Élections au Kenya: Meru, le secteur agricole en difficulté [2/5]
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Le 9 août prochain, les Kényans sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Comment abordent-ils cette échéance ? Qu’attendent-ils du prochain gouvernement ? Dans la région du Mont Kenya, William Ruto et Raila Odinga multiplient les meetings politiques, entre autres pour charmer les agriculteurs. Le secteur comptait en 2021 pour 22,4% du PIB kényan, selon le Bureau national des statistiques. Dans cette région, il domine l’économie.

De notre envoyée spéciale à Meru,
Dans leur enclos, les vaches attendent d’être nourries. James Kinuya s’occupe d’elles avec tendresse. Ce producteur laitier décrit toutefois un métier difficile, car de moins en moins rentable. « Les problèmes s’accumulent. Le prix de la nourriture pour les vaches a augmenté. Un sac de 70 kilos coûte environ 25 euros aujourd’hui contre 20 l’année dernière, déplore-t-il. Puis, il y a des pénuries de compléments alimentaires, comme les graines de tournesol, alors qu’ils sont essentiels pour que la vache produise plus de lait. » À Meru, où se situe son exploitation, les agriculteurs subissent les conséquences de la crise économique. Les prix des engrais notamment ont plus que doublé en un an.
Quelques kilomètres plus loin, des productrices de café se sont unies au sein d’une coopérative. C’est leur réunion mensuelle. Chacune paie sa cotisation puis peut emprunter selon ses besoins. À 73 ans, Martha Mburuju est une des plus anciennes. « Ces prêts peuvent nous servir à payer de la main d'œuvre pour la ferme ou acheter des engrais, explique-t-elle. Cette coopérative nous permet de relever les défis ensemble. C’est une manière de compenser les manquements du gouvernement. »
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Toutes s’inquiètent d’une baisse du prix du café. Elles vendaient le kilo de grains à 67 centimes d’euros, il est passé à 58. Ces agricultrices manquent aussi de capital financier pour développer leur activité. « J’aimerais bien que le gouvernement nous considère un peu plus et fasse quelque chose pour nous. S'il y avait plus d’argent injecté de leur part dans le café, nous pourrions être plus productifs et plus développés », estime Martha Mburuju.
Les deux principaux candidats, William Ruto et Raila Odinga multiplient les promesses de soutiens financiers pour le secteur agricole. Eric Munene, agronome au sein d’un syndicat de producteurs de café à Meru, ne cache pas son scepticisme : « Le gouvernement a déjà fourni des engrais à des prix subventionnés. Quelques agriculteurs en ont bénéficié, mais d’autres n’en ont pas vu pas la couleur. On entend depuis Nairobi : “tant d’argent a été investi”, mais sur le terrain, on en a reçu très peu. Or, si ces agriculteurs ne mettent pas d’engrais ou d’insecticides à temps, la production baisse et par conséquent, ils s’appauvrissent. Ces plaintes, on les retrouve aussi bien chez les producteurs de canne à sucre, que les producteurs de bananes ou les producteurs de pommes de terre. »
À ces défis s’ajoutent une flambée du coût de la vie. Des enjeux économiques qui dominent les préoccupations de ces agriculteurs, à quelques jours des élections.
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