Reportage Afrique

Redditions de masse au Nigeria: Moussa, ancien combattant de Shekau [2/3]

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Depuis la mort du chef historique de Boko Haram Abubakar Shekau en mai 2021, 20 000 personnes se sont rendues aux autorités nigérianes, dont environ 1 200 combattants et commandants jihadistes. C'est la plus grande vague de défections enregistrée depuis 2009. Moussa fait partie de ces anciens combattants du JAS (la mouvance dirigée par Abubakar Shekau) à avoir déposé les armes récemment.

Moussa est un ancien combattant du JAS qui a récemment déposé les armes.
Moussa est un ancien combattant du JAS qui a récemment déposé les armes. © Liza Fabbian / RFI
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Moussa a pris les armes après l'invasion de son village par Boko Haram, en 2014, pour « continuer à nourrir sa famille » et échapper à une exécution. Après trois mois d'entraînement, il devient un combattant actif du JAS, sous les ordres des commandants d'Abubakar Shekau : « Au départ, nous ne nous attaquions qu'aux militaires, puis nous avons dû tuer des civils, car ils donnaient des informations sur nos camps à l'armée nigériane. »

Au mois de mai, de violents combats éclatent à l'intérieur de la forêt de la Sambisa, entre factions jihadistes rivales. Le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest, l'Iswap, finit par prendre le dessus et pousse Abubakar Shekau à se donner la mort.

« Ils nous ont pourchassés sans relâche, jusqu'à ce qu'on manque d'eau et de nourriture, c'était infernal. C'est pour ça que j'ai décidé de partir, même si ça devait me coûter la vie. C'est pour ça que je me suis rendu. Shekau, lui, était bon avec tout le monde et il traitait ses hommes comme s'ils étaient ses enfants. » Même s'il ne cache pas une certaine admiration pour Abubakar Shekau, Moussa affirme qu'il voulait changer de vie depuis longtemps.

Un séjour dans un camp de réhabilitation

Après s'être rendu à l'armée nigériane, il est transféré dans l'un des trois camps de transit ouverts en urgence, en plein cœur de Maiduguri, pour accueillir les repentis. « Nous avons fini par croiser des militaires, qui nous ont tiré dessus. Puis ils nous ont emmenés dans un camp de réhabilitation, à Maiduguri, ils ont commencé à chercher des membres de notre famille pour que nous puissions les rejoindre et nous avons progressivement été mis en contact avec eux. Nous avons aussi dû jurer sur le Coran que nous renoncions à notre idéologie jihadiste, ce que nous avons accepté. »

Le dispositif mis en place ces derniers mois semble imparfait et pose question en termes de sécurité. Mais les moyens manquent pour assurer la réhabilitation de ces jihadistes repentis, puisque l'opération Safe Corridor, gérée par l'armée nigériane depuis 2016, est déjà au maximum de ses capacités.

À écouter aussi : Redditions de masse au Nigeria: les rescapées de Boko Haram [1/3]

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