«L'Ukraine a besoin du soutien de la France», rappelle la députée ukrainienne Lesia Vasylenko
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Alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrive en France, Lesia Vasylenko, députée du Parlement ukrainien, plaide pour la poursuite du soutien à l'Ukraine. Elle insiste sur le volet militaire et espère toujours une victoire de l'Ukraine.

RFI : Le président ukrainien arrive tout à l'heure à Paris. C'est la neuvième visite en France de Volodymyr Zelensky depuis l'invasion russe à grande échelle en février 2022. Qu'attendez-vous de cette visite ?
Lesia Vasylenko : On espère que le soutien à l'Ukraine continuera. On a besoin de ce soutien le plus possible en ce moment, alors que les Russes sont en train de mener leurs frappes atroces. Ce matin, on s'est réveillés avec de nouvelles frappes sur les objets civils dans la région de Kharkiv. La région de Donetsk est dans un black-out total. Cela veut dire qu'il n'y a pas de lumière, il n'y a pas de l'électricité, il n'y a pas d'autres moyens de survivre comme on est limité en eau et en chauffage. C'est la même situation partout en Ukraine. On a besoin d'avoir ce soutien qui se matérialise d'abord en soutien pour nos militaires.
C'est d'abord un soutien militaire que vous attendez ?
Un soutien militaire. Une coordination sur les sanctions contre les Russes. Une demande de sanctions secondaires sur les compagnies et les pays qui continuent à échanger avec la Russie, surtout au niveau des réseaux énergétiques comme le pétrole, le gaz. On souhaite bien sûr voir l'Ukraine intégrée à l'Union européenne, devenir membre de l'Union européenne. On a besoin de l'intégration avec le secteur de défense et de sécurité européen.

Volodymyr Zelensky a évoqué un accord majeur en préparation et parle même d'un accord historique en matière d'aviation, de combat et de défense aérienne. En parle-t-on à Kiev ? Qu'en dit-on, de votre côté ?
De notre côté, c'est un accord très important pour nos militaires sur la ligne de front. On doit réajuster les moyens avec lesquels on peut se défendre et repousser les Russes. Comme je l'ai dit, on a besoin de défense aérienne, mais on a surtout besoin de moyens de masse. Produire des drones avec lesquels on peut, non seulement se défendre, mais aussi frapper sur les drones qui attaquent les Ukrainiens chaque jour. Les Russes ont les moyens de faire ces frappes de masse, des frappes combinées, parce qu'ils ont des partenaires comme la Chine, comme l'Iran, comme la Corée du Nord, qui leur donnent des composants pour produire en masse ces instruments de guerre.
Les composants pour les drones sont très importants. En espérez-vous de l'Europe ?
Oui.
La presse française insiste aussi sur la possible vente de Rafale, l'avion de combat français de Dassault. On parle de la signature d'une lettre d'intention pour la vente de Rafale. Pour vous, la priorité, c'est d'obtenir plus d'armes, plus de moyens de défense. Que peut-il se décider, aujourd'hui, à Paris, qui pourrait être décisif pour la suite de la guerre ?
Chaque décision prise pour augmenter l'aide à l'Ukraine est une décision qui nous rapproche de la fin de la guerre. La seule fin de la guerre possible, c'est une victoire ukrainienne. Pourquoi ? Parce que nous voulons tous une paix de long terme, de longue durée.
Croyez-vous encore que l'Ukraine peut gagner la guerre sur le terrain ?
L'Ukraine doit gagner la guerre sur le terrain, et l'Europe doit sécuriser cette victoire non seulement pour l'Ukraine, mais pour l'Europe. Toutes les autres options vont nous donner une guerre un peu plus tard dans l'Histoire. La guerre va recommencer, cela ne mettra pas fin au conflit de manière définitive.

La Russie a revendiqué hier la prise de deux villages dans le sud de l'Ukraine, dans la région de Zaporijjia. Les combats se concentrent aussi dans l'est, autour de la ville de Pokrovsk, qui pourrait tomber. Serait-ce un symbole lourd de conséquences si Pokrovsk tomber ?
Chaque ville qui tombe, ce n'est pas seulement une ville, ce n'est pas seulement un symbole. Ce sont des vies humaines, des villes ukrainiennes qui se retrouvent sous l'occupation russe. Bien sûr, l'armée ukrainienne est en train de se battre de toutes ses forces pour regagner non seulement le total contrôle sur Pokrovsk, mais aussi sur plusieurs autres villes et la ligne de front. C'est comme cela en ce moment, il y a des mouvements de la part de la Russie, il y a des mouvements de la part de l'Ukraine sur plusieurs villes et villages.
Répondez-vous à certains politiques en Europe qui disent que l'Ukraine n'a aucune chance de gagner et qu'elle doit céder des territoires pour parvenir à la paix ?
C'est impossible. On ne va pas avoir une paix durable. Tout cela va constituer la base pour un recommencement du conflit, de la guerre, peut-être dans quelques mois, dans quelques années. Mais les Russes vont recommencer parce que les Russes sont les agresseurs. S'ils ne sont pas arrêtés, ils vont recommencer. Les politiciens, les commentateurs qui disent cela, que le courage doit conduire à céder quelque chose, ne comprennent pas ce qu'est la Russie. Ils ne comprennent pas ce qu'est un régime autoritaire qui a des ambitions expansionnistes. C'est exactement cela qu'ont les Russes. Aussi, il doit y avoir une clarification, à savoir qu'il y a une victime, l'Ukraine. Il y a un agresseur, la Russie. On ne peut pas dire à une victime de crimes de faire des concessions et de trouver des compromis avec l'agresseur. On doit être clair sur l'identité de l'agresseur. Et on doit tous, la communauté internationale, trouver les moyens pour rendre l'agresseur responsable pour tous ses crimes et toutes ses actions de guerre.
Je voudrais que l'on évoque, pour terminer, cet énorme scandale de corruption qui a éclaté la semaine dernière dans votre pays. Deux ministres ont été contraints à la démission après les révélations du Bureau national de lutte contre la corruption, qui a parlé d'organisations criminelles de haut niveau dans le secteur de l'énergie, 100 millions de dollars blanchis. En tant que députée ukrainienne, avez-vous été choquée par ces révélations ?
Absolument choquée, comme la majorité de la population ukrainienne. C'est en temps de guerre, quand la population ukrainienne doit être unie avec le gouvernement en solidarité, combattant un seul homme, un seul acteur, la Russie, un seul ennemi.
Cela affaiblit-il le président Zelensky ?
C'est dans l'équipe du gouvernement du président Zelensky. Je ne pense pas qu'il soit affaibli parce qu'il y a plusieurs fronts de guerre. C'est dommage qu'il doive encore faire la guerre contre les ennemis intérieurs.
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