Géorgie: Mzia Amaghlobeli, figure de la presse indépendante, face à la justice
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En Géorgie, la journaliste Mzia Amaghlobeli, arrêtée le 11 janvier dernier, est en détention provisoire depuis plus de six mois. Son procès aura lieu le 1er août prochain. Cette figure réputée du journalisme indépendant est accusée d’avoir giflé un policier lors d’une manifestation contre le pouvoir. Elle risque jusqu’à sept ans de prison.

Mzia Amaghlobeli a été arrêtée une première fois à Batoumi dans l’ouest de la Géorgie pour avoir tenté d’apposer un autocollant annonçant une manifestation contre le gouvernement. Puis une deuxième fois à sa sortie pour avoir giflé un membre des forces de l’ordre. C’est cette altercation qui lui vaut aujourd’hui une vie en cellule.
Une arrestation symbolique dans une Géorgie sous pression
Cette journaliste de 50 ans a fondé deux sites d’information respectés : Batoumelebi et Netgazeti. C’est la première fois dans l’histoire de la Géorgie indépendante qu’une journaliste est ainsi ciblés. Caoilfhionn Gallagher est une avocate internationale spécialisée dans les droits humains. Elle s’occupe de cette affaire. « Je m’occupe de l'affaire Mzia, car elle est d'une importance capitale... Pour Mzia elle-même, pour la Géorgie et pour le journalisme international. C'est un nouvel exemple d'un régime autoritaire qui tente d'instrumentaliser la loi pour faire taire une journaliste qui dit la vérité au pouvoir. Je suis très préoccupée par cette affaire. Cette affaire est montée de toutes pièces, injustifiée et disproportionnée. C'est une instrumentalisation de la loi contre elle. Tous les outils juridiques de la Géorgie sont utilisés pour tenter de réduire cette femme au silence. Le monde devrait regarder ce qu’il se passe parce que c'est un véritable test pour le système géorgien. Mais c'est aussi un test pour la communauté internationale. On verra comment elle réagit à la situation actuelle en Géorgie ».
La communauté internationale regarde. Quatorze pays, dont la France, demandent la libération de Mzia Amaghlobeli. Sans compter que des représentants de pays européens assistent régulièrement aux audiences, ce qui est rarissime. Le pouvoir en Géorgie est aux mains d’un parti : le rêve géorgien qui ne cesse de s’éloigner de l’Union européenne pour se rapprocher de la Russie et de réduire les libertés individuelles. La population, elle, continue de manifester quotidiennement depuis 241 jours maintenant. Les attaques contre la presse se multiplient depuis plusieurs mois. Le gouvernement a adopté quatre lois pour entraver le travail des journalistes. La dernière en date interdit tout financement étranger des médias audiovisuels et élargit le pouvoir de censure de l’autorité qui chapeaute les médias.
Mzia Amaghlobeli, figure de la résistance journalistique en Géorgie
Déterminée et résistante, Mzia Amaghlobeli a fait de son emprisonnement un combat. Lors de la première audience, le 14 janvier, elle avait brandi le livre Résistez aux dictateurs, de la journaliste philippine Maria Ressa, Prix Nobel de la paix. Elle a aussi mené une grève de la faim pendant 38 jours, avant de l’interrompre à la demande de ses proches. Le procès de Mzia Amaghlobeli aura lieu le 1er août.
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