Soudan et Mali: crise oubliée et crise en autarcie
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Le regard de Newton Ahmed Barry porte sur les développements récents des crises au Soudan et au Mali. L’une est oubliée et l’autre vit en autarcie.

La tragédie d’El-Fasher, de ce mois d’octobre, ramène brutalement le Soudan au-devant de l’actualité, même s’il ne l’a jamais vraiment quittée. La communauté internationale, aux prises avec de nouvelles crises, en Ukraine et celle tentaculaire du Proche-Orient, aurait aimé oublier un tant soit peu le Soudan. Hélas ça n’est pas possible ! Car au Soudan les massacres des populations sont toujours perpétrés dans des proportions qui révulsent. L’ampleur des exactions qui se déroulent, depuis le 26 octobre à El-Fasher n’est pas encore totalement établie, mais le procureur de la CPI prévient que « les atrocités commises par les FSR du général Hemedti, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».
Cette prompte réaction de la CPI a eu un effet, dont il est difficile, c’est vrai, de mesurer l’effectivité. Dans la journée du 6 octobre, cependant, les FSR annonçaient avoir procédé à « l’arrestation de plusieurs combattants soupçonnés d’exactions lors de la prise d’El-Fasher ». Le Soudan, avec El-Fasher, est redevenu, une urgence internationale, les irruptions de violences, dans ce Soudan, perpétuellement incandescent, embrasent trop vite. D’où, la préoccupation de l’ONU de protéger, le Kordofan, la province voisine, sur la route entre le Darfour et Khartoum ».
Au Mali, une crise « entre soi »
Au mali, la Communauté internationale, à commencer par les organisations sous-régionales africaines ne savent pas par quel bout aborder le problème du « blocus du carburant sur Bamako ». Or la crise entame depuis le 3 novembre dernier son troisième mois. Pour la première fois depuis sa création, en septembre 2023, l’AES (l’Alliance des États du Sahel) est prise au dépourvu. Elle ne semble pas avoir prévu un mécanisme pour ce type de situation. La Cédéao, l’organisation sous-régionale que le Mali, a quitté avec « effet immédiat », en janvier 2024, avait volé à son secours, avec la France en premier, en 2013, quand les hordes jihadistes déferlaient sur Bamako. La France n’est plus la bienvenue au Mali. La Cédéao non plus.
Et puis officiellement, il n’y a pas de crise au Mali. Abdoulaye Maïga, le Premier ministre, est sibyllin. S’il le faut, dit-il, il ira « à pied et avec des cuillères » ramener le carburant. Il n’admet pas pour autant la crise.
Les militaires, finalement, problèmes ou solutions ?
Le constat est là : au Soudan, Hemedti et al-Burhan ont réinstallé leur pays dans les atrocités d’une guerre civile, dont on le croyait sorti, avec la fin, de la mission ONU/Union Africaine en 2020 au Darfour.
Au Mali, sous l’égide des cinq généraux, les victoires annoncées sur les groupes terroristes du Jnim, ne sont pas au rendez-vous, que les Maliens, doivent à présent obéir aux fatwas de Bina Diarra, le nouvel émir de la katiba du Sud du même Jnim, qui a porté la crise aux portes de Bamako. Ajoutant à la précarité de l’électricité rationnée depuis deux ans, l’approvisionnement difficile en carburant et l’imposition d’un nouveau code vestimentaire, le hijab, aux femmes, dans les transports en commun. Mais les Maliens plus résignés que résilients, se consolent, tout de même, de vivre dans un Mali que l’impérialisme, assurent les idéologues de la junte, fait souffrir à cause de ses immenses richesses.
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