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Crise ukrainienne: Berlin, le maillon faible face à Moscou?

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Dans un contexte de fortes tensions entre la Russie et les Occidentaux au sujet de l’Ukraine, l’Allemagne est-elle le maillon faible du camp occidental face à Moscou ? 

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et son homologue allemande, Annalena Baerbock entrent dans une salle pour une conférence de presse après leur rencontre à Moscou, le 18 janvier 2022.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et son homologue allemande, Annalena Baerbock entrent dans une salle pour une conférence de presse après leur rencontre à Moscou, le 18 janvier 2022. © AFP - MAXIM SHEMETOV
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On peut dire en tout cas que ce soupçon a été fort ces derniers jours vis-à-vis de Berlin, de la part de l’Ukraine, de la Pologne ou même, à demi-mot, des États-Unis. 

Alors pourquoi ? Essentiellement à cause de comportements ou de déclarations qui ont paru ambigus concernant l’attitude à adopter face à la Russie. On sent bien que pour l’Allemagne, la période actuelle de tensions avec Moscou est un sujet délicat qui l’oblige à revoir, dans la douleur, les fondamentaux de sa politique, et plus particulièrement de ce qu’on appelle son « Ostpolitik », sa politique à l’est de l’Europe, initiée dans les années 1970, développée depuis, notamment dans les années 2000.

Une politique qui s’est sérieusement compliquée depuis 2014, avec l’annexion de la Crimée par Moscou et le conflit à l’est de l’Ukraine dans le Donbass, où les séparatistes pro-russes sont soutenus par le Kremlin.

Comme le disait Napoléon, « la politique d’un État est dans sa géographie », et donc la situation centrale de l’Allemagne en Europe, proche des pays d’Europe orientale et pas très éloignée de la Russie, conditionne aussi les conditions de sa politique étrangère.

Menace de « geler » le gazoduc 

Et la politique étant aussi le fruit de son histoire, cette politique étrangère allemande ne peut être appuyée par des actions militaires. Elle se résume pour l’essentiel à des intérêts économiques projetés à l’extérieur. D'où l’importance des liens économiques avec la Russie. L’Allemagne est un des grands créanciers et investisseurs en Russie, sans compter sa dépendance énergétique par rapport aux Russes, notamment dans le domaine du gaz.

Ce cadre général explique pourquoi le gouvernement de Berlin refuse pour l’instant de livrer des armes à l’Ukraine et a été plus qu’hésitant pour inclure le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne, dans le paquet des sanctions envisagées par les Occidentaux contre Moscou en cas d’intervention des troupes russes en territoire ukrainien.

L’idée est que dans ce cas, le gazoduc tout juste achevé n’entrerait pas en service, créant un problème d’approvisionnement énergétique pour les Allemands et les Européens, mais privant aussi la Russie de la moitié de ses recettes issues des secteurs de l’énergie. Sur ce dossier, les intérêts divergents des trois membres de la coalition conduite par le chancelier Olaf Scholz n’ont pas facilité les choses. Avant que finalement la ligne officielle soit adoptée : oui, ce gazoduc sera gelé en cas d’offensive russe en Ukraine.

À lire aussi : Ukraine: Berlin annonce que les sanctions contre la Russie viseront Nord Stream 2

En fait, l’Allemagne a du mal à se défaire de cette relation particulière avec la Russie. La mue est difficile, mais Berlin sait aussi que cet effort, aux côtés de la France, est nécessaire, si les Européens veulent conserver un peu de leur crédibilité dans cette crise.

Berlin qui, d’ailleurs, est en ligne avec le dytique de la diplomatie française : le dialogue, exigeant mais nécessaire, et la fermeté en ces temps de crise importante. Aller à l’escalade ferme pour ensuite envisager la désescalade.

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