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Présidentielle au Sénégal: le camp de l'opposant Ousmane Sonko pense gagner

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Malgré le rejet de la candidature de l’opposant Ousmane Sonko par le Conseil constitutionnel, son parti Pastef, qui est officiellement dissous, se dit sûr de la victoire, même avec un candidat de substitution qui est aujourd’hui derrière les barreaux.

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Biram Souleye Diop, lors de son entretien accordé à RFI et France 24, le 29 janvier 2024.
Biram Souleye Diop, lors de son entretien accordé à RFI et France 24, le 29 janvier 2024. © RFI / France 24
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Le 28 janvier, dans une vidéo non datée, Ousmane Sonko, qui est en prison, a désigné son numéro 2, Bassirou Diomaye Faye, comme son remplaçant à la présidentielle du 25 février au Sénégal. Certes, Bassirou Diomaye Faye est, lui aussi, en prison. Mais lui a vu sa candidature validée par le Conseil constitutionnel. Et sur RFI et France 24, Birame Souleye Diop, qui est le vice-président du Pastef et le chef du groupe Pastef à l’Assemblée nationale, affirme aujourd’hui que le candidat-prisonnier Bassirou Diomaye Faye est « tout à fait calibré pour répondre aux attentes des électeurs, car il a rigoureusement travaillé sur le programme politique que nous portons ».

Comment faire campagne derrière les barreaux ? Birame Souleye Diop rappelle qu’il y a un précédent célèbre. En août 2018, au Brésil, le prisonnier Lula da Silva s’est présenté à la présidentielle d’octobre. Certes, sa candidature n’a pas été validée à l’époque. Mais quatre ans plus tard, Lula, qui avait été libéré entre-temps, a été élu.

Le camp d’Ousmane Sonko ne risque-t-il pas d’être laminé par la machine électorale qui soutient le Premier ministre Amadou Ba, le dauphin du président Macky Sall ? « Pas du tout, réplique Birame Souleye Diop, car Amadou Ba, il ne passe pas dans la rue pour qu’on dise “Amadou Ba”, il passe dans la rue pour entendre “Ousmane Sonko”, il n’a jamais fait de politique, il ne se préoccupe pas de la vie chère et les intentions de vote en notre faveur tournent autour de 71 % ».

L’absence de réactions dans la rue après le rejet de la candidature d’Ousmane Sonko ne traduit-elle pas un essoufflement de son camp ? Absolument pas, répond le vice-président du Pastef, car son mouvement « adapte sa stratégie aux circonstances ». Après la stratégie de la rue est venue celle des urnes.


RFI & France 24 : Bassirou Diomaye Faye est en prison dans l’attente d’un jugement. Est-ce que vous êtes optimiste quant à sa remise en liberté provisoire, puisque lui, au contraire d’Ousmane Sonko, a le droit d’être candidat, selon le Conseil constitutionnel ?

Birame Souleye Diop : Ce qu’il faut savoir, c’est que Bassirou Diomaye Faye a introduit cinq demandes de liberté provisoire qui ont été rejetées. Vous savez, la particularité du projet, c’est que nous tous nous le portons. Il est notre candidat si on le décide. Si le président Ousmane  Sonko décide que c’est autour de lui que nous devons fédérer nos efforts avec les alliés, qu’il soit libre ou pas, le travail se fera. Parce que l’important, c’est de porter un programme politique. L’important, c’est de communiquer sur les réformes que nous sommes en train de porter et lui a travaillé rigoureusement sur le programme politique que nous portons. Aujourd’hui, il est clair et net que monsieur Bassirou Diomaye Faye connaît bien le projet que nous portons, il est tout à fait calibré pour répondre à cette attente.

Il y a juste quand même un problème, c’est qu’il est en prison. Est-ce que, s’il reste en prison, il va rester votre candidat ? Comment est-ce qu’on fait campagne, comment est-ce qu’on peut espérer gagner derrière les barreaux ?  

Vous n’avez jamais vu un candidat remporter les élections derrière les barreaux ? Je pense que l’histoire politique récente du Brésil montre que Lula a remporté les élections en étant derrière les barreaux. S’il reste en prison, nous battrons campagne pour lui et je vous assure que, dans les pronostics, on est sûrs d’aboutir à la victoire.

Le Premier ministre, Amadou Ba, se dit certain de gagner dès le premier tour. Alors il est à la tête, quand même, d’une machine électorale qui est très bien implantée dans le pays. Votre parti à vous est dissous, vos principaux dirigeants sont derrière les barreaux, vous dites que vous êtes sûrs de gagner, mais est-ce que vous ne sous-estimez pas Amadou Ba ?

Amadou Ba, il ne passe pas dans la rue pour qu’on dise « Amadou Ba », il passe dans la rue pour entendre « Ousmane Sonko ». Ça, c’est au moins clair. Deuxièmement, il n’y a pas de doute que nous avons la majorité et tout ceci réuni, les intentions de vote tournent autour de 71%. Avec, aujourd’hui, ce que nous avons comme personnalités politiques qui ont rejoint la coalition sur laquelle nous sommes en train de travailler, nous restons convaincus, avec la confiance que le peuple sénégalais qui voulait qu’Ousmane Sonko soit candidat, qu’au soir du 25, la victoire nous reviendra. Amadou Ba n’a jamais fait de politique. Je n’ai jamais entendu Amadou Ba se prononcer sur les questions d’actualité politique. Jamais de ma vie je ne l’ai entendu se préoccuper de la vie chère, ni parler d’inondations ou d’éducation.

Alors Birame Souleye Diop, depuis que le président Macky Sall a annoncé, au mois de juillet, qu’il renonçait à solliciter un troisième mandat, la mobilisation populaire en votre faveur semble être en train de s’essouffler. De fait, le rejet de la candidature d’Ousmane Sonko, ce 20 janvier, apparemment n’a pas fait descendre les gens dans la rue. Est-ce qu’en se retirant du jeu, Macky Sall ne vous a pas enlevé votre principal argument de campagne ?

En fonction des étapes,il faut saisir les enjeux et s’orienter. Nous avons une grande capacité d’adaptation. Nous avons blanchi sous le harnais,nous avons une machine électorale prête à relever les défis, prête à surveiller les votes, et on va y aller. Voilà pourquoi on a dit : « Vous allez espérer qu’on casse des brindilles, aucune feuille ne tombera. On vous attend dans les urnes, parce que ce sera là l’heure de vérité. C’est le 25 février, il reste trente jours. La victoire sera à nous. »

Donc vous avez changé de stratégie, vous êtes passés de la rue aux urnes ?

Mais nous avons toujours développé des stratégies en fonction des circonstances, et nous n’arrêterons jamais de le faire. Nous avons blanchi sous le harnais, nous savons ce qu’il se passe.

Macky Sall accuse Ousmane Sonko et son entourage de liens avec les milieux islamistes, qu’est-ce que vous lui répondez ?

Ce n’est pas la seule accusation. Qu’on l’ait pris pour une histoire de viol et qu’à la fin, comme un pétard mouillé, on dise : non, ce n’est pas ça, c’est de la corruption de la jeunesse. Vous pensez que, si les preuves étaient là pour être administrées, [Macky Sall] trainerait à le faire ? Il n’aurait pas besoin alors de créer la machination d’Adji Sarr, il n’aurait pas besoin de le condamner pour une affaire de diffamation, il n’aurait qu’à apporter les preuves de ce qu’il dit, mais il a échoué à le démontrer. Ce n’est pas la seule accusation. On a dit qu’il est rebelle de la Casamance. On a dit : il mange des sushis la nuit. On a dit… La seule chose qu’on n’a pas dite, c’est qu’il porte une grossesse. Vous comprendrez que tout ceci est voué à l’échec. Dommage pour eux.

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