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JO 2024: «Les athlètes africains doivent rester très concentrés et savoir gérer course après course»

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Quelles sont les chances de médailles pour l'athlétisme africain aux Jeux olympiques du mois prochain à Paris ? On pensait qu'on y verrait plus clair à l'issue des Championnats d'Afrique d'athlétisme, qui viennent de se tenir à Douala, au Cameroun. Malheureusement, ces championnats ont été gâchés par une organisation défaillante. Alors, RFI fait le point ce 27 juin avec la championne olympique camerounaise Françoise Mbango, qui a gagné deux médailles d'or au triple-saut, en 2004 et en 2008. Elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

La Camerounaise Françoise Mbango, championne olympique en titre du triple saut.
La Camerounaise Françoise Mbango, championne olympique en titre du triple saut. © Olivier Morin AFP
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RFI : Françoise Mbango, il y a 3 ans, aux JO de Tokyo, l'athlétisme africain a gagné 23 médailles. Est-ce que les athlètes africains de cette année peuvent faire encore mieux ?

Françoise Mbango : Alors, c'est mon souhait. Vous savez, en courses de fond et demi-fond, les Africains ont toujours su se démarquer. Nous avons par exemple au marathon, dans la course de fond, le Kényan Eliud Kipchoge, l'Éthiopien Selemon Barega au 10 000 mètres et le Marocain Soufiane el-Bakkali, au 3000 mètres steeple. Pour les femmes dans les courses de fond, effectivement, il y aura la Kényane Faith Kipyegon au 5000 mètres et 1500 mètres et la Kényane Mary Moraa au 800 mètres. Bon, bien entendu, au sprint masculin, je ne peux pas ignorer la performance du Camerounais qui a fait de très bonnes performances [Emmanuel Eseme, NDLR]. Et évidemment le Botswanais Letsile Tebogo, le Sud-Aricain Akani Simbine et le Kényan Ferdinand Omanyala.

Vous parliez de votre compatriote camerounais, Emmanuel Essemé, qui est arrivé 2esur 100 mètres. Mais c'est le Libérien Joseph Fahnbulleh qui a gagné samedi dernier à Douala. C'est aussi un bel espoir. Et dans le sprint féminin ?

Dans le sprint féminin, je suis totalement avec (l'Ivoirienne) Marie-Josée Ta Lou qui a les capacités de faire quelque chose de bien.

Et il y a bien sûr sa compatriote ivoirienne Maboundou Koné ?

Oui, elle aussi, est capable de réaliser de belles performances. Maintenant, la capacité est d'aligner à chaque fois des courses pour donner le meilleur en finale.

Et il y a bien sûr la Gambienne Gina Bass et la Libérienne Maia McCoy. Est-ce que les sprinteuses ivoiriennes ont un coup à jouer sur le 4 x 100 mètres ?

Oui, elles ont vraiment leurs places en finale. Maintenant, la transmission du témoin, les réglages, ça, ce sera leur premier adversaire qu'il va falloir véritablement gérer au millimètre, au centimètre près.

Vous avez donné au Cameroun deux médailles d'or olympiques en triple saut. Quelles sont les chances aujourd'hui de votre jeune héritier burkinabè Hugues Fabrice Zango ?

Alors, il a toutes les chances, vraiment, de pouvoir réitérer ses grosses performances lors de ces Jeux olympiques et s’adjuger le titre olympique. Il a ça dans ses jambes, il a tout simplement besoin d'arriver à cette compétition-là frais, reposé, pas stressé, totalement en forme. Parce que, pour moi, physiquement, il est prêt. Il a juste besoin vraiment de maintenir cette force-là et d'arriver avec cette hargne et peut-être pourquoi pas titiller le record. C'est un champion.

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Les Championnats d'Afrique d'athlétisme qui viennent de se tenir à Douala n'ont pas été le tremplin espéré pour les athlètes africains pour les JO de Paris. Pourquoi cette défaillance ?

(Rires) C'est vraiment dommage que quand on parle d'athlétisme au Cameroun, que ce soit aussi négatif. Personnellement, ça ne me surprend pas. Tout simplement parce que les organisateurs, tout le monde a du mal à accepter qu'ils n'ont pas toujours la compétence pour faire ce genre d'organisation.

C'était si mal organisé que le sprinter botswanais Letsile Tebogo et la grande sprinteuse ivoirienne Marie-Josée Ta Lou ont renoncé à courir la demi-finale et bien sûr la finale, de peur de se blesser. Ils sont rentrés chez eux. C'est quand même incroyable ça !

Non, mais le Cameroun a le matériel, l'infrastructure pour organiser. Mais, maintenant, il manque peut-être la compétence, l'expertise, les ressources humaines pour bien planifier, organiser cela.

Ces 6 derniers mois, le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a été en conflit permanent avec le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto'o. Du coup, est-ce qu'il n'a pas un peu oublié de préparer ces Championnats d'Afrique d'athlétisme ?

Alors, personnellement, j'ai un peu mal au cœur de voir que les acteurs du sport, ceux qui ont vraiment travaillé sur le terrain et qui ont apporté des choses exceptionnelles, en l'occurrence, je parle de ma personne, ne puissent intégrer ou contribuer au développement du sport au Cameroun. Alors quand je vois le ministre des Sports, le président de la Fédération, moi j'ai envie de dire : c'est dommage. Parce qu'ils ont tout pour éviter ce genre d'attitude. Alors, pour le bien commun, il faut trouver une possibilité de ce que l'image du sport camerounais ne soit pas ternie par ceux-là même qui devraient la porter.

Françoise Mbango, merci et à très vite, puisque RFI va avoir la chance de vous écouter comme consultante sur notre antenne pendant tous ces Jeux olympiques de Paris dans quelques semaines.

Oui, déjà je suis très heureuse, très contente et j'espère que je pourrais apporter mon expertise et que les auditeurs seront régalés.

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