu'il était derrière moi. En fait, c'était avant le match, j’étais prêt à sortir pour l'échauffement et puis j'ai senti quelqu'un me taper dans le dos. Et quand je me suis retourné, j'ai vu que c'était lui. Pour moi, c'était un grand moment. C'était court, mais c'était vraiment un grand moment. C’est quelque chose que je chérirai pour le reste de ma vie, car je voulais rencontrer Didier Drogba depuis que je suis enfant. Et je ne peux pas mentir, j’avais la chair de poule. C’est une grande inspiration pour moi, une grande icône. Et ce qu’il a fait pour le football, l’espoir qu’il a donné aux enfants africains de devenir footballeurs professionnels est vraiment incroyable. C’est vraiment la plus grande légende d'Afrique !
Vous faisiez partie de ces enfants qui regardaient Drogba comme une idole ?
Ouais, bien sûr, en grandissant, j'avais ce type qui me disait : j'ai joué avec Didier Drogba, puis il m'appelait chez lui et me montrait ses vidéos sur YouTube et tout ça. Et ça m’a inspiré parce que Drogba et moi, on joue un peu de la même manière, avec presque les mêmes qualités. Je regarde encore des vidéos sur YouTube pour analyser sa manière de jouer et rajouter quelque chose de lui dans mon jeu. Je pense qu’il m’a aidé à devenir le joueur que je suis. Je lui dois une partie de mon succès parce qu’il m’a inspiré et je ne dis pas ça à la légère, il m’inspire vraiment…
Il vous reste à jouer contre la Guinée-Bissau au premier tour, c’est assez simple pour les Super Eagles ?
La Guinée-Bissau n’a rien d’un adversaire facile, croyez-moi. On les a affrontés en éliminatoires de la CAN, ils sont venus à Abuja pour gagner, et ils l’ont fait. Quand on s’est déplacé chez eux, on a gagné sur un penalty et ils nous avaient posé des problèmes. Ils avaient raté beaucoup d’occasions. C’est une équipe qui ne doit pas être sous-estimée. Aucune équipe ne doit l’être. Regardez ce que fait la Guinée-équatoriale, ce que la Namibie a réussi. Quand vous affrontez ce genre d’équipes, il faut sortir le grand jeu, il faut être fort, et se battre pour gagner. Je pense que le match sera comme celui contre la Guinée-équatoriale ou la Côte d’Ivoire. On sait qu’ils peuvent nous faire mal si on les laisse jouer.
Vous diriez que le Nigeria est là pour gagner la CAN maintenant ?
Bien sûr ! Comme toutes les autres nations. On est venus pour gagner depuis que le coach nous a présenté son plan. Il a considéré que la CAN devait être un objectif parce qu’on a la qualité nécessaire. On n’a joué que deux matches, il en reste cinq donc ça ne sera pas facile. La route sera longue, mais on est déterminés à gagner.
Le Nigeria, ce n’est pas seulement des attaquants ?
Bien sûr que non ! On a plein de milieux créatifs, notre gardien aussi est très bon et on a une excellente équipe. Alors maintenant qu’on a de bonnes bases, qu’on a battu le pays organisateur, ce qui est une sacrée performance, je pense qu’on va continuer d’aller de l’avant.
► Liens :
• CAN 2024
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne