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Israël - Hamas: un cessez-le-feu, et ensuite?

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Retour sur le conflit qui a opposé depuis le 10 mai Israël et le Hamas. Un conflit qui vient de s’achever par la conclusion d’un cessez-le-feu accepté par les deux parties. Et la question est la suivante : ce cessez-le-feu peut-il rendre optimiste sur une reprise de négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens ? 

Une vue aérienne des décombres d'immeubles de Gaza touchés par des bombardements israéliens.
Une vue aérienne des décombres d'immeubles de Gaza touchés par des bombardements israéliens. AP - Hatem Moussa
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Et bien la réponse est non malheureusement. Pour tous les civils Palestiniens et Israéliens qui ont vécu la peur et l’enfer de nuits et de jours la boule au ventre, c’est bien sûr une délivrance, un soulagement. Une nouvelle fois, trop d’entre eux y ont laissé la vie, subissant impuissants de part et d’autre la furie des armes et des bombardements. Le bilan est lourd, trop lourd pour toutes les familles endeuillées. Sans compter les dégâts matériels, particulièrement dans la bande de Gaza.

Pour autant, cette trêve reste fragile, et surtout elle ne règle rien – elle ne fait qu’entériner un retour au statu quo ante. Les deux protagonistes du conflit que nous venons de vivre, le gouvernement de Benyamin Netanyahu et le Hamas, chacun cramponné sur sa religion et son nationalisme, n’ont aucunement l’intention d’entamer des négociations de paix.

Bien au contraire : chacun crie victoire. Le Hamas pour avoir déstabilisé Israël et réussi à incarner la résistance dans l’opinion palestinienne au détriment du Fatah et de l’Autorité palestinienne d’un Mahmoud Abbas plus que jamais isolé et usé. Côté israélien, Benyamin Netanyahu se félicite d’avoir détruit une partie substantielle de l’arsenal balistique et du commandement militaire du Hamas. En termes politiques, Netanyahu estime qu’il incarne désormais le chef de guerre aux yeux de son opinion. Ce qui pourrait lui permettre, de se représenter en cas de nouvelles élections générales en Israël, un scénario qui reste plausible. Mais, au-delà des gains enregistrés et des cris de victoire, chacun fait comprendre à l’autre que tout reste inflammable. 

Pour l’instant donc, retour à un calme précaire, rendu possible par une mobilisation internationale intense à forte tonalité régionale : c’est l’Égypte et le Qatar, qui, avec le représentant de l’ONU pour le Proche Orient, ont rendu possible ce cessez-le-feu. L’Égyptien Abdel Fatah al-Sissi en particulier sort renforcé de ce conflit - sur la scène régionale et vis-à-vis de grandes puissances occidentales, lesquelles ont été moins efficaces. En particulier les États-Unis car pour Joe Biden la séquence a été compliquée, comme s’il était rattrapé par ce dossier. Il a donc mené une diplomatie « discrète », hésitant entre le soutien inconditionnel à l’allié israélien – les États-Unis ont ainsi empêché le vote d’une résolution au conseil de sécurité de l’ONU, et, sous pression de l’aile gauche de son parti démocrate, une approche tenant davantage compte des souffrances des Palestiniens. 

Tous ces éléments expliquent que sur le fond, rien n’est réglé. Côté israélien, on s’en tient à une approche du conflit uniquement sécuritaire, et on poursuit la colonisation. Côté Palestinien, l’affaiblissement de l’Autorité palestinienne et de son leader Mahmoud Abbas, et l’intransigeance du Hamas renforcée ces derniers jours, ne permettent pas d’espérer à court terme un retour à la table des négociations. Le processus de paix reste totalement embourbé par la volonté de ce gouvernement israélien et du Hamas qu’il en soit ainsi – tous les deux plus que jamais « adversaires-complices ».

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