Soudan du Sud: Gathiang Kuol Chan, la voix d’Old Fangak [4/4]
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Au Soudan du Sud, la musique et la poésie sont aussi au rendez-vous. À Old Fangak, Gathiang Kuol Chan est un artiste inspiré. Devenu aveugle à l’âge de 3 mois, il a aujourd’hui 29 ans et aimerait pouvoir faire connaître sa musique au-delà de sa ville natale, pour faire résonner les messages de paix qu’elle véhicule.

De notre envoyée spéciale à Old Fangak,
Il a bravé la pluie et les rues boueuses d’Old Fangak, accompagné par son frère, pour venir nous rencontrer. Assis sous un porche près de la place centrale de la ville, sa musique attire vite une petite foule.
Chez Gathiang Kuol Chan, la musique est un don. Il dit s’y être mis « naturellement » :« J’ai un talent inné pour la musique, qui a grandi avec moi. Je devais avoir 2 ou 3 ans, je venais de commencer à parler, quand j’ai inventé ma première mélodie. Je me suis mis à la fredonner… Et d’autres enfants l’ont reprise, je leur ai montré comment répondre. J’ai grandi comme ça, jusqu’à ce que je parvienne à fabriquer cet instrument et à créer des chansons ayant du sens. Je compose mes chansons en rêve, pendant la nuit, et le lendemain, je commence à les chanter. »
Son instrument ressemble à un banjo ou à une lyre métallique à cinq cordes : c’est un Tanbur, un instrument traditionnel soudanais, fabriqué à partir de pièces de métal soudées.
Ses compositions véhiculent des messages à caractère social, comme celle-ci qu’il se met à chanter. « Cette chanson parle de l’importance de la scolarisation des filles. Je l’ai composée parce que je pense que mettre les petites filles à l’école est une bonne chose dans cette société. Cela va nous permettre de devenir un meilleur peuple, un meilleur pays, une meilleure nation. »
Old Fangak est l’un de ces endroits très reculés du Soudan du Sud, sans réseau téléphonique ni internet. Difficile pour les artistes locaux de se faire connaître dans de telles conditions.
« C’est très difficile d’être musicien à Old Fangak. Nous n’avons pas de studio pour travailler. Nous faisons ce que nous pouvons, nous jouons là où nous sommes, au moins les gens viennent écouter. C’est déjà ça, assure le chanteur. Notre plus gros problème, c'est que nous n’avons aucun moyen d’enregistrer nos chansons. Les miennes transmettent toujours des messages de paix, parce que c’est ce que je souhaite le plus pour ce pays. »
Seuls les habitants d’Old Fangak ont la chance de pouvoir écouter sa musique. En attendant de pouvoir élargir son audience, Gathiang Kuol Chan se produit sur les marchés ou lors des célébrations qui rythment la vie de cette petite ville coupée du monde.
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