Menaces sur l’information

Inde: après le tabassage d’une journaliste en plein reportage, le climat d'impunité inquiète la profession

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Début juillet, la journaliste indienne Sneha Barve enquêtait sur la construction illégale d'un terrain proche d'une rivière, quand elle a été attaquée par l'accusé, un homme d'affaires proche de politiciens locaux. Tombée inconsciente, hospitalisée pendant plusieurs jours, elle se bat aujourd'hui pour continuer son enquête et faire arrêter son agresseur, qui est toujours libre.

C'est non loin de cette ville de Pune, située à l'ouest de l'Inde, à une centaine de kilomètres de Bombay, que la journaliste, Sneha Barve, a été agressée.
C'est non loin de cette ville de Pune, située à l'ouest de l'Inde, à une centaine de kilomètres de Bombay, que la journaliste, Sneha Barve, a été agressée. © RFI
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Sneha Barve est en train d'enquêter sur la construction apparemment illégale d'un bâtiment qui empiète sur les bords d'une rivière, dans un village près de Pune, à l'ouest de l'Inde. Devant la caméra, la journaliste explique que cela pourrait entraîner l'inondation du marché local, quand l'accusé s'en prend à elle. 

« J'ai demandé à lui parler, mais il m'a repoussé. J'ai donc parlé aux voisins de ce problème, et il a pris peur, raconte-t-elle. Il a alors pris un bâton et m'a frappé violemment sur la tête. Je suis tombée inconsciente, et je me suis réveillée deux jours après à l'hôpital. »

Deux semaines après l'attaque, Sneha porte toujours une minerve. Elle souffre de fractures au dos et d'une commotion cérébrale et a d'horribles maux de tête quand elle parle pendant plus d'une minute. Mais alors que l'attaque a été filmée, la police n'a enregistré qu'une plainte pour intimidation et n'a même pas arrêté l'accusé. Ce dernier est un homme d'affaires important dans la région, proche d'un parti influent et la police chercherait à le protéger, dénonce Geeta Seshu, co-fondatrice de l'association Free Speech Collective, qui soutient la journaliste : « Le message est très clair : les autorités n'ont aucun respect pour le travail des journalistes. Et leurs membres ou partisans peuvent faire la loi eux-mêmes et il n'y aura aucunes représailles. »

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« La police doit le poursuivre pour tentative de meurtre »

Cette situation met Sneha en danger. Pendant que nous lui parlons, elle reçoit un message de ses parents : des proches de l'accusé se trouvent dans son village et demandent où elle habite. Cela n'intimide cependant pas la journaliste de 29 ans, fondatrice de ce média local, Samarth Bharat Pariwar. 

« Je ne vais pas m'arrêter. Je vais me rétablir et continuer à me battre pour que cette information soit connue, et que l'accusé soit condamné. La police doit le poursuivre pour tentative de meurtre et l'arrêter. »

C'est la deuxième fois que Sneha Barve est victime d'une tentative de meurtre liée à son travail. La dernière fois, Sneha a failli se faire écraser, mais la police n'avait pas pris sa plainte au sérieux. Dans cette région du Maharashtra, un autre journaliste n'a pas eu autant de chance : il y a deux ans, Shashikant Warishe avait dénoncé l'accaparement de terres par un homme louche, pour la construction d'une raffinerie. L'agent immobilier accusé, furieux, a alors tué le journaliste en lui roulant dessus. Il est aujourd'hui accusé d'assassinat et se trouve en détention provisoire.

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