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Cheick Cissé, médaillé aux JO 2024: «Tout ce que je fais, c'est pour inspirer la jeunesse»

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En 2016, il était rentré de Rio avec la médaille d'or autour du cou. Cette fois-ci, le taekwondoïste ivoirien Cheick Cissé ramène le bronze des Jeux de Paris. Une médaille de la confirmation encore plus importante que la première pour l'athlète de 30 ans. Le natif de Bouaké, champion du monde en titre et numéro 1 mondial, a remporté la seule médaille de l'Afrique de l'Ouest francophone samedi 10 août au Grand Palais. Lui, qui a appris le taekwondo à Koumassi, l'une des communes d'Abidjan, rentre mercredi soir à Abidjan pour fêter sa médaille avec les Ivoiriens. Même si le poids lourd boîte après de multiples blessures durant la compétition parisienne, son envie de rentrer en Côte d'Ivoire était plus forte.

L'Ivoirien Cheick Sallah Cissé après avoir remporté la finale de bronze de Taekwondo masculin de plus de 80 kg contre le Mexicain Carlos Sansores, lors des Jeux olympiques d'été de 2024, au Grand Palais, le samedi 10 août 2024, à Paris, France.
L'Ivoirien Cheick Sallah Cissé après avoir remporté la finale de bronze de Taekwondo masculin de plus de 80 kg contre le Mexicain Carlos Sansores, lors des Jeux olympiques d'été de 2024, au Grand Palais, le samedi 10 août 2024, à Paris, France. AP - Andrew Medichini
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RFI : Aujourd'hui, vous rentrez en Côte d'Ivoire avec cette belle médaille de bronze. On imagine qu'il va y avoir beaucoup d'attentes et que vous avez hâte de partager cette belle médaille avec les Ivoiriens ?

Cheick Cissé : Oui, bien sûr, c'est l'objectif ! J'ai tout gagné au taekwondo, mais aujourd'hui, tout ce que je fais, c’est pour essayer d'inspirer la jeunesse afin qu'ils puissent aussi réaliser leurs rêves, quel que soit le domaine dans lequel ils exercent. Je suis très excité d'arriver en Côte d'Ivoire et de partager ce bon moment avec tout le pays et toute la jeunesse surtout. La Côte d'Ivoire est fière, et surtout l'Afrique. En tant qu'athlète, on ne peut qu'être fier de voir que ce qu'on fait inspire et rend les gens heureux.

Comment est-ce que ça va, physiquement ? Il y a eu ce tour d'honneur un petit peu claudiquant – vous boîtiez très bas... Est-ce que vous allez mieux ?

Oui, je suis un peu touché au pied et au bras, mais voilà, ce n'est rien de grave. Actuellement, je ne sens pas les blessures parce que le plus important était de retourner en Côte d'Ivoire avec une médaille et de profiter avec tout ce beau public. C'est le plus important.

En 2016, vous avez remporté l'or à Rio. Cette fois, vous remportez le bronze. Vous qui avez toujours dit que vous vouliez demeurer champion, est-ce que cette médaille est encore plus belle ?

Oui, elle est toujours plus belle. Ce sont des histoires différentes. J'étais en moins de 80 kilos, j'ai changé de catégorie, je suis allé en poids lourd. Je pense que c'est rare de voir un athlète qui fait une médaille olympique dans deux catégories différentes. Faire une médaille à Paris, c'était quelque chose d'important pour moi. C'était un rêve aussi d'avoir une petite partie de la tour Eiffel et de la ramener à la maison.

Il y a eu un boom des inscriptions au taekwondo en 2016 après votre belle victoire et la médaille de Ruth Gbagbi. Aujourd'hui, on a 64 000 licenciés en Côte d'Ivoire pour le Taekwondo. Peut-être que cela va inciter encore plus la jeunesse à s'inscrire au taekwondo ?

Pas peut-être : c'est sûr ! Parce qu'il y a de nombreux parents qui m'appellent. Pendant mon combat, il y avait une compétition qui s'est déroulée au centre ivoiro-coréen Alassane Ouattara. À chaque fois que je combattais, j'étais sur l'aire de combat, le combat était diffusé en direct et j'ai vu après ma victoire comment les jeunes étaient très heureux. Je pense que ça va beaucoup inciter les parents, et pas seulement pour du taekwondo. Il y a plusieurs arts, il y a le judo, il y a l'athlétisme et ça fait plaisir. Le taekwondo était considéré comme un sport mineur, mais aujourd'hui, avec du travail, j'ai pu démontrer le contraire. Il est possible de faire de grandes choses. Il faut juste avoir de grands rêves, travailler et aussi persévérer. Voilà un peu le message que j'aimerais passer à la jeunesse.

En 2016, vous êtes champion olympique avec des entraineurs ivoiriens. Cette fois-ci, vous êtes médaillé olympique en vous entrainant depuis huit ans aux Baléares, mais vous avez quand même tenu à ce que votre ancien maître soit présent. C'est important de ne pas oublier d'où on vient, d'où on a commencé ?

Oui, c'est vrai. J'ai eu une éducation très serrée. Dans mon éducation, il y a des valeurs de reconnaissance, d'humilité, et c'était important pour moi d'être avec une personne qui m'a vu commencer, qui a eu confiance en moi. Mes premiers pas ont été faits grâce à lui et s'il n'était pas présent dans ma vie, je ne serais pas là où je suis. C'était important pour moi de, d'abord, le faire voyager, le faire venir à Paris, mais pas seulement, aussi pour suivre sa passion. Parce que le taekwondo, c'est une passion pour lui. Cela a été fait de la meilleure des manières, venir à Paris pour suivre les Jeux olympiques et aussi son athlète depuis tout petit, qui fait une médaille... La seule médaille de l'Afrique francophone. Je suis content.

Vous avez aussi des implications à la World Taekwondo (Fédération mondiale de taekwondo). Vous étiez candidat à la Commission des athlètes. Vous tenez aussi à vous impliquer dans le mouvement sportif ?

Oui, bien sûr. Je suis aussi membre du Conseil de la World Taekwondo en tant que président de la Commission des athlètes. C'est important, en tant qu'athlète, avec tout ce que j'ai connu comme expérience au taekwondo, d'essayer aussi d'apprendre auprès de la World Taekwondo. Voilà dans quel sens ils me font confiance, pour aussi défendre les droits des athlètes, parce que je pense que les athlètes sont le poumon du sport, ils ont besoin d'avoir une voix très haute. Voilà pourquoi je m'implique dans ce domaine-là.

L'année de 2028, c'est presque bientôt. Vous avez plus de 30 ans, ce qui est rare, finalement, au taekwondo, car il y a une maturité très précoce dans ce sport. Beaucoup de champions olympiques ont plutôt la vingtaine. Est-ce que ça vous paraît loin ? Ou est-ce que vous vous dites que c'est dans un coin de votre tête ?

Alors avant les Jeux olympiques de Paris, mon objectif était Paris. Maintenant, mon objectif est de rentrer en Côte d'Ivoire et de profiter au maximum avec tous mes jeunes frères, toute la Côte d'Ivoire, et après, on verra la suite. Parce que voilà, l'année a été très longue ! Me projeter encore, cela serait encore difficile, cela serait beaucoup de stress. Vous savez, je fais tout à 1 000 % et quand le moment viendra, on va se projeter pour Los Angeles, mais c'est sûr que j'y serai.

Vous avez un fils qui est né il y a deux mois. On imagine que cette médaille, elle est un petit peu pour lui aussi ?

Je suis un exemple pour beaucoup de jeunes, et donc c'est aussi important pour moi d'être un exemple pour mon fils. Je suis en train d'essayer d'accomplir beaucoup de choses afin qu’il puisse s’inspirer de cela pour pouvoir tracer sa route. J'ai beaucoup construit et quand il va grandir, il sera vraiment très fier de son père. On essaiera de le suivre au maximum pour qu'il puisse quand même être aussi un grand champion, même si je sais que cela sera difficile d'être plus que son père. Mais voilà, il va suivre ses traces, c'est sûr.

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