Kenya: dans le Turkana, l'impact de la sécheresse sur le bétail [1/5]
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Le Kenya fait face à une importante sécheresse. Sa surface est composée à plus de deux tiers de terres arides ou semi-arides… un territoire où les trois dernières saisons des pluies n’ont pas été au rendez-vous ; au point que le gouvernement a déclaré en septembre dernier l’état de catastrophe naturelle. Manque d’eau, moins de pâturage, ces conditions climatiques ont un impact direct sur le bétail.

De notre envoyée spéciale à Nachuro,
Dans ce village du Turkana, les habitants n’ont pas vu de bonne saison des pluies depuis 2020. Un manque d’eau qui affecte les pâturages et donc le bétail. Venues se retrouver pour discuter, les femmes s’en désespèrent. « Quand la sécheresse sévit, on est impuissantes, c’est impossible de la combattre », déplore l’une. « On est comme ça, comme aujourd’hui, on se rassemble, on s’assoit, et on se regarde dans le blanc des yeux », dit l’autre.
Les nombreuses peaux de bêtes sur lesquelles elles sont assises reflètent bien cette situation. Logilae Lokapel Abei ne cache pas son inquiétude. « En ce moment il n’y a plus rien. C’est tellement sec, les animaux n’ont rien à manger. Tout le bétail est mort, les chèvres, les vaches, les chameaux… Je me rappelle, à un moment l’année dernière, ça sentait mauvais, il y avait des carcasses partout. »
Elle avait plus de 150 animaux en 2020. Il ne lui en reste aujourd’hui plus que cinq. « J’ai bien essayé de les emmener plus dans les hauteurs, sur la colline. Mais même là-bas, les conditions étaient difficiles. On a aussi dû faire face à une invasion de tiques. Et les animaux étaient tellement faibles qu’on devait les pousser pour qu’ils avancent. »
Troisième sécheresse en 10 ans au Kenya
Plus loin, Abraham Erukon mâche son tabac. Assis sur son tabouret en bois. Il fait partie des plus anciens du village. Et a vu le paysage évoluer au fil des années. « Les conditions sont plus difficiles de nos jours, les sécheresses n’étaient pas aussi sévères quand j’étais jeune. Tout était plus vert. Il y avait même des fruits qui poussaient aux arbres. Maintenant on ne trouve plus ces fruits, car les sécheresses sont trop fréquentes. »
C’est la troisième sécheresse en l’espace de dix ans au Kenya. Dans ce village, tous espèrent voir arriver une meilleure saison des pluies. Mais Abraham Erukon a peu d’espoir. « Les terres sont si sèches ici, que même si on recevait de bonnes pluies, ça ne serait pas assez pour permettre à la végétation de revenir à ce qu’elle était avant. »
Autre signe de ces changements selon le vieil homme : les enclos pour animaux étaient auparavant trop petits. Désormais, les familles y gardent leur bétail en commun.
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