Pourra-t-on retrouver des relations sereines avec la Russie ?
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La guerre en Ukraine menée par la Russie a conduit à une tension diplomatique extrême entre les Occidentaux et les Russes. Comment envisager à l’avenir les relations avec la Russie ?
C’est une question à laquelle commencent à réfléchir les dirigeants européens, mais la réponse est pour l’instant complexe. Depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, on a plutôt, et logiquement, assisté à une dégradation des relations entre l’Union européenne et la Russie. Considéré comme un agresseur d’une brutalité extrême, le pays fait l’objet de graves sanctions, aggravées au fil des opérations militaires russes et des souffrances des civils ukrainiens.
Les échanges sont tendus et inamicaux. Néanmoins, deux phénomènes sont à remarquer : d'abord, les sanctions les plus graves n’ont pas encore été prises contre Moscou - notamment le fait de ne plus accepter le gaz russe. Une mesure qui serait douloureuse pour les Européens - d’où la procrastination actuelle, mais aussi pour l’économie russe.
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Ensuite, le dialogue, s’il est donc ténu, tendu, froid, ce dialogue n’est pas rompu. Les relations diplomatiques, au plus bas certes, restent en vigueur. Voilà pour l’état actuel de ces relations. Pour les semaines, les mois, voire les années à venir, tout va dépendre d’abord de l’évolution de la guerre elle-même. Plus elle sera sanglante, brutale, plus il sera difficile de parler avec Vladimir Poutine.
Une rupture totale qui n’est pas possible
Pour autant, peut-on envisager de rompre totalement le dialogue, sinon avec Vladimir Poutine, du moins avec le peuple russe ? L’histoire et la géographie répondent non à cette hypothèse. La Russie fait partie du continent européen, du moins jusqu’à l’Oural. Les échanges commerciaux, on le voit fortement en ce moment, sont très importants. Bref, l’interpénétration des deux blocs est trop importante pour envisager une rupture totale.
Ce n’est pas la première fois qu’une puissance européenne vient troubler l’ordre sur le Vieux Continent. On peut citer la France de Napoléon, ou plus récemment l’Allemagne hitlérienne. Dans les deux cas, il a fallu venir à bout militairement de ces puissances avant de reconstruire une relation avec elles et de les réintégrer dans le jeu diplomatique européen.
Un canal de communication fragile et de plus en plus difficile
Mais dans le cas de la Russie actuelle, la situation est différente. Tout simplement parce que cet État dispose de l’arme nucléaire, l’arme ultime que Poutine a menacé d’utiliser à plusieurs reprises. Et c’est ce qui rend la situation très compliquée. Les Occidentaux savent très bien que s’ils affrontent directement la Russie, le risque d’une guerre mondiale est bien réel.
Et paradoxalement, c’est parce qu’on ne peut pas s’engager dans cet affrontement direct avec la Russie qu’il faut malgré tout garder un canal de communication avec Moscou. Un canal fragile et de plus en plus en difficile au fur et à mesure des révélations sur les exactions commises par les soldats russes dans plusieurs localités ukrainiennes. Mais un canal quand même, car avec ou sans Poutine, il faudra bien (mais quand ?) sortir de cette guerre absurde par une négociation politique sur l’Ukraine et plus largement sur l’architecture d’une sécurité renforcée pour l’ensemble du continent européen.

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