Reportage Afrique

Sénégal: la maison des accompagnants à l'hôpital Fann de Dakar

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Les « accompagnants » font partie intégrante du parcours de soins. Mais au Sénégal comme dans de nombreux pays, ils jouent leur rôle dans des conditions difficiles, sans espace réservé dans les structures hospitalières. À Dakar, une « maison des accompagnants » a été inaugurée le 7 décembre au service neurologie de l’hôpital Fann. Une structure unique en son genre dans le pays, qui va soulager les proches des patients.

La maison des accompagnants de l'hôpital Fann de Dakar accueillera les premières personnes au tout début du mois de janvier 2022.
La maison des accompagnants de l'hôpital Fann de Dakar accueillera les premières personnes au tout début du mois de janvier 2022. © RFI/Charlotte Idrac
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De notre correspondante à Dakar,

Devant le service neurologie de l’hôpital Fann, des femmes font la cuisine sur de petits réchauds. Certains sont assis sur des bancs, d’autres se reposent sur des nattes. Abdoul Khadre Souaré a quitté sa commune de Tivaouane Peulh, à une trentaine de kilomètres, pour accompagner sa nièce de 16 ans hospitalisée depuis deux semaines.

« C’est très très difficile, parce que depuis que je suis venu ici avec ma sœur, je passe la nuit dehors, je ne peux pas dormir. J’ai laissé ma famille à Tivaouane Peulh. On est fatigué », explique-t-il.

Ici, les patients viennent de toutes les régions du pays, mais aussi de l’étranger. Samba Sall est originaire de Guinée équatoriale. À son arrivée, il a loué une chambre à Dakar. Mais c’est rapidement devenu trop cher. « Je n’ai plus d’argent. Les médicaments, les analyses... C’est trop. Je suis resté toute la nuit à marcher dans cet hôpital, on n’arrive même pas à se laver comme on veut », dit Samba Sall.

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Une réponse à un besoin quotidien

Accompagner un malade, c’est la « double peine », explique le professeur Amadou Gallo Diop, chef du service neurologie à l’hôpital Fann. Le projet de « maison des accompagnants » répond donc à un besoin quotidien.

Vous ne verrez jamais un Africain, voire un Sénégalais, être hospitalisé et y aller seul. Il y a au moins toujours un membre de la famille ou plusieurs qui va lui préparer des plats, laver son linge, et qui vit à l’hôpital. Et comme rien n’est prévu pour lui, il va trouver le coin le plus bizarre, n’importe où dans l’hôpital, dans des conditions absolument comparables à des sans domicile fixe.

Contribution financière symbolique pour les accompagnants

Financée par la fondation de l’opérateur téléphonique Sonatel à hauteur de 200 millions de francs CFA, environ 300 000 euros, la maison des accompagnants comprend 8 chambres, 32 lits au total, une cuisine, une buanderie, une mosquée et une chapelle…

« Ça profitera à tout le monde, et aussi à l’équipe qui prend en charge les patients, parce que souvent, c’était source de conflits. Il fallait toujours demander de sortir pour respecter l’intimité du patient et pouvoir faire des soins », explique Djimby Aw, infirmière-major au service de neurologie.

La maison accueillera les premiers accompagnants dans les tout prochains jours, au début du mois de janvier. La priorité sera donnée aux personnes venant de loin, pour des durées d’une semaine à plusieurs mois, en échange d’une contribution financière symbolique. 

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