Afrique du Sud: la floraison précoce des jacarandas, un indicateur visible du dérèglement climatique [7/7]
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Chaque année, lors du printemps austral, les rues de Pretoria et de Johannesburg sont tapissées de fleurs violettes, suite à la floraison des jacarandas. Ces flamboyants bleus, originaire d’Amérique latine, ont été introduits en Afrique du Sud au XIXe siècle. Et à l’image d’autres arbres emblématiques du monde, comme les cerisiers du Japon, la floraison de plus en plus précoce de ces jacarandas est un indicateur bien visible du dérèglement climatique, et de ses effets sur la nature.
De notre correspondante à Johannesburg,
Sipho s’est installé avec son ami sur un banc de l’université du Witwatersrand, pour faire une pause dans ses révisions. Des fleurs violettes voltigent dans l’air, après s’être détachées d’un majestueux jacaranda en haut de l’allée.
« C’est vraiment très beau, ça ajoute beaucoup à l’esthétique de la ville. Mais entre nous, on sait que lorsque ces arbres se couvrent de violet, c’est qu’il est temps de se mettre à étudier, car ça veut dire que les examens sont proches, et qu’il n’y a plus beaucoup de temps pour se préparer », dit le jeune homme.
Une floraison plus précoce constatée
Mais pour Jennifer Fitchett, l’apparition des fleurs violettes permet de repérer autre chose. Cette professeure de géographie physique a étudié la floraison des jacarandas depuis près d’un siècle. Et s’ils commençaient, à l’époque, à fleurir à partir de mi-novembre, ils sont désormais bien plus précoces.
« Quand la saison se termine, on peut voir les feuilles commencer à apparaître. Sur cet arbre-là, au-dessus de nous, on voit déjà des feuilles et des fleurs qui se mettent lentement à tomber. C’est donc la fin de la saison, ça a été une saison courte pour les jacarandas », constate la professeure.
L’étude menée par Jennifer Fitchett permet de démontrer le dérèglement climatique de façon très concrète.
C’est un exemple, parmi des milliers, de ce qu’on appelle un changement phénologique. Toutes les plantes et les animaux connaissent des événements biologiques récurrents chaque année, qui sont très sensibles aux changements climatiques. Ce sont donc parmi les meilleurs indicateurs du changement climatique. Par exemple, on voit la même chose se produire au niveau des pommiers et des poiriers, au sud-ouest du Cap. Et c’est une des façons de montrer que le printemps arrive de plus en plus tôt dans l’année.
« L'Afrique australe se réchauffe deux fois plus vite par rapport au niveau mondial »
Une illustration du fait que l’Afrique du Sud et sa région se réchauffent même plus vite que le reste du monde, selon le climatologue François Engelbrecht. « Si l’on regarde la tendance des températures de ces 50 dernières années, on observe que l’Afrique australe se réchauffe deux fois plus vite par rapport au niveau mondial », souligne-t-il, puis d'ajouter : « Et il y a en même temps une tendance à la baisse des précipitations au niveau de la région. Donc, selon les projections, si le monde se réchauffe de 2 degrés, l’Afrique australe se sera réchauffée de 3 à 4 degrés Celsius. »
Suite à la COP26, l’Afrique du Sud va bénéficier de plus de 7 milliards d’euros d’aides des pays occidentaux pour enclencher sa transition énergétique et lutter contre le changement climatique.
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