Reportage Afrique

Le Lesotho, un réservoir d’eau pour l’Afrique du Sud

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L'une des plus grandes richesses du Lesotho, ce sont ses réserves d'eau. Ce petit pays enclavé en Afrique du Sud tire la majeure partie de ses revenus du détournement de son eau vers le voisin sud-africain. Ce partenariat remonte à 1986, quand Sud-Africains et Lesothiens ont convenu de la construction d'infrastructures gigantesques pour assurer la distribution de l'eau, qui permet aussi la production d'électricité. Un projet indispensable aux deux pays.

Une vue du barrage de Katse, au Lesotho, en 2016. Il ne fournit d'eau qu'à l'Afrique du Sud (Image d'illustration).
Une vue du barrage de Katse, au Lesotho, en 2016. Il ne fournit d'eau qu'à l'Afrique du Sud (Image d'illustration). AFP - JOHN WESSELS
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De notre correspondant à Maseru

C'est l'immeuble le plus haut du centre-ville de la capitale Maseru et il appartient à l'autorité de développement des hauts plateaux du Lesotho (LHDA), l'organisme qui s'occupe du captage des eaux, de leur retenue et de leur transfert jusqu'à la frontière avec l'Afrique du Sud. Ce projet pharaonique dépend de la bonne relation entre les deux pays, explique Masilo Phakoe, son porte-parole :

« C'est l'un des plus beaux exemples où deux pays travaillent ensemble pour exploiter une ressource naturelle de manière pacifique et de façon à bénéficier au développement économique des deux pays. De nombreux pays du monde sont venus dans la région et au Lesotho en particulier pour apprendre comment on fait. »

Depuis le lancement du projet en 1986, le Lesotho a perçu 757 millions d'euros de royalties pour le transfert des eaux vers l'Afrique du Sud. Certains pensent que Pretoria ne paie pas assez cher ce service indispensable. La province du Gauteng, qui comprend Johannesburg et Pretoria, est directement alimentée par les eaux des barrages du Lesotho, pays montagneux qui s'élève à plus de 3 000 mètres d'altitude. Ce fut d'ailleurs l'un des thèmes des élections générales qui se sont tenues le 7 octobre pour renouveler l'Assemblée nationale.

► À lire aussi : Élections législatives au Lesotho, pays pauvre, violent et politiquement fragmenté

« Tous les partis promettaient de changer les choses, pour percevoir plus de royalties. Ils parlent de revoir les traités. Ils pensent que l'Afrique du Sud est trop puissante. Mais il faut sans cesse rappeler que ce n'est pas vrai. Si vous regardez le traité, les deux parties ont le même poids dans les négociations », explique Masilo Phakoe.

Le Lesotho abîme son paysage

Certes, l'Afrique du Sud verse des millions d'euros au Lesotho. Mais c'est le petit royaume qui abîme profondément son propre paysage. Ce sont ses populations qui sont déplacées. Pour Oscar Mwangi, professeur en sciences politiques à l'université nationale du Lesotho et auteur de plusieurs articles sur ce sujet, le transfert des eaux se fait au détriment des populations locales.

« Des pâturages et les terres arables sont sacrifiés pour la construction de ce projet. Et le Lesotho est un petit pays. Ce serait malheureux que cela provoque de l'insécurité alimentaire, s'inquiète le professeur. Je pense que c'était un bon projet, à condition qu'il soit bien géré et que les populations obtiennent ce qu'elles méritent. »

Le projet est en cours d'extension, avec la construction d'un nouveau barrage. Il permettra à l'Afrique du Sud de sécuriser son accès en eau et au Lesotho de produire plus d'électricité. La phase 2 devrait être achevée en 2027, soit avec sept ans de retard.

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