Lignes de défense

Le SCAF, avion de chasse du futur, sur la piste d'envol

Publié le :

Le SCAF (Système de combat aérien du futur), le projet français, allemand et espagnol d’avion de chasse du futur va connaître une étape décisive : Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre fédérale allemande de la Défense, est attendue en début de semaine prochaine à Paris où elle rencontrera Florence Parly, son homologue française. L’enjeu est de taille : pour l’Allemagne et la France, il s’agit de s’engager définitivement dans ce projet industriel structurant pour la défense européenne. D’ici vingt ans, le projet doit aboutir à un avion de nouvelle génération, pouvant emporter des drones armés. Mais le chemin pour y parvenir reste semé d’embûches.

Maquettes du SCAF présentées à Paris, en février 2020.
Maquettes du SCAF présentées à Paris, en février 2020. © REUTERS - CHARLES PLATIAU
Publicité

D’un côté, il y a l’athlète, comme la France le désigne : Dassault Aviation, l’industriel tricolore le plus en pointe dans la fabrication d’avions de combat. De l’autre, un mastodonte industriel, ou plus exactement une hydre à deux têtes : Airbus Allemagne et Airbus Espagne. L’enjeu : un travail pour trois. Résoudre l’équation du programme SCAF fut, par conséquent, des plus complexes.

Il y a peu, Éric Trappier, PDG de Dassault, laissait même entendre qu’il préférait faire cavalier seul plutôt que de se retrouver sous la coupe du géant Airbus. Après avoir soufflé le chaud et le froid, les industriels ont finalement trouvé un compromis, se réjouit Éric Trappier, le PDG de Dassault : « On a trouvé, avec Airbus et Airbus Allemagne en particulier, des équilibres qui satisfont les deux parties. Cela a été difficile comme vous le savez, mais on a trouvé ces équilibres pour passer le cap. On a donc repris la manière de coopérer entre nos deux sociétés pour arriver à ces accords. Il faut maintenant que ces trois pays se mettent d’accord. Nous attendons donc sereinement que les trois États soutiennent la proposition que nous avons faite, mais le chemin pour y arriver entre Dassault et Airbus a été agréé ».

Le dossier est désormais politique : il va falloir arbitrer sur ce qu’on attend réellement du SCAF, car de part et d’autre du Rhin, les besoins opérationnels ne sont pas nécessairement les mêmes. Et les calendriers non plus.

Les contraintes du calendrier politique  

L’Allemagne s’apprête à renouveler son Parlement en septembre. Le temps est désormais compté, insiste le président de la commission défense au Sénat, Christian Cambon, qui a suivi le dossier du SCAF pas à pas, en auditionnant tous les acteurs. « La dernière fenêtre de tir, c’est juin, c’est-à-dire avec un passage en commission en avril-mai. On est dans un calendrier extrêmement contraint, un calendrier politique, explique-t-il. C'est maintenant à nos amis allemands, et avec notre soutien, de jouer leur partition. »

« Ce qui est vrai, c’est qu’il reste des points politiques à régler, poursuit-il. D'abord, le fait que dans le futur projet, pour la partie française, ces avions devront permettre l’emport de la dissuasion nucléaire. Ce n’est pas franchement le cas de l’Allemagne. Par ailleurs, c’est un dispositif qui devra être compatible avec notre système aéronaval, il devra pouvoir apponter sur le Charles-de-Gaulle et le futur porte-avions de nouvelle génération. Il reste donc encore différents dispositifs à régler. Mais à partir du moment où il y a cet accord industriel et la volonté des deux gouvernements actuellement aux affaires en France et en Allemagne d’aboutir avant les dates électorales, pour l’instant nous sommes redevenus beaucoup plus optimistes ».

Si, dans les prochaines semaines, tous les signaux sont au vert, les industriels l’assurent, ils seront en mesure de présenter, à l’horizon 2026-2027, un premier démonstrateur.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes