La propagande russe s’empare d’une infox sur la consommation d’insectes en Europe
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L'Union européenne va-t-elle imposer aux Européens de manger des insectes, sans les en avertir ? C’est la question qui agite les réseaux sociaux ces derniers jours. Une théorie fallacieuse qui s’appuie sur le détournement d’un règlement adopté début janvier par la Commission européenne. Une infox qui s’est même retrouvée à la télévision russe.
Les Européens peuvent être rassurés. Les cafards dans leur assiette sans leur consentement, ce n’est pas pour aujourd’hui contrairement à ce qu'affirment de nombreux internautes. La réalité, c’est que la Commission européenne vient de valider la mise sur le marché de deux nouveaux insectes en tant qu'aliment. Il y a les larves de ténébrion, un insecte de la famille des coléoptères, et les grillons domestiques.
Par contre, ce qui est faux, c’est d’affirmer que les consommateurs ne seront pas avertis, que ces insectes sont dangereux, ou encore que ce sont « les élites mondiales » qui voudraient nous imposer un changement d'alimentation.
La présence d’insecte sera mentionnée
Cette nouvelle réglementation prévoit que sur chaque aliment concerné, cela peut être une pizza, des barres de céréales ou de la bière par exemple, l'étiquette doit clairement mentionner que l’un des ingrédients est produit à base d’insectes. Cela s’inscrit dans une volonté de transparence et de prévention des risques allergènes. Une information confirmée par la Commission européenne.
Contrairement à ce que veulent faire croire certains internautes, la consommation des produits à base d’insectes validée par l’Union européenne, ne présente aucun danger, sauf pour les personnes allergiques. C’est le constat dressé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui s’est penchée sur le cas des larves de ténébrion et des grillons domestiques, souvent utilisés en farines. Ces insectes ne sont pas toxiques et ils peuvent être digérés par l’estomac.
Consommation de niche
Ces produits ne devraient pas non plus envahir nos assiettes et nos rayons de supermarché, comme certains l’affirment. En effet, la consommation d'insectes est jusqu’ici un marché de niche en Europe. De plus, pour chaque nouvel aliment, une seule entreprise a reçu une autorisation de mise sur le marché par l’Union européenne.
Les larves de ténébrion et les grillons ne sont d’ailleurs pas les premiers insectes autorisés à la consommation en Europe. Le ver de farine et le criquet migrateur, par exemple, le sont déjà depuis plusieurs années.
Un récit mensonger, repris par la propagande russe
Après avoir fait le tour des réseaux sociaux, cette information concernant l’autorisation de ces nouveaux aliments s’est retrouvée sur les écrans de télévision russes. C’est la chaîne pro-Kremlin, Rossiya 1 qui s’est emparée du sujet, dans le but d’illustrer une prétendue décadence de l’Union européenne.
Le journaliste et propagandiste, Dmitry Kiselyov, avance que les Européens seraient plongés dans la crise et mangeraient des insectes pour faire des économies. Les images diffusées à l’écran prétendent illustrer l’arrivée de ces insectes dans les restaurants. Mais en cherchant l’origine de ces images, on constate qu'elles ont été tournées par le média Brut, dans un restaurant spécialisé dans la vente d'insectes, en 2019.
Une attaque étonnante
Ce narratif à de quoi surprendre puisque comme beaucoup d’autres pays, la Russie s’intéresse de plus en plus aux insectes comme alternative à la protéine animale. En septembre dernier, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Denis Manturov, s’est rendu au forum des technologies innovantes dans l’agroalimentaire, à Sotchi. En pleine dégustation de produits à base d'insectes, il a plaidé pour un changement de mentalité sur la question.
Cette visite du ministre russe au salon agroalimentaire avait d'ailleurs donné lieu, dans le New York Post (média en ligne aux contenus douteux, sans rapport avec le New York Times), au même type de narratif mensonger, en faisant croire que les sanctions économiques contre la Russie allaient obliger les Russes à se nourrir de mouches.
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