Lignes de défense

La cure de jouvence des chars Leclerc

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D’ici la fin de la décennie, les 200 chars Leclerc de l’armée de Terre vont connaître une cure de jouvence. L’industriel franco-allemand KNDS a commencé la rénovation des blindés dans son usine de Roanne, dans le centre de la France. La guerre en Ukraine a replacé les chars de combat au centre du champ de bataille, alors l’armée de terre française veut conserver ses Leclerc à l’avant-garde des blindés lourds.

Un char Leclerc lors d'une manœuvre militaire, le 1er mai 2023.
Un char Leclerc lors d'une manœuvre militaire, le 1er mai 2023. © AFP / FRANCOIS NASCIMBENI
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Ça usine, ça découpe et ça boulonne, dans l’immense nef industrielle de Roanne où une dizaine de chars Leclerc attendent leur cure de rajeunissement… Six mois de travail sur chaque engin, sous l’œil expert du chef d’atelier Thomas : « Bienvenue sur la ligne rénovation Leclerc. On reçoit les véhicules qui arrivent des régiments ou des parcs d'entraînement. Une fois qu'on a fait la perception, on va ce qu'on appelle 'éclater le char' c'est à dire le séparer en quatre sous-ensembles : le châssis, les tourelles un peu plus loin, le GMP – le groupe motopropulseur qui regroupe la boîte de vitesses, le moteur et la poutre de ventilation – et les chenilles ».

Le Leclerc, fer de lance de la cavalerie française depuis plus de vingt ans, doit le rester encore longtemps. Les écrans plats s’invitent donc à bord pour accueillir le système de combat collaboratif Scorpion qui équipe tous les véhicules militaires.

Le blindage aussi doit être remis au goût du jour, pointe Gérard Griseri, en charge du programme Leclerc chez KNDS : « La protection latérale en rajoutant un kit, ce qu'on appelle le 'kit Azur', c'est une protection contre les roquettes de type RPG. On crée une protection contre les mines en venant rajouter du blindage en dessous ; on rajoute un tourelleau équipé d’une mitrailleuse de 7,62mm sur le toit de la tourelle. On ajoute aussi 'Barrage', qui est un système de brouillage anti-IED... aussi le poids total du char passe de 57 à 63 tonnes ».

Rester aligné avec la concurrence

Un surpoids qui ne sera pas sans conséquence pour la turbine de 1500 chevaux qui propulse le char… En termes de rapport poids-puissance, on arrive à la limite, souffle François Groshany, responsable du département Blindés chenillés. Mais après cette rénovation, juge-t-il, le Leclerc sera toujours l’un des meilleurs chars de combat au monde.

« Ça lui permet de retrouver l'alignement avec ses concurrents. Ça reste toujours un très bon matériel ; par sa puissance de feu, sa compacité, ça reste un des rares chars au monde équipés d'un chargement automatique, avec seulement trois servants à bord, là où la plupart des autres matériels sont encore équipés de quatre servants. On a remplacé le chargeur de munitions par un automate qui permet d'avoir cette fameuse compacité et cette compacité, c'est une des caractéristiques des matériels français parce que l'armée de Terre française est une armée de projection. »

Cette rénovation fait pourtant l’impasse sur la menace drone, qui en Ukraine a mis à mal les blindés… Il n’est pas prévu d’installer de détecteur d’alerte laser, qui prévient l’équipage lorsqu’il est visé, et pas de dispositif hard kill qui intercepte les missiles antichars non plus. Mais on ne peut pas tout empiler sur une tourelle, se défend Gérard Griseri : « Un char, ce n'est pas un arbre de Noël. On ne cherche pas à mettre le plus de dispositifs sur le toit. Ce qu'on veut, c'est être efficace et discret ».

Le Leclerc rénové restera en service jusqu’à l’arrivée du char du futur franco-allemand, baptisé MGCS pour Main Ground Combat System, qui devrait, au mieux, voir le jour à l’horizon 2035.

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