À la Une: un calme précaire au Proche-Orient
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« Pas de roquettes depuis 2 heures du matin », c’est ce qu’affiche en Une le site du Jerusalem Post. Mais, à cette heure-là, « alors que la trêve entre Israël et le Hamas entrait en vigueur après 11 jours de combats meurtriers, nous dit le journal, les Forces de défense israélienne avaient encore des dizaines d'avions et de drones dans le ciel de Gaza "prêts à attaquer" en cas de tir ». Oui, c’est un cessez-le-feu « provisoire » et « fragile », insiste The Times Of Israel. Pour lui « sa nature ténue a été mise en évidence par la poursuite des violences et des menaces quelques minutes avant l'échéance ». Environ 40 roquettes tirées dans les heures qui ont précédé, précise The Jerusalem Post.
En face,le journal palestinien Al-Ayyâm relaye les propos du porte-parole des Brigades Al-Qassam la branche militaire du Hamas. « Nous avons préparé une frappe de missiles [...] et nous l’avons suspendue pour surveiller le comportement de l'ennemi, explique-t-il avant de prévenir, la décision de mener cette frappe restera sur la table ». Et pendant ce temps, des deux côtés, on fait les comptes. Un macabre bilan : 12 morts israéliens, affirme le Times Of Israel quand, à Gaza « le nombre de martyrs est passé à 243 », affirme le journal palestinien Al-Quds. Et à l’heure où l'on rédige ces lignes, les secouristes sont toujours à pied d’œuvre pour retrouver des survivants coincés sous les décombres et les tunnels effondrés, lit-on.
Un succès revendiqué par les deux camps
C’est un triste bilan mais avec cette trêve, les deux camps revendiquent pourtant un succès. Un succès militaire d’abord affiché par Tsahal. L’armée israélienne « a gravement endommagé les usines d’armes, les avant-postes, les bâtiments du Hamas », observe le journal israélien Maariv, et endommagé surtout « les tunnels défensifs ». Ce que l’on appelle le « Métro », ces voies souterraines qui permettent aux combattants du Hamas de circuler. Cent kilomètres de ces tunnels ont été détruits selon le Jerusalem Post, qui publie d’ailleurs une vidéo de propagande de Tsahal pour donner à voir ces tunnels et le frappes qui les ont visés, sur fond de musique angoissante et ambiance jeux vidéo.
Pourtant, Haaretz relativise : « Si l'armée a atteint son objectif de guerre, cela ne ressemble pas à une victoire éclatante. Comme lors des précédents conflits avec Gaza, analyse le journal, Israël espère une dissuasion plutôt qu'une victoire déclarée ». Maariv abonde en ce sens : des dégâts matériels causés au Hamas, oui, « mais la plupart de ses membres ont survécu ».
Menace sur la paix d’autant que le Hamas revendique lui aussi un succès. Le Times of Israel en veut pour preuve les mots du chef des relations extérieures du Hamas, Osama Hamdan. « La résistance a forgé une nouvelle équation et une nouvelle victoire », a-t-il dit. Et des deux côtés, Israël ou Palestine, les journaux reviennent en tout cas sur l’explosion - de joie cette fois-ci - des Palestiniens. Des foules entières ont envahi les rues après l'annonce de la trêve.
Un accord « fragile », passé sous pression
La presse internationale le voit bien, à l'image d’El Mercurio au Chili : « Gaza respire ». Or, c'est une trêve obtenue « sous pression », comme le souligne O Globo au Brésil. En Argentine La Nacion parle de pression elle aussi et El Clarin explique : « Israel et le Hamas ont accepté la médiation Egyptienne mais, pour obtenir le cessez-le-feu, d’autres ont également pesé », nous dit le journal argentin. « L’Onu et les États-Unis » entre autres.
La presse américaine, justement, ne dit pas autre chose. Pour le New-York Times, c'est une « paix fragile qui s'installe après un effort diplomatique intense ». Une paix qui peut-être de « courte durée », dit le quotidien, car « les différends sous-jacents n'ont pas résolus ». « Des défis importants - tels qu'une réhabilitation plus complète de Gaza et l'amélioration des relations entre Israël, le Hamas et le Fatah, le parti palestinien qui contrôle la Cisjordanie ». Des défis qui qui n'ont pas été réglés « au cours des derniers cycles de violence », conclut le New York Times.
Des divergences non résolues dans la presse espagnole également
« A mi-chemin entre la crise diplomatique et la crise migratoire ». El Pais revient aujourd'hui sur le différend entre l'Espagne et le Maroc, après que des milliers de migrants ont pris d'assaut l'enclave de Ceuta. Et dans ce dossier, l'Union européenne « opte pour le silence quant à l'accueil en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Gali » qui avait mis le feu aux poudres. Pourtant, « Bruxelles resserre en même temps les rangs avec Madrid sur le plan migratoire », analyse El Pais. En effet, « la Commission européenne a averti Rabat que baisser la garde dans le détroit de Gibraltar pourrait remettre en question l'aide financière accordée au Maroc ». Or « Rabat a reçu plus de 13 milliards d'euros depuis 2007 dans le cadre de programmes de coopération, notamment ceux visant à améliorer le contrôle des flux migratoires ». D'ailleurs, poursuit El Mundo, le 31 mai, le Parlement européen se réunira à la demande du parti d'extrême droite Vox, pour savoir s'il faut envoyer une mission pour enquêter sur ce qui s'est passé à Ceuta. Sur « l'agression marocaine », comme le présentent les eurodéputés de Vox.
De vieux dossiers non résolus également en Une de la presse Britannique
La presse mondiale parle d'Israël et du Hamas, la presse espagnole de la crise diplomatique et, avec son sens des priorités, la presse britannique revient pour sa part sur la colère du Prince William et de son frère Harry. Colère contre la BBC, 25 ans après une interview de leur mère, la défunte Lady Di. Une interview « trompeuse et dommageable », affiche le Guardian. C'est du moins ce qu'a révélé un rapport indépendant hier, sur interview de 1995 donc. Colère du Prince William en Une du Times aussi : « Les mensonges de la BBC ont alimenté la paranoïa de ma mère », dénonce-t-il. Une problématique éminemment importante, 25 ans après le décès de la pauvre princesse de Galles. Nul répit pour elle...
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