«L’Évangile de la Révolution», l’engagement des chrétiens et la théologie de la libération
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Dans les années 1960 en Amérique latine, les populations pauvres et marginalisées s’élèvent contre l’accaparement des richesses et des terres par une petite frange d’oligarques et de riches propriétaires. L’Église catholique connaît alors un mouvement qui ébranle son conservatisme d’alors, dans le sillage de Vatican II et la réforme de l’Église catholique (1962-1965) avec des prêtres, des religieux et religieuses et certains évêques qui s’interrogent : comment être chrétien sans agir dans le sens de l’Évangile, sans engagement auprès des plus pauvres, dans l’action ?

Dans les années 1960 en Amérique latine, les populations pauvres et marginalisées s’élèvent contre l’accaparement des richesses et des terres par une petite frange d’oligarques et de riches propriétaires. L’Église catholique connaît alors un mouvement qui ébranle son conservatisme d’alors, dans le sillage de Vatican II et la réforme de l’Église catholique (1962-1965) avec des prêtres, des religieux et religieuses et certains évêques qui s’interrogent : comment être chrétien sans agir dans le sens de l’Évangile, sans engagement auprès des plus pauvres, dans l’action ? C’est ainsi que nait la théologie de la libération, à la faveur de ces hommes d’église engagés auprès des populations les plus démunies et exploitées.
« L’Évangile de la Révolution », le film de François-Xavier Drouet (produit par L’Atelier Documentaire) sorti en salles le 3 septembre 2025, revient sur ce mouvement social au cœur de l’Église catholique qui s’est répandu en Amérique latine pendant plusieurs décennies jusque dans les années 1990.
Ce mouvement est né dans le contexte de la Guerre Froide, après la Révolution cubaine de 1959 et dans le sillage de Vatican II. Il relie la justice sociale à l’Évangile, pour redonner dignité et espoir aux populations plongées dans la pauvreté et la misère dans laquelle les régimes militaires, les oligarques et puissants propriétaires terriens les maintenaient. Il marquera son empreinte dans la lutte contre les dictatures et le retour à la démocratie.
La théologie de la libération sera combattue sur tout le continent, avec plus de 200 prêtres et des milliers de laïcs assassinés – dont l’archevêque Mgr Oscar Romero au Salvador - , une théologie au service des pauvres condamnée par les États-Unis, mais aussi par les papes Jean-Paul II et Benoit XVI – Mgr Ratzinger qui fut depuis 1981 et pendant 23 ans Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi - qui la considèreront comme un danger de l’immixtion du marxisme et du communisme dans l’Église catholique. Elle sera cependant réhabilitée en 2019 par le pape François, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio et son successeur l’Américano-Péruvien Robert Francis Prevost, le pape Léon XIV élu en mai 2025 a placé la doctrine sociale de l’Église et la paix au cœur de son pontificat.

Ce documentaire met un coup de projecteur sur quatre situations d’Amérique latine où la religion catholique fortement ancrée dans la société a voulu œuvrer à l’émancipation du peuple, ravagé par les inégalités, la misère et l’oppression : Salvador, Brésil, Nicaragua, Mexique. Un regard à travers des images d’archives et des témoignages de celles et ceux qui en ont été des acteurs, au sein des communautés ecclésiales de base et des mouvements révolutionnaires.
Que reste-t-il aujourd’hui de la théologie de la libération ? Un héritage vivant de ce « choix pour les pauvres », nous dit le réalisateur François-Xavier Drouet. Face aux inégalités criantes encore aujourd’hui, l’évangile des pauvres serait un point de non-retour pour l’Église, espère pour sa part Etienne Grieu, prêtre jésuite et théologien, professeur aux Facultés Loyola à Paris, qui interviendra à la fin de cette émission.
Invités :
François-Xavier Drouet, réalisateur de « L’Évangile de la Révolution » (2024 – sortie en salles le 3/09/2025 en France), « Le temps des forêts » (2018), « Des bois noirs » (2017), « La chasse au Snark » (2013), « Au nom du coach » (2012), « L’initiation » (2008)…
Etienne Grieu, prêtre jésuite, théologien, professeur aux Facultés Loyola à Paris, qui a travaillé pendant plus de 20 ans sur la théologie de la libération, auteur de « Le Dieu qui ne compte pas. À l’écoute des boiteux et des humiliés » (Éd Salvator 2023), « Les jésuites et les pauvres- XVIe-XXIe siècles » (Éd. Lessius) ; « À l’école du plus pauvre. Le projet théologique de Joseph Wresinski » (avec Laure Blanchon et Jean-Claude Caillaux) (Éd. Lumen Vitae 2019) ; « 50 ans après la Conférence de Medellín, une Église pauvre pour les pauvres ? » (avec Pierre Sauvage) (Éd. Médiasèvres 2018 – journées d’études).
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